HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, De la vertu et du vice

Chapitre 4

  Chapitre 4

[4] Ἅθροιζε χρυσίον, σύναγε ἀργύριον, οἰκοδόμει περιπάτους, ἔμπλησον ἀνδραπόδων τὴν οἰκίαν καὶ χρεωστῶν τὴν πόλιν· ἂν μὴ τὰ πάθη τῆς ψυχῆς καταστορέσῃς καὶ τὴν ἀπληστίαν παύσῃς καὶ φόβων καὶ φροντίδων ἀπαλλάξῃς σαυτόν, οἶνον διηθεῖς πυρέττοντι καὶ χολικῷ μέλι προσφέρεις καὶ σιτία καὶ ὄψα κοιλιακοῖς ἑτοιμάζεις καὶ δυσεντερικοῖς, μὴ στέγουσι μηδὲ ῥωννυμένοις ἀλλὰ προσδιαφθειρομένοις ὑπ´ αὐτῶν. οὐχ ὁρᾷς τοὺς νοσοῦντας ὅτι τῶν βρωμάτων τὰ καθαριώτατα καὶ πολυτελέστατα δυσχεραίνουσι καὶ διαπτύουσι καὶ παραιτοῦνται προσφερόντων καὶ βιαζομένων, εἶτα, τῆς κράσεως μεταβαλούσης καὶ πνεύματος χρηστοῦ καὶ γλυκέος αἵματος ἐγγενομένου καὶ θερμότητος οἰκείας, ἀναστάντες ἄρτον λιτὸν ἐπὶ τυρῷ καὶ καρδάμῳ χαίρουσι καὶ ἀσμενίζουσιν ἐσθίοντες; τοιαύτην λόγος ἐμποιεῖ τῇ ψυχῇ διάθεσιν. αὐτάρκης ἔσῃ, ἂν μάθῃς τί τὸ καλὸν κἀγαθόν ἐστι· τρυφήσεις ἐν πενίᾳ καὶ βασιλεύσεις καὶ τὸν ἀπράγμονα βίον καὶ ἰδιώτην οὐδὲν ἧττον ἀγαπήσεις τὸν ἐπὶ στρατηγίαις καὶ ἡγεμονίαις· οὐ βιώσῃ φιλοσοφήσας ἀηδῶς, ἀλλὰ πανταχοῦ ζῆν ἡδέως μαθήσῃ καὶ ἀπὸ πάντων· εὐφρανεῖ σε πλοῦτος πολλοὺς εὐεργετοῦντα καὶ πενία πολλὰ μὴ μεριμνῶντα καὶ δόξα τιμώμενον καὶ ἀδοξία μὴ φθονούμενον. [4] Entassez l'or, amoncelez l'argent, édifiez des promenades, remplissez votre demeure d'esclaves, la ville de vos débiteurs : si vous n'avez pas calmé les passions de votre âme, si vous n'avez pas étouffé votre insatiabilité, si vous ne vous êtes pas débarrassé des craintes et des soucis, vous donnez du vin à un homme brûlé par la fièvre, vous offrez du miel à un bilieux, vous préparez des viandes et des ragoûts pour des gens atteints de flux de ventre et de dyssenterie, et ces gens, loin de garder ces aliments et d'en être fortifiés, n'en deviendront que plus souffrants encore. Ne voyez-vous pas les malades, placés en présence de mets parfaitement sains et d'un très grand prix, éprouver de la répugnance, les dédaigner et les refuser quand on les porte à leurs lèvres et qu'on cherche à les leur faire prendre? Puis, lorsque la disposition n'est plus la même, quand les esprits se sont purifiés, que le sang s'est adouci, que la chaleur est redevenue naturelle, qu'enfin ils sont sur pied, alors un morceau de pain sec avec du fromage, avec du cresson, leur paraît un mets exquis, et ils le savourent délicieusement. Semblable est, de tout point, la disposition que la sagesse assure à l'âme. Vous saurez vous suffire à vous-même, si vous apprenez ce que c'est que le beau et le bien. Vous nagerez dans les délices. Vous serez dans l'indigence, et pourtant vous règnerez; une vie éloignée des affaires, une vie de simple particulier, ne vous semblera pas moins heureuse que celle des généraux et des chefs d'État. Oui, soyez voué à la philosophie : et loin que votre existence en devienne attristée, vous aurez appris à vivre agréablement partout et de tout. Vous serez heureux d'être riche, parce que vous ferez beaucoup de bien; d'être pauvre, parce que vous n'aurez aucun souci; d'être illustre, parce qu'on vous honorera; d'être obscur, parce qu'on ne vous portera point envie.


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Dernière mise à jour : 29/09/2005