[8,10] X. <1> Ὅτι Φίλιππος παραγενόμενος εἰς τὴν Μεσσήνην ἔφθειρε τὴν
χώραν δυσμενικῶς, θυμῷ τὸ πλεῖον ἢ λογισμῷ χρώμενος. <2> ἤλπιζε γάρ,
ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, βλάπτων συνεχῶς οὐδέποτ᾽ ἀγανακτήσειν οὐδὲ μισήσειν
αὐτὸν τοὺς κακῶς πάσχοντας. <3> Προήχθην δὲ καὶ νῦν καὶ διὰ τῆς
προτέρας βύβλου σαφέστερον ἐξηγήσασθαι περὶ τούτων οὐ μόνον διὰ τὰς
πρότερον ἡμῖν εἰρημένας αἰτίας, ἀλλὰ καὶ διὰ τὸ τῶν συγγραφέων τοὺς μὲν
ὅλως παραλελοιπέναι τὰ κατὰ τοὺς Μεσσηνίους, <4> τοὺς δὲ καθόλου διὰ
τὴν πρὸς τοὺς μονάρχους εὔνοιαν ἢ τἀναντία φόβον οὐχ οἷον ἐν ἁμαρτίᾳ
γεγονέναι τὴν εἰς τοὺς Μεσσηνίους ἀσέβειαν Φιλίππου καὶ παρανομίαν,
ἀλλὰ τοὐναντίον ἐν ἐπαίνῳ καὶ κατορθώματι τὰ πεπραγμένα διασαφεῖν
ἡμῖν. <5> Οὐ μόνον δὲ περὶ Μεσσηνίους τοῦτο πεποιηκότας ἰδεῖν ἔστι τοὺς
γράφοντας τοῦ Φιλίππου τὰς πράξεις, ἀλλὰ καὶ περὶ τῶν ἄλλων
παραπλησίως. <6> Ἐξ ὧν ἱστορίας μὲν οὐδαμῶς ἔχειν αὐτοῖς συμβαίνει
διάθεσιν τὰς συντάξεις, ἐγκωμίου δὲ μᾶλλον. <7> Ἐγὼ δ᾽ οὔτε λοιδορεῖν
ψευδῶς φημι δεῖν τοὺς μονάρχους οὔτ᾽ ἐγκωμιάζειν, ὃ πολλοῖς ἤδη
συμβέβηκε, τὸν ἀκόλουθον δὲ τοῖς προγεγραμμένοις ἀεὶ καὶ τὸν πρέποντα
ταῖς ἑκάστων προαιρέσεσι λόγον ἐφαρμόζειν. <8> Ἀλλ᾽ ἴσως τοῦτ᾽ εἰπεῖν μὲν
εὐμαρές, πρᾶξαι δὲ καὶ λίαν δυσχερὲς διὰ τὸ πολλὰς καὶ ποικίλας εἶναι
διαθέσεις καὶ περιστάσεις, αἷς εἴκοντες ἄνθρωποι κατὰ τὸν βίον οὔτε λέγειν
οὔτε γράφειν δύνανται τὸ φαινόμενον. Ὧν χάριν τισὶ μὲν αὐτῶν συγγνώμην
δοτέον, <9> ἐνίοις γε μὴν οὐ δοτέον.
| [8,10] X. Philippe, de retour dans la Messénie, ravagea les campagnes en
ennemi avec plus de colère que de raison. <2> Il se flattait de pouvoir
maltraiter ces malheureux peuples sans que ces victimes de sa brutalité
conçussent jamais contre lui ni indignation ni haine ! <3> J'ai du reste été
poussé à donner sur toutes ces cruautés de nombreux détails, et dans ce
livre, et dans celui qui précède, non seulement par les motifs que j'ai déjà
dits, mais encore par une considération nouvelle. Parmi les historiens, les
uns ont complètement laissé de côté ce qui touche les Messéniens; <4> les
autres, sous l'influence de l'amour et de la crainte, non seulement n'ont
pas fait un crime à Philippe de son impiété et de sa tyrannie envers la
Messénie, mais au contraire l'ont comblé d'éloges et ont érigé ses crimes
en actions méritoires. <5> Or, ces infidélités que nous relevons au sujet
des Messéniens dans les historiens de la vie de Philippe, nous les
retrouvons encore, ou peu s'en faut, à propos de chacun de ses actes. <6>
La conséquence en est que leur récit n'a pas le caractère de l'histoire:
c'est un panégyrique. Je tiens, moi, pour maxime, qu'on ne doit se
permettre à l'égard des rois ni ces calomnies ni ces louanges outrées
auxquelles se sont laissés aller tant d'auteurs. <7> Il faut adopter un
langage où la suite du récit soit en harmonie avec le commencement, et
qui s'accommode successivement à la conduite de chaque prince. <8>
Peut-être, du reste, ce précepte assez facile à établir, ne le serait-il pas à
observer à cause des nombreuses circonstances et des mille positions où
l'homme cède et ne peut ni dire ni écrire sa véritable pensée! Aussi est-il
juste d'accorder à certains écrivains cette indulgence <9> qu'on doit savoir
refuser à d'autres.
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