HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Sur l'usage des viandes

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[996] Οὕτω δὴ καὶ διὰ σώματος θολεροῦ καὶ διακόρου καὶ βαρυνομένου τροφαῖς ἀσυμφύλοις (996a) πᾶς´ ἀνάγκη τὸ γάνωμα τῆς ψυχῆς καὶ τὸ φέγγος ἀμβλύτητα καὶ σύγχυσιν ἔχειν καὶ πλανᾶσθαι καὶ φέρεσθαι, πρὸς τὰ λεπτὰ καὶ δυσθεώρητα τέλη τῶν πραγμάτων αὐγὴν καὶ τόνον οὐκ ἐχούσης. Χωρὶς δὲ τούτων πρὸς φιλανθρωπίαν ἐθισμὸς οὐ δοκεῖ θαυμαστὸν εἶναι; Τίς γὰρ ἂν ἀδικήσειεν ἄνθρωπον οὕτω πρὸς ἀλλότρια καὶ ἀσύμφυλα διακείμενος {καὶ} πράως καὶ φιλανθρώπως; Ἐμνήσθην δὲ τρίτην ἡμέραν διαλεγόμενος τὸ τοῦ Ξενοκράτους, καὶ ὅτι Ἀθηναῖοι τῷ ζῶντα τὸν κριὸν ἐκδείραντι δίκην ἐπέθηκαν· οὐκ ἔστι δ´, οἶμαι, χείρων ζῶντα βασανίζων τοῦ παραιρουμένου (996b) τὸ ζῆν καὶ φονεύοντος, ἀλλὰ μᾶλλον, ὡς ἔοικε, τῶν παρὰ συνήθειαν τῶν παρὰ φύσιν αἰσθανόμεθα. Καὶ ταῦτα μὲν ἐκεῖ κοινότερον ἔλεγον· τὴν δὲ μεγάλην καὶ μυστηριώδη καὶ ἄπιστον ἀνδράσι δεινοῖς, φησιν Πλάτων, καὶ θνητὰ φρονοῦσιν ἀρχὴν τοῦ δόγματος ὀκνῶ μὲν ἔτι τῷ λόγῳ κινεῖν, ὥσπερ ναῦν ἐν χειμῶνι ναύκληρος μηχανὴν αἴρειν ποιητικὸς ἀνὴρ ἐν θεάτρῳ σκηνῆς περιφερομένης. Οὐ χεῖρον δ´ ἴσως καὶ προανακρούσασθαι καὶ προαναφωνῆσαι τὰ τοῦ Ἐμπεδοκλέους· - - - ἀλληγορεῖ γὰρ ἐνταῦθα τὰς ψυχάς, ὅτι φόνων καὶ βρώσεως σαρκῶν καὶ ἀλληλοφαγίας δίκην τίνουσαι σώμασι θνητοῖς ἐνδέδενται. (996c) Καίτοι δοκεῖ παλαιότερος οὗτος λόγος εἶναι· τὰ γὰρ δὴ περὶ τὸν Διόνυσον μεμυθευμένα πάθη τοῦ διαμελισμοῦ καὶ τὰ Τιτάνων ἐπ´ αὐτὸν τολμήματα γευσαμένων τε τοῦ φόνου κολάσεις {τε τούτων} καὶ κεραυνώσεις, ᾐνιγμένος ἐστὶ μῦθος εἰς τὴν παλιγγενεσίαν· τὸ γὰρ ἐν ἡμῖν ἄλογον καὶ ἄτακτον καὶ βίαιον οὐ θεῖον ἀλλὰ δαιμονικὸν οἱ παλαιοὶ Τιτᾶνας ὠνόμασαν, {καὶ} τοῦτ´ ἔστι κολαζομένους καὶ δίκην τίνοντας. ΠΕΡΙ ΣΑΡΚΟΦΑΓΙΑΣ ΛΟΓΟΣ Βʹ (996d) Ἐπὶ τὰ ἕωλα τῆς σαρκοφαγίας προσφάτους ἡμᾶς λόγος παρακαλεῖ ταῖς τε διανοίαις καὶ ταῖς προθυμίαις γενέσθαι. Χαλεπὸν μὲν γάρ, ὥσπερ Κάτων ἔφησε, λέγειν πρὸς γαστέρας ὦτα μὴ ἐχούσας· καὶ πέποται τῆς συνηθείας κυκεών, ὥσπερ τῆς Κίρκης (996e) Ὠδίνας τ´ ὀδύνας τε κυκέων ἀπάτας τε γόους τε· καὶ τὸ ἄγκιστρον ἐκβάλλειν τῆς σαρκοφαγίας {ὡς} ἐμπεπηγμένον τῇ φιληδονίᾳ καὶ διαπεπαρμένον οὐ ῥᾴδιόν ἐστιν. Ἐπεὶ καλῶς εἶχεν, ὥσπερ Αἰγύπτιοι τῶν νεκρῶν τὴν κοιλίαν ἐξελόντες καὶ πρὸς τὸν ἥλιον ἀνασχόντες ἐκβάλλουσιν ὡς αἰτίαν ἁπάντων ὧν ἄνθρωπος ἥμαρτεν, οὕτως ἡμᾶς ἑαυτῶν τὴν γαστριμαργίαν καὶ μιαιφονίαν ἐκτεμόντας ἁγνεῦσαι τὸν λοιπὸν βίον· ἐπεὶ γε γαστὴρ οὐ μιαιφόνον ἐστὶν ἀλλὰ μιαινόμενον ὑπὸ τῆς ἀκρασίας. Οὐ μὴν ἀλλ´ εἰ καὶ ἀδύνατον ἤδη διὰ τὴν συνήθειαν τὸ (996f) ἀναμάρτητον, αἰσχυνόμενοι τῷ ἁμαρτάνοντι χρησόμεθα διὰ τὸν λόγον, ἐδόμεθα σάρκας, ἀλλὰ πεινῶντες οὐ τρυφῶντες· ἀναιρήσομεν ζῷον, ἀλλ´ οἰκτείροντες καὶ ἀλγοῦντες, οὐχ ὑβρίζοντες οὐδὲ βασανίζοντες· οἷα νῦν πολλὰ δρῶσιν οἱ μὲν εἰς σφαγὴν ὑῶν ὠθοῦντες ὀβελοὺς διαπύρους, [996] (996a) l'éclat et le feu de l'esprit en sont nécessairement émoussés : il ne peut s'occuper que d'objets vains et frivoles, sur lesquels il se traîne pesamment ; il n'a plus ni assez de force ni assez d'énergie pour s'élever à la contemplation d'objets grands et difficiles. Et sans cela quelle disposition de l'âme plus digne d'être recherchée, que l'habitude de la douceur et de l'humanité? Quel homme se portera jamais à en blesser un autre lorsqu'il se sera accoutumé à ménager, à traiter avec