[20] Τῶν δὲ Ῥωμαίων, ὡς ἀντέστησαν τῇ φάλαγγι, μὴ δυναμένων
βιάζεσθαι, Σάλουιος ὁ τῶν Πελιγνῶν ἡγούμενος ἁρπάσας τὸ σημεῖον τῶν
ὑφ´ αὑτὸν εἰς τοὺς πολεμίους ἔρριψε. τῶν δὲ Πελιγνῶν (οὐ γάρ ἐστιν
Ἰταλοῖς θεμιτὸν οὐδ´ ὅσιον ἐγκαταλιπεῖν σημεῖον) ἐπιδραμόντων πρὸς
ἐκεῖνον τὸν τόπον, ἔργα δεινὰ καὶ πάθη παρ´ ἀμφοτέρων ἀπήντα συμπεσόντων.
οἱ μὲν γὰρ ἐκκρούειν τε τοῖς ξίφεσι τὰς σαρίσας ἐπειρῶντο καὶ πιέζειν
τοῖς θυρεοῖς καὶ ταῖς χερσὶν αὐταῖς ἀντιλαμβανόμενοι παραφέρειν· οἱ δὲ
τὴν προβολὴν κρατυνάμενοι δι´ ἀμφοτέρων, καὶ τοὺς προσπίπτοντας
αὐτοῖς ὅπλοις διελαύνοντες, οὔτε θυρεοῦ στέγοντος οὔτε θώρακος τὴν
βίαν τῆς σαρίσης, ἀνερρίπτουν ὑπὲρ κεφαλῆς τὰ σώματα τῶν Πελιγνῶν
καὶ Μαρρουκινῶν, κατ´ οὐδένα λογισμὸν ἀλλὰ θυμῷ θηριώδει πρὸς ἐναντίας
πληγὰς καὶ προὖπτον ὠθουμένων θάνατον. οὕτω δὲ τῶν προμάχων
διαφθαρέντων, ἀνεκόπησαν οἱ κατόπιν αὐτῶν ἐπιτεταγμένοι, καὶ φυγὴ
μὲν οὐκ ἦν, ἀναχώρησις δὲ πρὸς ὄρος τὸ καλούμενον Ὀλόκρον, ὥστε καὶ
τὸν Αἰμίλιον ἰδόντα, φησὶν ὁ Ποσειδώνιος, καταρρήξασθαι
τὸν χιτῶνα, τούτων μὲν ἐνδιδόντων, τῶν δ´ ἄλλων Ῥωμαίων διατρεπομένων
τὴν φάλαγγα, προσβολὴν οὐκ ἔχουσαν, ἀλλ´ ὥσπερ χαρακώματι
τῷ πυκνώματι τῶν σαρισῶν ὑπαντιάζουσαν πάντοθεν ἀπρόσμαχον. ἐπεὶ
δὲ τῶν τε χωρίων ἀνωμάλων ὄντων, καὶ διὰ τὸ μῆκος τῆς παρατάξεως οὐ
φυλαττούσης ἀραρότα τὸν συνασπισμόν, κατεῖδε τὴν φάλαγγα τῶν
Μακεδόνων κλάσεις τε πολλὰς καὶ διασπάσματα λαμβάνουσαν, ὡς εἰκὸς ἐν
μεγάλοις στρατοῖς καὶ ποικίλαις ὁρμαῖς τῶν μαχομένων, τοῖς μὲν ἐκθλιβομένην
μέρεσι, τοῖς δὲ προπίπτουσαν, ἐπιὼν ὀξέως καὶ διαιρῶν τὰς
σπείρας, ἐκέλευεν εἰς τὰ διαλείμματα καὶ κενώματα τῆς τῶν πολεμίων
τάξεως παρεμπίπτοντας καὶ συμπλεκομένους, μὴ μίαν πρὸς ἅπαντας,
ἀλλὰ πολλὰς καὶ μεμειγμένας κατὰ μέρος τὰς μάχας τίθεσθαι. ταῦτα
τοῦ μὲν Αἰμιλίου τοὺς ἡγεμόνας, τῶν δ´ ἡγεμόνων τοὺς στρατιώτας διδασκόντων,
ὡς πρῶτον ὑπέδυσαν καὶ διέσχον εἴσω τῶν ὅπλων, τοῖς μὲν
ἐκ πλαγίου κατὰ γυμνὰ προσφερόμενοι, τοὺς δὲ ταῖς περιδρομαῖς ἀπολαμβάνοντες,
ἡ μὲν ἰσχὺς καὶ τὸ κοινὸν ἔργον εὐθὺς ἀπωλώλει τῆς φάλαγγος
ἀναρρηγνυμένης, ἐν δὲ ταῖς καθ´ ἕνα καὶ κατ´ ὀλίγους συστάσεσιν
οἱ Μακεδόνες, μικροῖς μὲν ἐγχειριδίοις στερεοὺς καὶ ποδήρεις θυρεοὺς
νύσσοντες, ἐλαφροῖς δὲ πελταρίοις πρὸς τὰς ἐκείνων μαχαίρας, ὑπὸ βάρους
καὶ καταφορᾶς διὰ παντὸς ὅπλου χωρούσας ἐπὶ τὰ σώματα, κακῶς
ἀντέχοντες, ἐτράποντο.
