| [452] (452a) Οἰδοῦντι γὰρ ἔοικε καὶ φλεγμαίνοντι σώματι τὸ 
περιαλγοῦν καὶ περιχαρὲς καὶ περίφοβον τῆς ψυχῆς, οὐ τὸ χαῖρον οὐδὲ τὸ 
λυπούμενον οὐδὲ τὸ φοβούμενον· καὶ καλῶς Ὅμηρος εἰπών
« Τοῦ δ´ ἀγαθοῦ οὔτ´ ἂρ τρέπεται χρὼς οὔτε τι λίην ταρβεῖ »
τὸν φόβον οὐκ ἀφεῖλεν ἀλλὰ τὸν ἄγαν φόβον, ὅπως ἀνδρεία μὴ ἀπόνοια καὶ 
θαρραλεότης μὴ θρασύτης γένηται. 
Διὸ καὶ περὶ τὰς ἡδονὰς τὴν ἄγαν ἀφαιρετέον ἐπιθυμίαν καὶ περὶ τὰς ἀμύνας 
τὴν ἄγαν μισοπονηρίαν. Οὕτω γὰρ ὁ μὲν οὐκ ἀνάλγητος ἀλλὰ σώφρων, ὁ δὲ 
δίκαιος, οὐκ ὠμὸς οὐδὲ πικρὸς ἔσται· (452b) τῶν δὲ παθῶν παντάπασιν 
ἀναιρεθέντων, εἰ καὶ δυνατόν ἐστιν, ἐν πολλοῖς ἀργότερος ὁ λόγος καὶ 
ἀμβλύτερος, ὥσπερ κυβερνήτης πνεύματος ἐπιλείποντος. Ταῦτα δ´ ἀμέλει καὶ 
οἱ νομοθέται συνιδόντες ἐμβάλλουσιν εἰς τὰς πολιτείας (καὶ) φιλοτιμίαν καὶ 
ζῆλον πρὸς ἀλλήλους, πρὸς δὲ τοὺς πολεμίους καὶ σάλπιγξι καὶ αὐλοῖς 
ἐπεγείρουσι καὶ αὔξουσι τὸ θυμοειδὲς καὶ μάχιμον. Οὐ γὰρ μόνον ἐν 
ποιήμασιν, ᾗ φησιν ὁ Πλάτων, τὸν τεχνίτην καὶ διηκριβωμένον ὁ μουσόληπτος 
καὶ κατάσχετος ἀποδείκνυσι γελοῖον, ἀλλὰ καὶ περὶ τὰς μάχας τὸ παθητικὸν 
καὶ τὸ ἐνθουσιῶδες ἀνυπόστατόν ἐστι καὶ ἀήττητον· (452c) ὃ καὶ τοὺς θεοὺς 
Ὅμηρος ἐμποιεῖν φησι τοῖς ἀνθρώποις (Ο)
« Ὥς εἰπὼν ἔμπνευσε μένος μέγα ποιμένι λαῶν· »
καί
« Οὐχ ὅ γ´ ἄνευθε θεοῦ τάδε μαίνεται »,
καθάπερ ὅρμημα τῷ λογισμῷ καὶ ὄχημα τὸ πάθος προστιθέντας. Αὐτούς γε μὴν 
τούτους ὁρᾶν ἔστι πολλάκις μὲν ἐπαίνοις τοὺς νέους παρορμῶντας πολλάκις δὲ 
νουθεσίαις κολάζοντας, ὧν τῷ μὲν ἕπεται τὸ ἥδεσθαι τῷ δὲ τὸ λυπεῖσθαι (καὶ 
γὰρ ἡ νουθεσία καὶ ὁ ψόγος ἐμποιεῖ μετάνοιαν καὶ αἰσχύνην, ὧν τὸ μὲν λύπη 
τῷ γένει τὸ δὲ φόβος ἐστί), καὶ τούτοις μάλιστα χρῶνται πρὸς τὰς 
ἐπανορθώσεις. ᾟ καὶ Διογένης ἐπαινουμένου Πλάτωνος 
(452d) « Τί δ´ ἐκεῖνος » εἶπεν « ἔχει σεμνόν, ὃς τοσοῦτον χρόνον φιλοσοφῶν 
οὐδένα λελύπηκεν; » 
Οὐ γὰρ οὕτως τὰ μαθήματα φαίη τις ἄν, ὡς ἔλεγε Ξενοκράτης, λαβὰς εἶναι 
φιλοσοφίας, ὡς τὰ πάθη τῶν νέων, αἰσχύνην ἐπιθυμίαν μετάνοιαν ἡδονὴν λύπην 
φιλοτιμίαν· ὧν ἐμμελῆ καὶ σωτήριον ἁφὴν ἁπτόμενος ὁ λόγος καὶ ὁ νόμος εἰς 
τὴν προσήκουσαν ὁδὸν ἀνυσίμως καθίστησι τὸν νέον. Ὥστε μὴ κακῶς εἰπεῖν τὸν 
Λάκωνα παιδαγωγόν, ὅτι ποιήσει τὸν παῖδα τοῖς καλοῖς ἥδεσθαι καὶ ἄχθεσθαι 
τοῖς αἰσχροῖς, οὗ μεῖζον οὐδέν ἐστιν οὐδὲ κάλλιον ἀποφῆναι τέλος ἐλευθέρῳ 
προσηκούσης παιδείας.
