| [1,1] Εἰ μὲν τοῖς πρὸ ἡμῶν ἀναγράφουσι τὰς πράξεις 
παραλελεῖφθαι συνέβαινε τὸν ὑπὲρ αὐτῆς τῆς
 ἱστορίας ἔπαινον, ἴσως ἀναγκαῖον ἦν τὸ προτρέπεσθαι 
πάντας πρὸς τὴν αἵρεσιν καὶ παραδοχὴν
 τῶν τοιούτων ὑπομνημάτων διὰ τὸ μηδεμίαν ἑτοιμοτέραν 
εἶναι τοῖς ἀνθρώποις διόρθωσιν τῆς τῶν
 προγεγενημένων πράξεων ἐπιστήμης. ἐπεὶ δ´ οὐ
 τινὲς οὐδ´ ἐπὶ ποσόν, ἀλλὰ πάντες ὡς ἔπος εἰπεῖν
 ἀρχῇ καὶ τέλει κέχρηνται τούτῳ, φάσκοντες ἀληθινωτάτην 
μὲν εἶναι παιδείαν καὶ γυμνασίαν πρὸς
 τὰς πολιτικὰς πράξεις τὴν ἐκ τῆς ἱστορίας μάθησιν,
 ἐναργεστάτην δὲ καὶ μόνην διδάσκαλον τοῦ δύνασθαι 
τὰς τῆς τύχης μεταβολὰς γενναίως ὑποφέρειν
 τὴν τῶν ἀλλοτρίων περιπετειῶν ὑπόμνησιν, δῆλον
 ὡς οὐδενὶ μὲν ἂν δόξαι καθήκειν περὶ τῶν καλῶς
 καὶ πολλοῖς εἰρημένων ταυτολογεῖν, ἥκιστα δ´ ἡμῖν.
 αὐτὸ γὰρ τὸ παράδοξον τῶν πράξεων, ὑπὲρ ὧν
 προῃρήμεθα γράφειν, ἱκανόν ἐστι προκαλέσασθαι
 καὶ παρορμῆσαι πάντα καὶ νέον καὶ πρεσβύτερον
 πρὸς τὴν ἔντευξιν τῆς πραγματείας. τίς γὰρ οὕτως
 ὑπάρχει φαῦλος ἢ ῥᾴθυμος ἀνθρώπων ὃς οὐκ ἂν 
 βούλοιτο γνῶναι πῶς καὶ τίνι γένει πολιτείας ἐπικρατηθέντα 
σχεδὸν ἅπαντα τὰ κατὰ τὴν οἰκουμένην
 οὐχ ὅλοις πεντήκοντα καὶ τρισὶν ἔτεσιν ὑπὸ μίαν
 ἀρχὴν ἔπεσε τὴν Ῥωμαίων, ὃ πρότερον οὐχ εὑρίσκεται 
γεγονός, τίς δὲ πάλιν οὕτως ἐκπαθὴς πρός
 τι τῶν ἄλλων θεαμάτων ἢ μαθημάτων ὃς προυργιαίτερον 
ἄν τι ποιήσαιτο τῆσδε τῆς ἐμπειρίας;
 | [1,1]  Si les historiens qui m'ont précédé avaient 
négligé d'écrire l'éloge de l'Histoire, peut-être serait-il 
nécessaire de le faire pour encourager tout le monde à 
l'étudier avec le plus grand soin : il n'y a pas en effet 
pour les hommes de leçon plus efficace que la connaissance 
du passé. Mais en fait, ce ne sont pas quelques 
écrivains qui ont abordé ce sujet de loin en loin ; tous 
pour ainsi dire, d'un bout à l'autre de leurs ouvrages, 
affirment qu'il n'y a pas de plus sûre instruction, de 
plus sûr apprentissage de la vie politique que l'étude 
de l'histoire, et d'autre part que le meilleur ou même 
le seul enseignement qui nous mette en état de supporter 
dignement les vicissitudes de la fortune, c'est le 
souvenir des malheurs d'autrui. Il est donc évidemment 
hors de propos pour tout historien de reprendre 
cette matière qui a déjà été si bien traitée et par tant 
d'auteurs ; mais ce serait surtout déplacé de ma part, 
parce que la nouveauté des faits que je me propose de 
raconter est bien suffisante pour attirer l'attention 
du public et pour inciter n'importe qui, jeune ou vieux, 
à lire mon ouvrage. Qui serait en effet assez borné ou 
assez indifférent pour ne pas s'intéresser à la solution 
de ce problème : par quels moyens et quel mode de 
gouvernement les Romains ont-ils pu — événement 
sans précédent — se rendre maîtres en moins de cinquante-trois ans 
de presque tout le monde habité ? 
Et qui serait passionné pour les autres genres de spectacles 
ou de lectures au point de ne pas reconnaître l'intérêt supérieur 
qu'offre cette étude de la réalité ?
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