[8,0] ΛΟΓΟΣ Ηʹ.
1 Ἦμος δ´ ἠελίοιο φάος περικίδναται αἶαν
2 ἐκ περάτων ἀνιόντος, ὅθι σπέος Ἠριγενείης,
3 δὴ τότε που Τρῶες καὶ Ἀχαιῶν ὄβριμοι υἷες
4 θωρήσσονθ´ ἑκάτερθεν ἐπειγόμενοι ποτὶ δῆριν.
5 Τοὺς μὲν γὰρ πάις ἐσθλὸς Ἀχιλλέος ὀτρύνεσκεν
6 ἀντιάαν Τρώεσσιν ἀταρβέα θυμὸν ἔχοντας,
7 τοὺς δ´ ἄρα Τηλεφίδαο μέγα σθένος· ἦ γὰρ ἐώλπει
8 τεῖχος μὲν χαμάδις βαλέειν νῆάς τ´ ἀμαθύνειν
9 ἐν πυρὶ λευγαλέῳ, λαοὺς δ´ ὑπὸ χερσὶ δαΐξαι·
10 ἀλλά οἱ ἐλπωρὴ μὲν ἔην ἐναλίγκιος αὔρῃ
11 μαψιδίῃ· Κῆρες δὲ μάλα σχεδὸν ἑστηυῖαι
12 πολλὸν καγχαλάασκον ἐτώσια μητιόωντι.
13 Καὶ τότε Μυρμιδόνεσσιν Ἀχιλλέος ἄτρομος υἱὸς
14 θαρσαλέον φάτο μῦθον ἐποτρύνων πονέεσθαι·
15 «Κέκλυτέ μευ, θεράποντες, ἀρήιον ἐν φρεσὶ θυμὸν
16 θέντες, ἵν´ Ἀργείοισιν ἄκος πολέμου ἀλεγεινοῦ,
17 δυσμενέεσσι δὲ πῆμα γενώμεθα· μηδέ τις ἡμέων
18 ταρβείτω· κρατερὴ γὰρ ἄδην ἐκ θάρσεος ἀλκὴ
19 γίνεται ἀνθρώποισι, δέος δὲ βίην ἀμαθύνει
20 καὶ νόον. Ἀλλ´ ἄγε πάντες ἐς Ἄρεα καρτύνασθε,
21 ὄφρα μὴ ἀμπνεύσῃ Τρώων στρατός, ἀλλ´ Ἀχιλῆα
22 φαίη ἔτι ζώοντα μετέμμεναι Ἀργείοισιν.»
23 Ὣς εἰπὼν ὤμοισι πατρώια δύσετο τεύχη
24 πάντοθε μαρμαίροντα· Θέτις δ´ ἠγάλλετο θυμῷ
25 ἐξ ἁλὸς εἰσορόωσα μέγα σθένος υἱωνοῖο.
26 Καί ῥα θοῶς οἴμησε πρὸ τείχεος αἰπεινοῖο
27 ἐμβεβαὼς ἵπποισιν ἑοῦ πατρὸς ἀθανάτοισιν.
28 Οἷος δ´ ἐκ περάτων ἀναφαίνεται Ὠκεανοῖο
29 Ἠέλιος θηητὸν ἐπὶ χθόνα πῦρ ἀμαρύσσων,
30 πῦρ, ὅτε οἱ πώλοισι καὶ ἅρμασι συμφέρετ´ ἀστὴρ
31 Σείριος ὅς τε βροτοῖσι φέρει πολυκηδέα νοῦσον·
32 τοῖος ἐπὶ Τρώων στρατὸν ἤιεν ὄβριμος ἥρως,
33 υἱὸς Ἀχιλλῆος. Φόρεον δέ μιν ἄμβροτοι ἵπποι
34 τούς οἱ ἐελδομένῳ νηῶν ἄπο λαὸν ἐλάσσαι
35 ὤπασεν Αὐτομέδων· ὃς γάρ σφεας ἡνιόχευεν.
36 Ἵπποι δ´ αὖτ´ ἐχάρησαν ἑὸν φορέοντες ἄνακτα
37 εἴκελον Αἰακίδῃ· τῶν δ´ ἄφθιτον ἦτορ ἐώλπει
38 ἔμμεναι ἀνέρα κεῖνον Ἀχιλλέος οὔ τι χερείω.
