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[5] Ἄντρα μὲν δὴ ἐπιεικῶς οἱ παλαιοὶ καὶ σπήλαια τῷ κόσμῳ
καθιέρουν καθ´ ὅλον τε αὐτὸν καὶ κατὰ μέρη λαμβάνοντες, σύμβολον
μὲν τῆς ὕλης ἐξ ἧς ὁ κόσμος τὴν γῆν παραδιδόντες (διό τινες καὶ
αὐτόθεν τὴν ὕλην τὴν γῆν εἶναι ἐτίθεντο), τὸν δὲ ἐκ τῆς ὕλης
γινόμενον κόσμον διὰ τῶν ἄντρων παριστῶντες, ὅτι τε ὡς ἐπὶ πολὺ
αὐτοφυῆ τὰ ἄντρα καὶ συμφυῆ τῇ γῇ ὑπὸ πέτρας περιεχόμενα μονοειδοῦς,
ἧς τὰ μὲν ἔνδον κοῖλα, τὰ δ´ ἔξω εἰς τὸ ἀπεριόριστον τῆς γῆς
ἀνεῖται· αὐτοφυὴς δὲ ὁ κόσμος καὶ {αὐτοσυμφυὴς} προσπεφυκὼς
τῇ ὕλῃ, ἣν λίθον καὶ πέτραν διὰ τὸ ἀργὸν καὶ ἀντίτυπον πρὸς τὸ
εἶδος εἶναι ᾐνίττοντο, ἄπειρον κατὰ τὴν αὐτῆς ἀμορφίαν τιθέντες.
ῥευστῆς δ´ οὔσης αὐτῆς καὶ τοῦ εἴδους δι´ οὗ μορφοῦται καὶ φαίνεται
καθ´ ἑαυτὴν ἐστερημένης, τὸ ἔνυδρον καὶ ἔνικμον τῶν ἄντρων καὶ
σκοτεινὸν καὶ ὡς ὁ ποιητὴς ἔφη ἠεροειδὲς οἰκείως ἐδέξαντο εἰς σύμβολον
τῶν προσόντων τῷ κόσμῳ διὰ τὴν ὕλην.
| [5] Les anciens consacraient avec raison les antres et les cavernes au
monde pris dans sa totalité ou dans ses parties : c'était chez eux une
croyance traditionnelle que la terre symbolise la matière dont le monde
est fait; c'est pourquoi certains ont pensé que là aussi par la terre il
fallait entendre la matière. Par les antres les anciens signifiaient le
monde composé de manière; en effet, la plupart du temps les antres ont une
existence spontanée, ils font corps avec la terre et sont pris dans une
roche uniforme dont l'intérieur est creux et dont l'extérieur s'ouvre sur
l'espace sans bornes de la terre. Le monde aussi est né spontanément,
participant à la matière il est lié étroitement à celle-ci qui est
désignée mystérieusement par la pierre et la roche parce qu'elle est brute
et qu'elle résiste à la détermination; et parce qu'elle est informe on la
regardait comme infinie. Mais comme elle est fluide et n'a pas la forme
qui détermine les choses et les rend visibles, on a pris justement
l'abondance des eaux et l'humidité des antres, leurs ténèbres et, comme
dit le poète, leur obscurité pour symbole de tout ce qui est dans le monde
à cause de la matière.