bonté des animaux qui lui sont si étrangers? Je me souviens qu'en vous rapportant, il y a trois jours, le trait de Xénocrate et je vous citai le jugement des Athéniens, qui punirent un citoyen pour avoir écorché vif un bélier. Celui qui tourmente ainsi un animal vivant est-il plus coupable (996b) que celui qui le tue ? Mais nous sommes plus affectés de ce qui est hors de nos usages que de ce qui contrarie la nature. Les raisons que j'ai données jusqu'ici sont simples et communes ; mais notre opinion a une source plus grande et plus mystérieuse que ne peuvent croire les hommes faibles et lâches, qui, suivant Platon, ne sauraient s'élever au-dessus des choses mortelles. Je n'ose la proposer dans cette conférence, comme un pilote craint de faire mouvoir son vaisseau pendant la tempête, ou un poète, à la fin de sa pièce, de recourir à une machine. Je placerai cependant ici, en forme d'introduction, les vers d'Empédocle. Ils renferment une allégorie dont le but est de montrer que nos âmes ne sont attachées à des corps mortels qu'en punition des meurtres qu'elles ont commis sur les animaux dont elles ont dévoré les chairs. (996c) Cette doctrine est même plus ancienne qu'Empédocle. L'audace des Titans, qui osèrent mettre en pièces Bacchus et se nourrir de ses chairs, et que Jupiter punit en les frappant de la foudre, est une allégorie dont le sens caché se rapporte à sa seconde naissance ; car la faculté irraisonnable de notre âme, qui, livrée au désordre et à la violence, est l'ouvrage, non de Dieu, mais du démon, fut appelée Titan par les anciens, et c'est elle qui est punie de nos crimes. DISCOURS II. (996d) La raison veut que nous revenions aujourd'hui, avec des preuves et des forces toutes nouvelles, sur la question de l'usage des viandes que nous agitâmes hier. Il est difficile, disait Caton, de se faire entendre à des estomacs, qui n'ont point d'oreilles. D'ailleurs nous buvons tous depuis longtemps dans la coupe de l'habitude, qui, comme celle de Circé, (996e) "Mélange dangereux de funestes douceurs, Enfante les regrets, les larmes, les douleurs". Il n'est pas facile de faire rejeter cet appât trompeur à des hommes qui en ont savouré le plaisir, et qui s'y sont fortement attachés. Quand les Égyptiens embaumaient un corps mort, ils en extraiaient les entrailles, et, après avoir pris le soleil à témoin, ils les jetaient comme étant là cause de toutes les fautes que le mort avait commises. De même il serait à souhaiter que nous pussions arracher de notre âme la sensualité et le goût du carnage, pour mener à l'avenir une vie plus pure ; car ce n'est point notre estomac qui est coupable de ces meurtres, c'est nous qui le souillons par notre intempérance. Mais s'il nous est impossible de renoncer à cet usage, (996f) ou que l'habitude que nous en avons contractée nous fasse rougir de quitter ce régime vicieux, conservons-y du moins la modération que la raison nous prescrit. Mangeons la chair des bêtes par besoin et non par sensualité. Lorsque nous privons un animal de la vie, montrons-nous compatissants et sensibles. N'insultons pas à leur malheur, en prenant plaisir à les tourmenter, comme on fait aujourd'hui en égorgeant des pourceaux avec des broches rougies au feu,


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Dernière mise à jour : 28/11/2007