[3] Πρῶτον μὲν οὖν Κίμβρων καὶ Τευτόνων ἐμβεβληκότων εἰς Γαλατίαν
στρατευόμενος ὑπὸ Καιπίωνι, κακῶς ἀγωνισαμένων τῶν Ῥωμαίων καὶ
τροπῆς γενομένης, ἀποβεβληκὼς τὸν ἵππον καὶ κατατετρωμένος τὸ σῶμα
τὸν Ῥοδανὸν διεπέρασεν, αὐτῷ τε τῷ θώρακι καὶ θυρεῷ πρὸς ἐναντίον
ῥεῦμα πολὺ νηχόμενος· οὕτω τὸ σῶμα ῥωμαλέον ἦν αὐτῷ καὶ διάπονον
τῇ ἀσκήσει. δεύτερον δὲ τῶν αὐτῶν ἐπερχομένων μυριάσι πολλαῖς καὶ δειναῖς
ἀπειλαῖς, ὥστε καὶ τὸ μένειν ἄνδρα Ῥωμαῖον ἐν τάξει τότε καὶ πείθεσθαι
τῷ στρατηγῷ μέγ´ ἔργον εἶναι, Μάριος μὲν ἡγεῖτο, Σερτώριος δὲ
κατασκοπὴν ὑπέστη τῶν πολεμίων. ἐσθῆτι δὲ Κελτικῇ σκευασάμενος καὶ
τὰ κοινότατα τῆς διαλέκτου πρὸς ἔντευξιν ἐπὶ καιροῦ παραλαβών, ἀναμείγνυται
τοῖς βαρβάροις, καὶ τὰ μὲν ἰδών, τὰ δ´ ἀκοῇ πυθόμενος τῶν ἐπειγόντων,
ἐπανῆλθε πρὸς Μάριον. τότε μὲν οὖν ἀριστείων ἔτυχεν· ἐν δὲ τῇ
λοιπῇ στρατείᾳ πολλὰ καὶ συνέσεως ἔργα καὶ τόλμης ἀποδειξάμενος, εἰς
ὄνομα καὶ πίστιν ὑπὸ τοῦ στρατηγοῦ προήχθη.
Μετὰ δὲ τὸν Κίμβρων καὶ Τευτόνων πόλεμον ἐκπεμφθεὶς ὑπὸ Δειδίῳ
στρατηγῷ χιλίαρχος ἐπ´ Ἰβηρίας, ἐν τῇ πόλει Κάστλωνι παρεχείμαζε τῆς
Κελτιβήρων. ἐπεὶ δὲ τῶν στρατιωτῶν ἐν ἀφθόνοις ὑβριζόντων καὶ τὰ πολλὰ
μεθυόντων καταφρονήσαντες οἱ βάρβαροι μετεπέμψαντο νυκτὸς ἐπικουρίαν
παρὰ τῶν ἀστυγειτόνων Ἰστουργίνων, καὶ κατ´ οἰκίας ἐπιόντες ἔκτεινον
αὐτούς, ὑπεκδὺς ὁ Σερτώριος μετ´ ὀλίγων καὶ τοὺς ἐκπίπτοντας
συναγαγών, κύκλῳ τὴν πόλιν περιῆλθε· καὶ καθ´ ἃς οἱ βάρβαροι πύλας ἔλαθον
παρεισπεσόντες, ἀνεῳγμένας εὑρών, οὐ ταὐτὸν ἐκείνοις ἔπαθεν, ἀλλὰ
φρουρὰς ἐπιστήσας καὶ καταλαβὼν πανταχόθεν τὴν πόλιν, ἔκτεινε τοὺς ἐν
ἡλικίᾳ πάντας. ὡς δ´ ἀνῃρέθησαν, ἐκέλευσε τοὺς στρατιώτας πάντας τὰ
μὲν αὑτῶν ὅπλα καὶ τὴν ἐσθῆτα καταθέσθαι, τοῖς δὲ τῶν βαρβάρων ἐνσκευασαμένους
ἕπεσθαι πρὸς τὴν πόλιν ἐκείνην, ἐξ ἧς ἀπεστάλησαν οἱ
νύκτωρ ἐπιπεσόντες αὐτοῖς. ψευσάμενος δὲ τῇ τῶν ὅπλων ὄψει τοὺς βαρβάρους,
τάς τε πύλας ἀνεῳγμένας εὗρε, καὶ πλῆθος ἀνθρώπων ἔλαβεν οἰομένων
ἀπαντᾶν εὖ πεπραχόσι φίλοις καὶ πολίταις. διὸ πλεῖστοι μὲν ὑπὸ τῶν
Ῥωμαίων ἐσφάττοντο περὶ τὰς πύλας, οἱ δὲ λοιποὶ παραδόντες ἑαυτοὺς ἐπράθησαν.
