[27] ΠΥΘΕΩ ΓΥΝΗ.
Λέγεται δὲ καὶ τὴν Πύθεω τοῦ κατὰ Ξέρξην γυναῖκα
σοφὴν γενέσθαι καὶ χρηστήν.
Αὐτὸς μὲν γὰρ ὁ Πύθης ὡς ἔοικε χρυσείοις ἐντυχὼν μετάλλοις
καὶ ἀγαπήσας τὸν ἐξ αὐτῶν πλοῦτον οὐ μετρίως ἀλλ´ ἀπλήστως
καὶ περιττῶς, αὐτός τε περὶ ταῦτα διέτριβε καὶ
τοὺς πολίτας καταβιβάζων ἅπαντας ὁμαλῶς ὀρύττειν ἢ
φορεῖν ἢ καθαίρειν ἠνάγκαζε τὸ χρυσίον, ἄλλο μηδὲν
ἐργαζομένους τὸ παράπαν μηδὲ πράττοντας. ἀπολλυμένων
δὲ πολλῶν πάντων δ´ ἀπαγορευόντων αἱ γυναῖκες
ἱκετηρίαν ἔθεσαν ἐπὶ τὰς θύρας ἐλθοῦσαι τῆς τοῦ Πύθεω
γυναικός. ἡ δ´ ἐκείνας μὲν ἀπιέναι καὶ θαρρεῖν
ἐκέλευσεν, αὐτὴ δὲ τῶν περὶ τὸ χρυσίον τεχνιτῶν οἷς
ἐπίστευε μάλιστα καλέσασα καὶ καθείρξασα, ποιεῖν ἐκέλευεν
ἄρτους τε χρυσοῦς καὶ πέμματα παντοδαπὰ καὶ
ὀπώρας, καὶ ὅσοις δὴ μάλιστα τὸν Πύθην ἐγίνωσκεν
ἡδόμενον ὄψοις καὶ βρώμασι. ποιηθέντων δὲ πάντων ὁ
μὲν Πύθης ἧκεν ἀπὸ τῆς ξένης· ἐτύγχανε γὰρ ἀποδημῶν·
ἡ δὲ γυνὴ δεῖπνον αἰτοῦντι παρέθηκε χρυσῆν τράπεζαν
οὐδὲν ἐδώδιμον ἔχουσαν ἀλλὰ πάντα χρυσᾶ. τὸ
μὲν οὖν πρῶτον ἔχαιρε Πύθης τοῖς μιμήμασιν, ἐμπλησθεὶς
δὲ τῆς ὄψεως ᾔτει φαγεῖν· ἡ δὲ χρυσοῦν ὅ τι τύχοι
ποθήσας προσέφερε. δυσχεραίνοντος δ´ αὐτοῦ καὶ πεινῆν
βοῶντος, ’ἀλλὰ σύ γε τούτων‘ εἶπεν ’ἄλλου δ´ οὐδενὸς
εὐπορίαν πεποίηκας ἡμῖν· καὶ γὰρ ἐμπειρία καὶ τέχνη
πᾶσα φροῦδος, γεωργεῖ δ´ οὐδείς, ἀλλὰ τὰ σπειρόμενα
καὶ φυτευόμενα καὶ τρέφοντα τῆς γῆς ὀπίσω καταλιπόντες
ὀρύσσομεν ἄχρηστα καὶ ζητοῦμεν, ἀποκναίοντες
αὑτοὺς καὶ τοὺς πολίτας.‘ ἐκίνησε ταῦτα τὸν Πύθην, καὶ
πᾶσαν μὲν οὐ κατέλυσε τὴν περὶ τὰ μέταλλα πραγματείαν,
ἀνὰ μέρος δὲ τὸ πέμπτον ἐργάζεσθαι κελεύσας τῶν πολιτῶν
τοὺς λοιποὺς ἐπὶ γεωργίαν καὶ τὰς τέχνας ἔτρεψε.
Ξέρξου δὲ καταβαίνοντος ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα λαμπρότατος
ἐν ταῖς ὑποδοχαῖς καὶ ταῖς δωρεαῖς γενόμενος
χάριν ᾐτήσατο παρὰ τοῦ βασιλέως, πλειόνων αὐτῷ
παίδων ὄντων, ἕνα παρεῖναι τῆς στρατείας καὶ καταλιπεῖν
αὐτῷ γηροβοσκόν. ὁ δὲ Ξέρξης ὑπ´ ὀργῆς
τοῦτον μὲν, ὃν ἐξῃτήσατο, σφάξας καὶ διατεμὼν ἐκέλευσε
τὸν στρατὸν διελθεῖν, τοὺς δ´ ἄλλους ἀπηγάγετο,
καὶ πάντες ἀπώλοντο κατὰ τὰς μάχας. ἐφ´ οἷς ὁ Πύθης
ἀθυμήσας ἔπαθεν ὅμοια πολλοῖς τῶν κακῶν καὶ
ἀνοήτων· τὸν μὲν γὰρ θάνατον ἐφοβεῖτο, τῷ βίῳ δ´
ἤχθετο. βουλόμενος δὲ μὴ ζῆν, προέσθαι δὲ τὸ ζῆν μὴ
δυνάμενος, χώματος ὄντος ἐν τῇ πόλει μεγάλου καὶ
ποταμοῦ διαρρέοντος, ὃν Πυθοπολίτην ὠνόμαζον, ἐν μὲν
τῷ χώματι κατεσκεύασε μνημεῖον, ἐκτρέψας δὲ τὸ ῥεῖθρον,
ὥστε διὰ τοῦ χώματος φέρεσθαι ψαύοντα τοῦ
τάφου τὸν ποταμόν, ἐπὶ τούτοις συντελεσθεῖσιν αὐτὸς
μὲν εἰς τὸ μνημεῖον κατῆλθε, τῇ δὲ γυναικὶ τὴν ἀρχὴν
καὶ τὴν πόλιν ἀναθεὶς ἅπασαν ἐκέλευσε μὴ προσιέναι,
πέμπειν δὲ τὸ δεῖπνον αὐτῷ καθ´ ἑκάστην ἡμέραν εἰς
βᾶριν ἐντιθεῖσαν, ἄχρις οὗ τὸν τάφον ἡ βᾶρις παρέλθῃ
τὸ δεῖπνον ἀκέραιον ἔχουσα, τότε δὲ παύσασθαι πέμπουσαν,
ὡς αὐτοῦ τεθνηκότος. ἐκεῖνος μὲν οὕτω τὸν λοιπὸν
βίον διῆγεν, ἡ δὲ γυνὴ τῆς ἀρχῆς καλῶς ἐπεμελήθη καὶ
μεταβολὴν κακῶν τοῖς ἀνθρώποις παρέσχεν.