 | [452] (452a) C'est l'excès de la douleur, de la crainte ou de la joie, et non 
ces affections simples, qui vicient l'âme, comme le corps est altéré par 
la surabondance des humeurs. Homère a eu raison de dire : 
"Du brave rien ne peut altérer le visage, 
Et la crainte jamais n'affaiblit son courage". 
Il ne défend pas la crainte, mais l'excès de cette passion. Il ne veut pas 
que la valeur dégénère en une fureur aveugle, ni la confiance en une folle 
témérité. 
Il faut donc s'interdire dans les plaisirs une cupidité immodérée, et dans 
les vengeances une haine excessive. C'est par là qu'on est, non insensible 
et cruel, mais tempérant et juste. (452b) Les passions une fois bannies, 
la raison aurait perdu presque tout son ressort et toute son activité. Il 
en serait d'elle comme d'un pilote au milieu des mers, quand tous les 
vents sont tombés. C'est sans doute d'après cette observation que les 
législateurs ont soin d'exciter entre les citoyens l'émulation et le désir 
de la gloire, et qu'ils enflamment leur ardeur martiale contre les ennemis 
par le son des trompettes et des instruments de musique. Les poètes, 
inspirés par les Muses et possédés de leur esprit, laissent, dit Platon, 
bien loin derrière eux ceux qui n'ont d'autre mérite que le travail et la 
correction. De même, dans les combats, un enthousiasme martial est 
invincible et ne connaît aucun obstacle. (452c) C'est des dieux, selon 
Homère, que les hommes reçoivent cette valeur extraordinaire : 
"D'une invincible ardeur le dieu remplit son âme" ; 
et ailleurs : 
"C'est d'un dieu que lui vient cette fureur guerrière". 
Les dieux donnent les passions aux hommes pour servir d'aiguillon et de 
ressort à la raison. 
Ne voyons-nous pas les stoïciens eux-mêmes animer les jeunes gens par des 
louanges, et les contenir par des reproches? Ils ne peuvent faire l'un 
sans les réjouir, et l'autre sans les affliger. La censure et le blâme 
amènent ordinairement le repentir et la honte; et ces deux sentiments, 
dont l'un tient à la douleur et l'autre à la crainte, sont ceux qu'on 
cherche à réveiller par les réprimandes. Diogène entendait un jour faire 
l'éloge de Platon.(452d)  « Que trouvez-vous donc, dit-il, de si estimable 
dans un homme qui fait profession de philosophie depuis si longtemps, et 
qui n'a encore affligé personne? » Les sciences, disait Xénocrate, 
préparent moins les voies à la philosophie que les passions qui sont 
naturelles aux jeunes gens, telles que la cupidité, la pudeur, le 
repentir, l'émulation, le plaisir et la douleur. Ces passions, habilement 
maniées par la raison et par les lois, conduisent heureusement la jeunesse 
dans les sentiers de la vertu. Un instituteur lacédémonien disait avec 
beaucoup de sens qu'il ferait que son élève se plût aux choses honnêtes, 
et vît avec peine tout ce qui serait malhonnête. C'est en effet la fin la 
plus noble et la plus belle qu'on puisse se proposer dans l'éducation.
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