HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vies parallèles, Vie de Paul-Émile

Chapitre 27

  Chapitre 27

[27] Οὐ μὴν ἀλλὰ τοῦτον μὲν ἀναστήσας καὶ δεξιωσάμενος Τουβέρωνι παρέδωκεν, αὐτὸς δὲ τοὺς παῖδας καὶ τοὺς γαμβροὺς καὶ τῶν ἄλλων ἡγεμονικῶν μάλιστα τοὺς νεωτέρους ἔσω τῆς σκηνῆς ἐπισπασάμενος, πολὺν χρόνον ἦν πρὸς αὑτῷ σιωπῇ καθήμενος, ὥστε θαυμάζειν ἅπαντας· ὁρμήσας δὲ περὶ τῆς τύχης καὶ τῶν ἀνθρωπίνων διαλέγεσθαι πραγμάτων, „ἆρά γ´εἶπενἄξιον εὐπραγίας παρούσης ἄνθρωπον ὄντα θρασύνεσθαι, καὶ μέγα φρονεῖν ἔθνος πόλιν βασιλείαν καταστρεψάμενον, τὴν μεταβολὴν ταύτην τύχη παράδειγμα τῷ πολεμοῦντι τῆς κοινῆς ἀσθενείας προθεῖσα παιδεύει μηδὲν ὡς μόνιμον καὶ βέβαιον διανοεῖσθαι; ποῖος γὰρ ἀνθρώποις τοῦ θαρρεῖν καιρός, ὅταν τοῦ κρατεῖν ἑτέρων μάλιστα δεδοικέναι τὴν τύχην ἀναγκάζῃ, καὶ τῷ χαίροντι δυσθυμίαν ἐπάγῃ τοσαύτην τῆς περιφερομένης καὶ προσισταμένης ἄλλοτ´ ἄλλοις εἱμαρμένης λογισμός; τὴν Ἀλεξάνδρου διαδοχήν, ὃς ἐπὶ πλεῖστον ἤρθη δυνάμεως καὶ μέγιστον ἔσχε κράτος, ὥρας μιᾶς μορίῳ πεσοῦσαν ὑπὸ πόδας θέμενοι, καὶ τοὺς ἄρτι μυριάσι πεζῶν καὶ χιλιάσιν ἱππέων τοσαύταις ὁπλοφορουμένους βασιλεῖς ὁρῶντες ἐκ χειρῶν τῶν πολεμίων ἐφήμερα σιτία καὶ ποτὰ λαμβάνοντας, οἴεσθε τὰ καθ´ ἡμᾶς ἔχειν τινὰ βεβαιότητα τύχης διαρκῆ πρὸς τὸν χρόνον; οὐ καταβαλόντες ὑμεῖς οἱ νέοι τὸ κενὸν φρύαγμα τοῦτο καὶ γαυρίαμα τῆς νίκης, ταπεινοὶ καταπτήξετε πρὸς τὸ μέλλον, ἀεὶ καραδοκοῦντες εἰς τι κατασκήψει τέλος ἑκάστῳ τὴν τῆς παρούσης εὐπραγίας δαίμων νέμεσιν;“ τοιαῦτά φασι πολλὰ διαλεχθέντα τὸν Αἰμίλιον ἀποπέμψαι τοὺς νέους, εὖ μάλα τὸ καύχημα καὶ τὴν ὕβριν ὥσπερ χαλινῷ τῷ λόγῳ κόπτοντι κεκολασμένους. [27] Cependant il le releva et lui tendit la main. Il le remit ensuite à Tubéron ; et, après avoir fait entrer sous sa tente ses enfants, ses gendres et les plus jeunes de ses officiers, il resta longtemps silencieux, comme perdu dans ses pensées, ce qui les étonna tous. Il se mit ensuite à les entretenir de la fortune et des affaires humaines : « Est-ce qu’il vaut la peine, dit-il, devant le succès, quand on est homme, d’être arrogant et de s’enorgueillir de la conquête d’une ville, d’un peuple, d’un empire ? N’y aurait-il pas lieu plutôt de réfléchir à l’inconstance de la Fortune, qui, en mettant sous les yeux du guerrier un exemple de la commune faiblesse, nous apprend à ne rien considérer comme durable et solide ? En effet, quelle occasion peut-il y avoir pour les hommes de prendre confiance, quand l’avantage acquis sur un adversaire nous force surtout à craindre les coups du sort et que la considération du destin, dont la marche cahotante prend tour à tour toutes les directions, inspire un tel découragement, même aux heures de joie ? En foulant aux pieds l’héritage d’Alexandre, le conquérant qui s’était élevé au plus haut degré de puissance et s’était assuré l’autorité la plus absolue, héritage effondré en moins d’une heure, et en voyant les Rois, qui naguère avaient pour escorte des fantassins par dizaines de mille et des cavaliers par milliers, recevoir, des mains de l’ennemi, la nourriture et la boisson au jour le jour, croyez-vous notre situation actuelle assurée et notre destin à l’abri du temps ? Et vous, les jeunes gens, n’allez-vous pas laisser tomber le vain orgueil et l’arrogance nés de la victoire pour vous humilier et vous abaisser devant l’avenir, en épiant toujours le moment où s’exercera pour chacun de nous la revanche de la divinité sur le succès présent ? » Après bien des réflexions de cet ordre, Paul- Émile, dit-on, renvoya les jeunes gens, bien avertis par ce discours, qui, à la façon d’un frein, rabattait leur orgueil et leur insolence.


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Dernière mise à jour : 24/08/2005