| [3] Il fit sa première campagne sous Cépion, lorsque les Cimbres et
les Teutons se répandirent dans les Gaules et que les Romains furent
entièrement défaits. Après la déroute, Sertorius, qui avait eu un cheval
tué sous lui et qui était lui-même blessé, traversa le Rhône à la
nage, armé de sa cuirasse et de son bouclier, en luttant avec
les plus grands efforts contre l'impétuosité de ce fleuve; tant
son corps était robuste et endurci à la fatigue par un long
exercice ! Ces mêmes peuples étant revenus une seconde fois
avec une armée presque innombrable et en faisant de si terribles
menaces, qu'on regardait alors comme un trait de courage
extraordinaire dans un soldat romain d'oser tenir ferme
à son poste contre de tels ennemis et d'obéir à son général,
Marius fut chargé du commandement de l'armée, et Sertorius
s'offrit d'aller comme espion dans le camp des ennemis.
Il apprit les termes les plus communs de leur langue, afin de
pouvoir parler au besoin avec ceux qu'il rencontrerait ; et,
ayant pris un habit gaulois, il alla se mêler avec ces barbares :
après y avoir vu et entendu ce qu'il importait le plus
de savoir, il retourna vers Marius, qui lui décerna le prix du
courage. Pendant toute cette guerre, il donna de si grandes
preuves de valeur et de prudence, qu'il mérita la confiance
de son général, qui lui fournit des occasions d'acquérir de la gloire.
Après la guerre des Cimbres et des Teutons, il alla
servir en Espagne sous le consul Didius en qualité de tribun
des soldats, et passa l'hiver à Castulon, ville des Celtibériens.
Comme les soldats y trouvaient les provisions les plus abondantes,
ils s'enivraient tous les jours et vivaient avec une telle
licence, que les barbares ayant conçu pour eux le plus grand
mépris, envoyèrent, une nuit, demander du secours à leurs
voisins les Gyrisènes; et, étant entrés avec eux dans les maisons
des Romains, ils firent main basse sur tous ceux qu'ils
trouvèrent. Sertorius, s'étant sauvé de la ville avec un petit
nombre des siens, rallia ceux qui purent en sortir après
lui ; il fit avec eux le tour de la ville, et, trouvant la porte
par où les barbares étaient entrés encore ouverte, il ne fit pas
la même faute qu'eux; mais, plaçant des gardes aux portes
et se saisissant de tous les quartiers de la ville, il passa au fil
de l'épée tous ceux qui étaient en âge de porter les armes.
Après cette exécution sanglante, il ordonne à ses soldats de
quitter leurs armes et leurs habits, de prendre l'armure des
barbares qu'ils avaient tués, et de le suivre à la ville dont les
habitants étaient venus la nuit les surprendre. Les barbares,
trompés par ce déguisement, laissent les portes ouvertes et
sortent même en foule au-devant des Romains, qu'ils prennent
pour leurs concitoyens et leurs amis qui revenaient après
la victoire. La plus grande partie fut tuée auprès des portes;
et les autres, s'étant rendus à discrétion, furent vendus à l'encan.
|