| [27] LA FEMME DE PYTHÉS.
On dit que la femme de Pythès, lequel vécut au temps
de Xerxès, était aussi un modèle de haute raison et de vertu.
Ce Pythès, à ce qu'il paraît, avait découvert des mines d'or;
et passionné outre mesure pour les richesses qu'il en tirait,
il était d'une insatiabilité sans bornes. Non seulement il y
travaillait lui-même, mais il forçait tous ses sujets, sans distinction
aucune, d'en faire autant. Ils étaient obligés de déterrer
l'or, de le transporter, de le nettoyer : c'était leur occupation
constante, leur travail exclusif. Un grand nombre
y avaient péri, et tous étaient découragés. Les femmes vinrent
déposer des rameaux de suppliantes à la porte de l'épouse
de Pythès. Elle leur dit de s'en retourner pleines de
bon espoir. Elle fit venir ensuite les ouvriers orfévres en qui
elle avait le plus de confiance, et les ayant enfermés, elle
leur commanda de figurer en or des pains, des gâteaux de
toute sorte, ainsi que les mets et les friandises qu'elle savait
être particulièrement agréables à Pythès. Ils confectionnèrent
tous ces objets. Précisément Pythès revenait d'un
voyage qu'il était allé faire hors de son pays. Il demanda
qu'on lui servît à souper. Sa femme ordonna de placer devant
lui une table en or sur laquelle il n'y avait rien qui fût
bon à manger, mais rien, aussi, qui ne fût en or. Au premier
coup d'oeil Pythès se montra enchanté de ces imitations,
mais une fois qu'il eut rassasié ses regards il voulut manger.
Sa femme lui servit en or tous les mets qu'il se trouva désirer.
Alors il s'impatienta, criant qu'il avait faim. Mais elle
lui dit : «Il n'y a que cela dont vous ayez répandu l'abondance
parmi nous : le reste nous manque. Toute industrie, tout art a
disparu. Personne ne laboure la terre. Semailles, plantations,
récoltes propres à la nourriture, il n'est rien que nous n'ayons laissé
de côté pour déterrer et chercher un métal inutile : c'est à quoi nous
nous épuisons, nous et nos concitoyens.» Ces remontrances
émurent Pythès. Sans renoncer complétement à l'exploitation de
ses mines, il n'y fit plus travailler qu'un cinquième des habitants
et à tour de rôle. Il tourna les autres du côté de l'agriculture et des arts.
Quand Xerxès marcha contre les Grecs,
Pythès qui avait déployé la plus grande magnificence pour le
recevoir et pour lui offrir des présents, demanda une grâce
au monarque : c'était que parmi tous ses enfants, et il en avait
un grand nombre, un seul fût exempt de partir à l'armée et
restât avec lui pour soigner sa vieillesse. Xerxès, irrité, fit
égorger et couper en deux ce seul fils que demandait Pythès,
et donna l'ordre à son armée de passer entre les lambeaux
du cadavre; après quoi il emmena les autres fils avec lui. Tous
périrent dans diverses batailles. Désespéré d'une telle barbarie,
Pythès éprouva ce qui arrive à beaucoup d'hommes
dépourvus d'énergie et de sens. Il redoutait la mort et la
vie lui était insupportable; il ne voulait plus vivre, mais il
n'avait pas assez de force pour se défaire de l'existence. Or
il y avait dans la ville une vaste plate-forme au pied de laquelle
coulait un fleuve nommé le Pythopolitès. Il s'y fit
construire un monument funéraire; et il détourna le courant
des eaux, de manière à ce qu'en traversant la plate-forme
elles vinssent baigner le sépulcre. Ce travail achevé, il descendit
seul dans le monument après avoir remis à sa femme
et le pouvoir et le gouvernement absolu de la ville. Mais il
lui défendit d'approcher jamais de ce côté : elle devait seulement
lui faire parvenir chaque, jour son repas, déposé dans
une petite nacelle, jusqu'au jour où l'esquif continuerait
sa route, rapportant les vivres intacts : dès lors il y aurait
lièu de cesser tout envoi parce que Pythès n'existerait plus.
C'est ainsi qu'il passa le reste de sa vie. Pour sa femme,
elle administra le pouvoir avec sagesse, et elle apporta un
heureux changement aux maux que les citoyens avaient soufferts.
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