[34] Αὐτὸς δὲ τῶν τέκνων ὁ Περσεὺς καὶ τῆς περὶ αὐτὰ θεραπείας
κατόπιν ἐπορεύετο, φαιὸν μὲν ἱμάτιον ἀμπεχόμενος καὶ κρηπῖδας ἔχων
ἐπιχωρίους, ὑπὸ δὲ μεγέθους τῶν κακῶν πάντα θαμβοῦντι καὶ παραπεπληγμένῳ
μάλιστα τὸν λογισμὸν ἐοικώς. καὶ τούτῳ δ´ εἵπετο χορὸς φίλων
καὶ συνήθων, βεβαρημένων τὰ πρόσωπα πένθει, καὶ τῷ πρὸς Περσέα
βλέπειν ἀεὶ καὶ δακρύειν ἔννοιαν παριστάντων τοῖς θεωμένοις, ὅτι τὴν
ἐκείνου τύχην ὀλοφύρονται, τῶν καθ´ ἑαυτοὺς ἐλάχιστα φροντίζοντες.
Καίτοι προσέπεμψε τῷ Αἰμιλίῳ, δεόμενος μὴ πομπευθῆναι καὶ παραιτούμενος
τὸν θρίαμβον. ὁ δὲ τῆς ἀνανδρίας αὐτοῦ καὶ φιλοψυχίας ὡς ἔοικε
καταγελῶν, „ἀλλὰ τοῦτό γ´“ εἶπε „καὶ πρότερον ἦν ἐπ´ αὐτῷ, καὶ νῦν
ἐστιν ἂν βούληται,“ δηλῶν τὸν πρὸ αἰσχύνης θάνατον, ὃν οὐχ ὑπομείνας
ὁ δείλαιος, ἀλλ´ ὑπ´ ἐλπίδων τινῶν ἀπομαλακισθείς, ἐγεγόνει μέρος τῶν
αὑτοῦ λαφύρων.
Ἐφεξῆς δὲ τούτοις ἐκομίζοντο χρυσοῖ στέφανοι τετρακόσιοι τὸ πλῆθος,
οὓς αἱ πόλεις ἀριστεῖα τῆς νίκης τῷ Αἰμιλίῳ μετὰ πρεσβειῶν ἔπεμψαν·
εἶτ´ αὐτὸς ἐπέβαλλεν, ἅρματι κεκοσμημένῳ διαπρεπῶς ἐπιβεβηκώς, ἀνὴρ
καὶ δίχα τοσαύτης ἐξουσίας ἀξιοθέατος, ἁλουργίδα χρυσόπαστον ἀμπεχόμενος
καὶ δάφνης κλῶνα τῇ δεξιᾷ προτείνων. ἐδαφνηφόρει δὲ καὶ σύμπας
ὁ στρατός, τῷ μὲν ἅρματι τοῦ στρατηγοῦ κατὰ λόχους καὶ τάξεις
ἑπόμενος, ᾄδων δὲ τὰ μὲν ᾠδάς τινας πατρίους ἀναμεμειγμένας γέλωτι,
τὰ δὲ παιᾶνας ἐπινικίους καὶ τῶν διαπεπραγμένων ἐπαίνους εἰς τὸν Αἰμίλιον,
περίβλεπτον ὄντα καὶ ζηλωτὸν ὑπὸ πάντων, οὐδενὶ δὲ τῶν ἀγαθῶν
ἐπίφθονον, πλὴν εἴ τι δαιμόνιον ἄρα τῶν μεγάλων καὶ ὑπερόγκων εἴληχεν
εὐτυχιῶν ἀπαρύτειν καὶ μειγνύναι τὸν ἀνθρώπινον βίον, ὅπως μηδενὶ
κακῶν ἄκρατος εἴη καὶ καθαρός, ἀλλὰ καθ´ Ὅμηρον
ἄριστα δοκῶσι πράττειν, οἷς αἱ τύχαι ῥοπὴν ἐπ´ ἀμφότερα τῶν πραγμάτων
ἔχουσιν.
| [34] Persée lui-même marchait en arrière de ses enfants et de leur suite, vêtu de deuil et
chaussé à la mode de son pays. En raison de la grandeur de ses maux, il paraissait stupéfait de
tout et semblable à quelqu’un qui aurait perdu la tête. Il était escorté d’une foule d’amis et de
familiers, visiblement accablés de douleur, et qui, tournant toujours vers lui des yeux baignés
de larmes, donnaient au public l’impression qu’ils déploraient le malheur du Roi et se
souciaient fort peu de leur propre situation. Persée avait d’ailleurs envoyé demander à Paul-
Émile la grâce de ne pas être mené en cortège et de ne pas subir l’humiliation du triomphe. Le
général, se moquant, à ce qu’il semble, de la lâcheté du vaincu et de son attachement à la vie,
avait répondu : « Mais cela était auparavant en son pouvoir, et l’est encore, s’il le veut ! » Il
voulait dire que Persée aurait dû préférer à la honte une mort que le malheureux n’avait pas
osé affronter, se laissant amollir par des espérances, qui faisaient de lui désormais une part du
butin de Paul-Émile. A la suite des serviteurs du Prince on portait des couronnes d’or, au
nombre de quatre cents, que les cités avaient envoyées à Paul-Émile avec des ambassades,
pour prix de sa victoire. Enfin lui-même s’avançait, monté sur un char superbement orné ;
mais cet homme, en dehors d’une si grande pompe, eût encore mérité d’être vu. Vêtu d’une
robe de pourpre brodée d’or, il tenait, de la main droite, une branche de laurier. Toute l’armée
portait aussi des lauriers ; elle suivait le char du général, rangée par cohortes et par légions, et
chantait, soit des airs nationaux mêlés de rires, soit des hymnes de triomphe et des couplets
pour célébrer les exploits de Paul-Émile, qui attirait les regards, et, peut-on dire, l’envie de
tous. Non, sans doute, qu’aucun des hommes de bien lui en voulût. Mais, apparemment, une
divinité se vit assigner le rôle de diminuer les grands bonheurs, quand ils surabondent, et de
mêler les circonstances de la vie humaine en sorte que, pour personne, elle ne fût exempte et
pure de maux. Bien au contraire, suivant le mot d’Homère, ceux-là paraissent avoir le
plus de bonheur, dont les destins se tournent alternativement vers l’une ou l’autre direction.
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