| [1,5] ἀφίημι γὰρ Νομάδων καὶ Τρωγλοδυτῶν ἀνεξευρέτους ἀριθμῷ 
μυριάδας, οἳ τροφὴν σάρκας, ἄλλο δὲ οὐδὲν ἴσασιν· ἀλλὰ καὶ ἡμῖν τοῖς ἡμέρως 
καὶ φιλανθρώπως ζῆν δοκοῦσιν ποῖον ἔργον ἀπολείπεται γῆς, ποῖον ἐν θαλάττῃ, 
τίς ἐναργὴς τέχνη, τίς κόσμος διαίτης, ἂν ὡς πρὸς ὁμόφυλα τὰ ζῷα διακεώμεθα 
ἀβλαβῶς καὶ μετ´ εὐλαβείας αὐτοῖς προσφερώμεθα; εἰπεῖν γὰρ ἔργον οὐδέν 
οὐδὲ φάρμακον οὐδὲ ἴαμα τῆς ἢ τὸν βίον ἀναιρούσης ἀπορίας ἢ τὴν δικαιοσύνην 
ἔχομεν, ἂν μὴ τὸν ἀρχαῖον νόμον καὶ ὅρον φυλάττωμεν, ᾧ καθ´ Ἡσίοδον ὁ Ζεὺς 
τὰς φύσεις διελὼν καὶ θέμενος ἰδίᾳ τῶν γενῶν ἑκάτερον ἰχθύσι μὲν καὶ θηρσὶ καὶ 
οἰωνοῖς πετεηνοῖς ἔσθειν ἀλλήλους, ἐπεὶ οὐ δίκη ἐστὶ μετ´ αὐτῶν, ἀνθρώποισι δ´ 
ἔδωκε δίκην  πρὸς ἀλλήλους.  
 | [1,5] Il n'est pas question ici des Nomades et des Troglodytes, qui ne 
connaissent d'autre nourriture que la viande : mais il s'agit de ceux qui 
se proposent de remplir les devoirs de l'humanité. Quel ouvrage pourrions 
nous lire, quel art pourrions-nous exercer, quelle commodité pourrions-nous 
nous procurer, si nous regardions les animaux comme étant de même nature 
que nous et si, craignant de leur faire aucun tort, nous les traitions 
avec tous les ménagements possibles ? Il est vrai de dire qu'il nous 
serait impossible de prévenir les misères qui nous rendraient la vie 
malheureuse, si nous nous croyons obligés de pratiquer les lois de la 
justice avec les animaux, et si nous nous écartions des anciens usages ; 
car, comme dit Hésiode, Jupiter ayant distingué les natures et séparé les 
espèces, permit aux poissons, aux bêtes sauvages, aux oiseaux, de se 
manger les uns les autres, parce qu'il n'y a point de lois entre eux : 
mais il ordonna aux hommes d'observer la justice à l'égard de leurs 
semblables.
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