[3] Πρώτην γοῦν τῶν ἐπιφανῶν ἀρχῶν ἀγορανομίαν μετελθών, προεκρίθη
δεκαδυεῖν ἀνδρῶν συναπογραψαμένων, οὓς ὕστερον ἅπαντας ὑπατεῦσαι
λέγουσι. γενόμενος δ´ ἱερεὺς τῶν αὐγούρων προσαγορευομένων, οὓς
τῆς ἀπ´ ὀρνίθων καὶ διοσημειῶν ἀποδεικνύουσι Ῥωμαῖοι μαντικῆς ἐπισκόπους
καὶ φύλακας, οὕτω προσέσχε τοῖς πατρίοις ἔθεσι καὶ κατενόησε
τὴν τῶν παλαιῶν περὶ τὸ θεῖον εὐλάβειαν, ὥστε τιμήν τινα δοκοῦσαν εἶναι
καὶ ζηλουμένην ἄλλως ἕνεκα δόξης τὴν ἱερωσύνην τῶν ἀκροτάτων μίαν
ἀποφῆναι τεχνῶν, καὶ μαρτυρῆσαι τοῖς φιλοσόφοις ὅσοι τὴν εὐσέβειαν
ὡρίσαντο θεραπείας θεῶν ἐπιστήμην εἶναι. πάντα γὰρ ἐδρᾶτο μετ´ ἐμπειρίας
ὑπ´ αὐτοῦ καὶ σπουδῆς, σχολὴν τῶν ἄλλων ἄγοντος ὅτε
γίγνοιτο πρὸς τούτῳ, καὶ παραλείποντος οὐδὲν οὐδὲ καινοτομοῦντος, ἀλλὰ
καὶ τοῖς συνιερεῦσιν ἀεὶ καὶ περὶ τῶν μικρῶν διαφερομένου, καὶ διδάσκοντος,
ὡς εἰ τὸ θεῖον εὔκολόν τις ἡγεῖται καὶ ἀμεμφὲς εἶναι τῶν ἀμελειῶν,
ἀλλὰ τῇ γε πόλει χαλεπὸν ἡ περὶ ταῦτα συγγνώμη καὶ παρόρασις·
οὐδεὶς γὰρ ἐξ ἀρχῆς εὐθὺς μεγάλῳ παρανομήματι κινεῖ πολιτείαν, ἀλλὰ
καὶ τὴν τῶν μειζόνων φρουρὰν καταλύουσιν οἱ προϊέμενοι τὴν ἐν τοῖς
μικροῖς ἀκρίβειαν. ὅμοιον δὲ καὶ τῶν στρατιωτικῶν ἐθῶν τε καὶ πατρίων
ἐξεταστὴν καὶ φύλακα παρεῖχεν ἑαυτόν, οὐ δημαγωγῶν ἐν τῷ στρατηγεῖν,
οὐδ´ ὥσπερ οἱ πλεῖστοι τότε δευτέρας ἀρχὰς ταῖς πρώταις μνώμενος διὰ
τοῦ χαρίζεσθαι καὶ πρᾷος εἶναι τοῖς ἀρχομένοις, ἀλλ´ ὥσπερ ἱερεὺς † ἄλλων
ὀργίων δεινῶν τῶν περὶ τὰς † θυσίας ἐθῶν ἐξηγούμενος ἕκαστα, καὶ φοβερὸς
ὢν τοῖς ἀπειθοῦσι καὶ παραβαίνουσιν, ὤρθου τὴν πατρίδα, μικροῦ
δεῖν πάρεργον ἡγούμενος τὸ νικᾶν τοὺς πολεμίους τοῦ παιδεύειν τοὺς πολίτας.
| [3] En tout cas, ayant brigué l’édilité avant les autres grandes charges, il fut préféré à douze
personnages qui avaient porté leur candidature avec lui et qui par la suite furent, dit-on, tous
consuls. On l’admit ensuite dans le collège sacerdotal des augures, que les Romains désignent
comme surveillants et gardiens de la divination par le vol des oiseaux et les signes célestes.
Ce n’était là, en apparence, qu’un honneur, d’ailleurs recherché à cause du prestige de la
compagnie. Mais Paul-Emile s’appliqua si bien à l’étude des coutumes traditionnelles et
comprit si parfaitement la déférence circonspecte des anciens envers la divinité qu’il fit, de
l’exercice de ce sacerdoce, un art des plus subtils, et confirma, par sa conduite, l’opinion des
philosophes qui ont défini la piété « la science du culte des dieux ». Car tout
s’accomplissait, grâce à lui, avec compétence et avec zèle. Il donnait congé à toutes les autres
affaires quand il s’acquittait de ses fonctions d’augure. Il n’omettait, il n’innovait rien et
discutait même avec ses collègues sur de menus détails rituels. On peut croire, sans doute, que
la divinité est accommodante et ne nous reproche pas nos négligences. Mais il leur montrait
que, pour l’Etat du moins, c’est une conduite dangereuse que l’indulgence et l’indifférence à
cet égard. On ne commence jamais, pour ébranler un régime, par une grande illégalité ; mais,
en sacrifiant l’exactitude dans les minces circonstances, on relâche la vigilance sur les
obligations graves. De même pour les usages militaires et nationaux, il s’en montrait
l’observateur et le gardien fidèle. Il ne faisait pas de popularité dans ses expéditions et ne
cherchait pas à s’assurer, comme la plupart de ses contemporains, un second commandement
en déployant, dans l’exercice du premier, de la complaisance et de la douceur envers ses
subordonnés. Loin de là : comme un prêtre chargé d’initier à des mystères terribles, il
expliquait, une à une, les dispositions du service en campagne ; et, en se montrant redoutable
aux indisciplinés et aux transgresseurs du règlement, il travaillait à relever la patrie ; car la
victoire sur les ennemis n’était guère à ses yeux qu’un accessoire de l’éducation civique.
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