[1,6] οἷς δὲ οὐκ ἔστι τὸ δικαιοπραγεῖν πρὸς ἡμᾶς,
οὐδὲ ἡμῖν πρὸς ἐκεῖνα γίνεται τὸ ἀδικεῖν. ὡς οἵ γε τοῦτον προέμενοι τὸν λόγον
οὔτε εὐρεῖαν ἄλλην οὔτε λεπτὴν τῇ δικαιοσύνῃ παρεισελθεῖν ὁδὸν ἀπολελοίπασιν.
ὃ γὰρ ἤδη εἰρήκαμεν, τὴν φύσιν αὐτάρκη μὲν οὐκ οὖσαν, ἀλλ´ ἐνδεῆ
πολλῶν, εἰργομένην δὲ τῆς ἀπὸ τῶν ζῴων βοηθείας ἄρδην ἀναιρεῖν καὶ κατακλείειν
εἰς τὸν ἄπορον καὶ ἀνόργανον καὶ ἀκτήμονα τῶν ἀναγκαίων βίον. φασὶ
δὲ οὐκ εὐτυχῶς διαβιῶναι τοὺς πρώτους γενομένους· οὐδὲ γὰρ ἐπὶ τῶν ζῴων
ἵστασθαι τὴν δεισιδαιμονίαν, ἀλλὰ καὶ ἐπὶ τὰ φυτὰ βιάζεσθαι. τί γὰρ μᾶλλον ὁ
βοῦν ἀποσφάττων καὶ πρόβατον ἀδικεῖ τοῦ κόπτοντος ἐλάτην ἢ δρῦν; εἴ γε καὶ
τούτοις ἐμφύεται ψυχὴ κατὰ τὴν μεταμόρφωσιν. τῶν μὲν οὖν ἀπὸ τῆς στοᾶς καὶ
τοῦ περιπάτου τὰ κυριώτατα ταῦτα.
| [1,6] Or nous ne pouvons pas commettre d'injustice avec ceux qui ne peuvent
pas observer avec nous les règles de la justice. C'est un principe que
l'on ne peut contester dans la morale. Les hommes ne pouvant pas se
suffire à eux-mêmes, comme nous le disions, et ayant besoin de beaucoup de
choses, ce serait les détruire, les réduire à l'état du monde le plus
malheureux et leur ôter les instruments dont ils ont besoin pour les
nécessités de la vie que de les priver du recours qu'ils peuvent tirer des
animaux. Les premiers hommes n'étaient pas aussi heureux qu'on se
l'imagine car la superstition qui empêche de toucher aux animaux, devait
aussi donner de la répugnance pour couper les arbres et les plantes, y
ayant autant de mal à abattre un sapin ou un chêne, qu'a égorger un bœuf
ou un mouton, si les arbres et les plantes sont animés, comme le croient
ceux qui enseignent la métempsycose. Ce sont là les principaux arguments
employés par les Stoïciens et par les Péripatéticiens.
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