[31] XXI. Καὶ πρὸς ταῦτα μὲν οὐκ ἀποκαμοῦνται μαχόμενοι
καὶ βιαζόμενοι πάντας ἀνθρώπους, ἀγαθὸν μὲν ἡγεῖσθαι
τὴν τῶν κακῶν ἀποφυγήν, κακὸν δὲ μηκέτι νομίζειν τὴν
τῶν ἀγαθῶν στέρησιν· ἐκεῖνο δ´ ὁμολογοῦσι, τὸ μηδεμίαν
ἐλπίδα μηδὲ χαρὰν ἔχειν τὸν θάνατον ἀλλ´ ἀποκεκόφθαι
πᾶν τὸ ἡδὺ καὶ τὸ ἀγαθόν. ἐν ᾧ χρόνῳ πολλὰ καλὰ καὶ
μεγάλα καὶ θεῖα προσδοκῶσιν οἱ τὰς ψυχὰς ἀνωλέθρους
εἶναι διανοούμενοι καὶ ἀφθάρτους ἢ μακράς τινας χρόνων
περιόδους νῦν μὲν ἐν γῇ νῦν δ´ ἐν οὐρανῷ περιπολούσας,
ἄχρις οὗ συνδιαλυθῶσι τῷ κόσμῳ, μεθ´ ἡλίου καὶ σελήνης
εἰς πῦρ νοερὸν ἀναφθεῖσαι. τοιαύτην χώραν ἡδονῶν
τοσούτων Ἐπίκουρος ἐκτέμνεται, καὶ ἐπὶ ταῖς ἐκ θεῶν
ἐλπίσιν, ὥσπερ εἴρηται, καὶ χάρισιν ἀναιρεθείσαις τοῦ
θεωρητικοῦ τὸ φιλομαθὲς καὶ τοῦ πρακτικοῦ τὸ φιλότιμον
ἀποτυφλώσας εἰς στενόν τι κομιδῇ καὶ οὐδὲ καθαρὸν
τὸ ἐπὶ τῇ σαρκὶ τῆς ψυχῆς χαῖρον συνέστειλε καὶ κατέβαλε
τὴν φύσιν, ὡς μεῖζον ἀγαθὸν τοῦ τὸ κακὸν φεύγειν
οὐδὲν ἔχουσαν.’
| [31] Voilà pourtant contre quelles conséquences les Épicuriens
ne se lasseront pas de lutter. Ils veulent forcer tous
les hommes à voir un bien dans l'absence des maux, et à
ne plus regarder comme un mal la privation des biens. En
même temps ils confessent qu'il n'y a aucune espérance et
aucune joie dans la mort, qu'il y a suppression complète de
tout plaisir et de tout bien.
Or l'heure de la mort est précisément celle où une foule de félicités
merveilleuses, immenses, divines, sont attendues par l'homme
qui croit l'âme impérissable et immortelle. Il suppose, tout au moins,
que durant de longues périodes d'années les âmes circulent
tantôt sur la terre, tantôt dans le ciel, jusqu'au moment où,
comprises dans la dissolution de l'univers, elles serviront
avec le soleil et avec la lune à allumer un feu doué d'intelligence.
Quel vaste champ Epicure enlève aux joies les plus
précieuses! Supprimer, comme nous l'avons dit, les espérances
placées dans les Dieux et dans leur bonté, c'est faire
que tout devienne ténèbres. Cette âme qui était née pour
la contemplation, ne désire plus apprendre ; cette âme qui
était née pour agir, n'a plus de noble ambition. Ses jouissances
se concentrent dans un cercle des plus étroits, dans
des satisfactions impures, dans les plaisirs de la chair. La
nature est dégradée, du moment qu'il n'y a point pour elle
de plus grand bien que d'échapper au mal.
|