39 Ὣς δὲ καὶ Ἀργεῖοι μέγα καγχαλόωντες ἄγερθεν
40 ἀμφὶ Νεοπτολέμοιο βίην ἄμοτον μεμαῶτες,
41 λευγαλέοις σφήκεσσιν ἐοικότες, οὕς τε κλονήσῃ
41 ---
42 χηραμοῦ ἐκποτέονται ἐελδόμενοι χρόα θεῖναι
43 ἀνδρόμεον, πάντες δὲ περὶ σθένος ὁρμαίνοντες
44 τεύχουσιν μέγα πῆμα παρεσσυμένοισι βροτοῖσιν·
45 ὣς οἵ γ´ ἐκ νηῶν καὶ τείχεος ἐξεχέοντο
46 μαιμώωντες Ἄρηι. Πολὺς δ´ ἐστείνετο χῶρος·
47 πᾶν πεδίον δ´ ἀπάνευθεν ἐλάμπετο τεύχεσι φωτῶν,
48 ἠελίου καθύπερθεν ὑπ´ ἠέρι μαρμαίροντος.
49 Οἷον δὲ νέφος εἶσι δι´ ἠέρος ἀπλήτοιο
| [8,0] La fin de l'Iliade - Chant VIII - Combats autour des vaisseaux (suite).
Le Soleil, quittant les régions qu'habite l'Aurore, répandait ses rayons
sur la terre ; les Troyens et les Achéens illustres s'animaient des deux
côtés pour continuer la lutte. Le fils vaillant d'Achille exhortait les
uns à braver les Troyens, et à rappeler leur antique courage ; le fils
belliqueux de Télèphe excitait les autres, dans l'espoir de renverser la
muraille et de détruire les vaisseaux. Mais son espoir était semblable au
souffle passager des vents, et les Parques déjà l'entouraient, en riant de
ses vains projets. Alors l'intrépide fils d'Achille, s'adressant aux
Myrmidons, leur tint ce discours belliqueux pour les exciter au combat :
15 «Ecoutez-moi, serviteurs, et prenez courage afin d'apporter aux Argiens un
remède salutaire contre cette guerre funeste et aux ennemis un mal
irréparable. Que personne de vous n'ait peur ; la force naît de la
confiance ; la crainte anéantit la force et l'esprit : Allons, réunissons
tous nos efforts pour combattre ; ne laissons pas respirer les Troyens, et
que chacun d'eux pense qu'Achille est encore vivant au milieu des Argiens».
23 Ayant ainsi parlé, il revêt les armes brillantes de son père. Et Thétis
bondissait de joie en contemplant du fond de la mer la vaillance de son
petit-fils. Celui-ci bientôt s'élança hors des murs élevés, sur un char
traîné par les chevaux immortels de son père. Tel aux confins de l'Océan
paraît le Soleil qui de ses rayons éblouissants couvre la terre, lorsque
ses chevaux et son char rencontrent Sirius, astre fatal aux hommes, tel le
fils d'Achille, traîné par ses chevaux immortels que lui avait amenés
Automédon, s'élançait contre les Troyens afin de les repousser loin des
vaisseaux ; Automédon les conduisait, et ils se réjouissaient de porter
encore un maître semblable au petit-fils d'Eacos ; leur âme immortelle
était remplie de l'espoir qu'il ne serait pas au-dessous d'Achille. 39 Les
autres Argiens avec une grande joie se pressaient autour du vaillant
Néoptolème, avides de combats, semblables à des abeilles irritées qui,
avec un grand bruit, quittent leur ruche pour attaquer les hommes, et
toutes, pressées dans un étroit espace, infligent des souffrances cruelles
à ceux qui passent auprès d'elles ; ainsi les Argiens s'élançaient de
leurs navires et de leurs remparts, pleins de l'ardeur des batailles ;
l'espace était étroit pour leur nombre ; et la vaste plaine brillait de
l'éclat des armes, sous les rayons étincelants du soleil. Ainsi passe dans
l'air immense un nuage poussé par les souffles violents de Borée, au
moment où s'annoncent la neige et les tempêtes cruelles, au moment où les
ténèbres envahissent le ciel ; ainsi la terre était couverte des guerriers
des deux nations rassemblés près des navires; la poussière soulevée
montait jusqu'au vaste ciel, les armes et les chars se heurtaient, les
chevaux courant au combat hennissaient, une ardeur meurtrière excitait les
guerriers aux combats douloureux. Ainsi deux vents opposés agitent les
flots immenses,
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