| [6] διὰ μὲν οὖν τὴν ὕλην ἠεροειδὴς καὶ σκοτεινὸς ὁ κόσμος, διὰ δὲ τὴν τοῦ εἴδους
συμπλοκὴν καὶ διακόσμησιν, ἀφ´ οὗ καὶ κόσμος ἐκλήθη, καλός τέ ἐστι καὶ
ἐπέραστος. ὅθεν οἰκείως ἐπ´ αὐτοῦ ἂν ῥηθείη ἄντρον ἐπήρατον μὲν τῷ
εὐθὺς ἐντυγχάνοντι διὰ τὴν τῶν εἰδῶν μέθεξιν, ἠεροειδὲς δὲ σκοποῦντι
τὴν ὑποβάθραν αὐτοῦ καὶ εἰς αὐτὴν εἰσιόντι τῷ νῷ· ὥστε
τὰ μὲν ἔξω καὶ ἐπιπολαίως ἐπήρατα, τὰ δ´ ἔνδον καὶ ἐν βάθει
ἠεροειδῆ. οὕτω καὶ Πέρσαι τὴν εἰς κάτω κάθοδον τῶν ψυχῶν καὶ
πάλιν ἔξοδον μυσταγωγοῦντες τελοῦσι τὸν μύστην, ἐπονομάσαντες
σπήλαιον τὸν τόπον· πρώτου μέν, ὡς ἔφη Εὔβουλος, Ζωροάστρου
αὐτοφυὲς σπήλαιον ἐν τοῖς πλησίον ὄρεσι τῆς Περσίδος ἀνθηρὸν καὶ
πηγὰς ἔχον ἀνιερώσαντος εἰς τιμὴν τοῦ πάντων ποιητοῦ καὶ πατρὸς
Μίθρου, εἰκόνα φέροντος αὐτῷ τοῦ σπηλαίου τοῦ κόσμου, ὃν ὁ
Μίθρας ἐδημιούργησε, τῶν δ´ ἐντὸς κατὰ συμμέτρους ἀποστάσεις
σύμβολα φερόντων τῶν κοσμικῶν στοιχείων καὶ κλιμάτων· μετὰ δὲ
τοῦτον τὸν Ζωροάστρην κρατήσαντος καὶ παρὰ τοῖς ἄλλοις, δι´
ἄντρων καὶ σπηλαίων εἴτ´ οὖν αὐτοφυῶν εἴτε χειροποιήτων τὰς
τελετὰς ἀποδιδόναι. ὡς γὰρ τοῖς μὲν Ὀλυμπίοις θεοῖς ναούς τε καὶ
ἕδη καὶ βωμοὺς ἱδρύσαντο, χθονίοις δὲ καὶ ἥρωσιν ἐσχάρας, ὑποχθονίοις
δὲ βόθρους καὶ μέγαρα, οὕτω καὶ τῷ κόσμῳ ἄντρα τε καὶ σπήλαια,
ὡσαύτως δὲ καὶ ταῖς νύμφαις διὰ τὰ ἐν ἄντροις καταλειβόμενα ἢ ἀναδιδόμενα
ὕδατα, ὧν αἱ ναΐδες, ὡς μετ´ ὀλίγον ἐπέξιμεν, προεστήκασι νύμφαι.
| [6] C'est donc à cause de la matière que le monde y est obscur et ténébreux ;
mais par la forme qui s'y ajoute et l'ordonne (c'est pour cela qu'on le
nomme g-kosmos) il devient beau et agréable. C'est avec raison que l'antre
est appelé agréable, il est tel au premier abord parce qu'il participe aux
formes, puis obscur si l'on réfléchit à ses profondeurs et si on y pénètre
en esprit. Ainsi l'extérieur en est superficiellement agréable et
l'intérieur et les profondeurs en sont obscurs. Pareillement, les Perses
dans la cérémonie d'initiation au mystère de la descente des âmes et de
leur régression donnent le nom de caverne au lieu où s'accomplit
l'initiation. Selon Euboulos, Zoroastre le premier, sur les montagnes
voisines de la Perse consacra en l'honneur de Mithra, créateur et père de
toutes choses, un antre naturel, arrosé par des sources, couvert de fleurs
et de feuillages. Cet antre représentait la forme du monde créé par Mithra
et les choses qui y étaient disposées à des intervalles réguliers
symbolisaient les éléments cosmiques et les climats. Après Zoroastre,
l'usage persista d'accomplir les cérémonies de l'initiation dans des
antres et des cavernes soit naturels soit creusés de main d'hommes. Car de
même que l’on consacrait aux dieux olympiens des temples, des sanctuaires
et des autels, des stèles aux dieux terrestres et aux héros, des fosses et
des trous aux dieux souterrains ; de même on dédiait au monde des antres
et des cavernes ainsi qu'aux Nymphes à cause des eaux qui tombent goutte à
goutte et jaillissent dans les antres et auxquelles président les Naïades,
comme nous le dirons bientôt.
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