Texte grec :
[32] περὶ δὲ τοῦτον τὸν χρόνον Ἀσπασία δίκην ἔφευγεν ἀσεβείας,
Ἑρμίππου τοῦ κωμῳδοποιοῦ διώκοντος καὶ προσκατηγοροῦντος ὡς
Περικλεῖ γυναῖκας ἐλευθέρας εἰς τὸ αὐτὸ φοιτώσας ὑποδέχοιτο. καὶ
ψήφισμα Διοπείθης ἔγραψεν εἰσαγγέλλεσθαι τοὺς τὰ θεῖα μὴ νομίζοντας
ἢ λόγους περὶ τῶν μεταρσίων διδάσκοντας, ἀπερειδόμενος εἰς Περικλέα
δι' Ἀναξαγόρου τὴν ὑπόνοιαν. (2) δεχομένου δὲ τοῦ δήμου καὶ
προσιεμένου τὰς διαβολάς, οὕτως ἤδη ψήφισμα κυροῦται, Δρακοντίδου
γράψαντος, ὅπως οἱ λόγοι τῶν χρημάτων ὑπὸ Περικλέους εἰς τοὺς
Πρυτάνεις ἀποτεθεῖεν, οἱ δὲ δικασταὶ τὴν ψῆφον ἀπὸ τοῦ βωμοῦ φέροντες
ἐν τῇ πόλει κρίνοιεν. Ἅγνων δὲ· τοῦτο μὲν ἀφεῖλε τοῦ ψηφίσματος,
κρίνεσθαι δὲ τὴν δίκην ἔγραψεν ἐν δικασταῖς χιλίοις καὶ πεντακοσίοις,
εἴτε κλοπῆς καὶ δώρων εἴτ' ἀδικίου βούλοιτό τις ὀνομάζειν τὴν δίωξιν. (3)
ἀσπασίαν μὲν οὖν ἐξῃτήσατο, πολλὰ πάνυ παρὰ τὴν δίκην, ὡς Αἰσχίνης
φησίν, ἀφεὶς ὑπὲρ αὐτῆς δάκρυα καὶ δεηθεὶς τῶν δικαστῶν· Ἀναξαγόραν
δὲ φοβηθεὶς ἐξέπεμψεν ἐκ τῆς πόλεως. ὡς δὲ διὰ Φειδίου προσέπταισε τῷ
δήμῳ, φοβηθεὶς τὸ δικαστήριον μέλλοντα τὸν πόλεμον καὶ ὑποτυφόμενον
ἐξέκαυσεν, ἐλπίζων διασκεδάσειν τὰ ἐγκλήματα καὶ ταπεινώσειν τὸν
φθόνον ἐν πράγμασι μεγάλοις καὶ κινδύνοις τῆς πόλεως ἐκείνῳ μόνῳ διὰ
τὸ ἀξίωμα καὶ τὴν δύναμιν ἀναθείσης ἑαυτήν. αἱ μὲν οὖν αἰτίαι δι' ἃς οὐκ
εἴασεν ἐνδοῦναι Λακεδαιμονίοις τὸν δῆμον, αὗται λέγονται, τὸ δ' ἀληθὲς
ἄδηλον.
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Traduction française :
[32] XXXII. Vers ce même temps, Aspasie fut traduite en justice pour crime d'impiété, à la
poursuite d'un poète comique nommé Hermippos, qui l'accusait aussi de recevoir chez elle
des femmes de condition libre qu'elle prostituait à Périclès. Diopithès fit un décret qui
ordonnait de dénoncer ceux qui ne reconnaissaient pas l'existence des dieux, ou qui
enseignaient des doctrines nouvelles sur les phénomènes célestes. Il cherchait à étendre ce
soupçon sur Périclès, à cause de ses liaisons avec Anaxagore. Ces dénonciations ayant
paru faire plaisir au peuple, Dracontides proposa et fit passer un troisième décret, qui portait
que Périclès rendrait ses comptes devant les prytanes, et que les juges, après avoir pris
sur l'autel les billets pour les suffrages, prononceraient le jugement dans la ville. Mais
Agnon supprima du décret cette dernière disposition ; il fit décider que l'affaire serait portée
devant quinze cents juges, et que l'accusation serait intentée pour cause de vol, de
concussion ou d'injustice, au choix de l'accusateur. Aspasie dut son salut aux prières de
Périclès, aux larmes que, suivant Eschine, il répandit devant les juges, pendant l'instruction du
procès. Mais craignant qu'Anaxagore ne fût condamné, il le fit sortir de la ville et
l'accompagna lui-même. Comme il avait déplu au peuple dans l'affaire de Phidias, et qu'il
redoutait l'issue du jugement, il souffla le feu de la guerre, qu'il trouvait trop tardive à
s'enflammer, et qui n'était encore que fumante. Il se flattait par là de dissiper toutes les
imputations dont on le chargeait, et d'affaiblir l'envie. Il ne doutait pas que, dans des affaires
si importantes, dans des dangers si pressants, le peuple, entraîné par sa puissance et par son
mérite, ne se reposât sur lui seul de sa défense. Telles sont, dit-on, les raisons qui le portèrent
à empêcher le peuple de céder aux Lacédémoniens ; mais ses vrais motifs ne sont pas bien
connus.
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