| [20] Comme les Romains, quand ils furent en face de la phalange, n’arrivaient pas à la
rompre, Salvius, le chef des Péligniens, saisissant l’enseigne de ses hommes, la jeta dans les
rangs ennemis. Or c’est un crime et une impiété pour les Italiens d’abandonner une enseigne.
Les Péligniens accoururent donc à l’endroit où la leur était tombée ; et, quand ils furent aux
prises avec l’ennemi, on fit et on souffrit de chaque côté des atrocités. Les uns essayaient
d’écarter les sarisses avec leurs épées, de les écraser sous leurs boucliers, et même de les
détourner en les prenant à pleines mains. Les autres, tenant ferme leur pique à deux mains,
fonçaient sur ceux qui se heurtaient à leurs armes, sans que ni bouclier, ni cuirasse, pût
amortir la violence du coup, et renversaient, la tête la première, les corps des Péligniens et des
Marruciens, qui, sans aucune réflexion, obéissant à une rage bestiale, donnaient tête
baissée au-devant du coup et d’une mort évidente. Ainsi, les hommes du premier rang ayant
été tués, ceux du second reculèrent. Ce n’était pas tout à fait une fuite, mais une retraite vers
le mont Olocre. Pourtant, à cette vue, Paul-Émile, d’après Posidonios, déchira sa tunique. On
le comprend : parmi les Romains, les uns venaient de céder ; les autres se troublaient devant
la phalange, qui n’offrait pas de fissure, et qui, bien au contraire, opposant à l’ennemi une
haie de lances, était de toutes parts inaccessible. Mais l’inégalité du terrain et l’allongement
du front ne permirent pas de maintenir partout cette cohérence parfaite. Il s’aperçut donc que
la phalange macédonienne finissait par présenter, en maint endroit, des déchirures et des
fentes ; phénomène explicable dans une grande armée, où l’élan des combattants varie ; aussi
broyée sur certains points, s’affaissait-elle sur d’autres. Il ramena donc promptement ses
troupes au combat, les divisa en pelotons et leur ordonna de fondre sur les intervalles et les
vides de la formation ennemie, d’y pénétrer et de livrer ainsi, au lieu d’un combat unique
d’ensemble, plusieurs combats partiels et simultanés. Paul-Émile donna ces instructions aux
officiers, qui les répétèrent à leurs hommes ; et ceux-ci se glissèrent à l’intérieur de la
phalange pour la désorganiser. Ils attaquaient de flanc sur les points mal défendus ; ailleurs,
ils rompaient la continuité par des manoeuvres d’encerclement. Aussitôt, c’en fut fait de la
force et de l’efficacité de la phalange, désormais brisée. Les combats qui suivirent étaient
d’homme à homme ou entre petits groupes. Les Macédoniens, frappant avec de petits
poignards les boucliers de fer, qui protégeaient l’ennemi jusqu’aux pieds, et n’ayant que de
légers boucliers à opposer aux épées des Romains, qui, par leur pesanteur et la raideur de leur
tranchant, perçaient toutes les armes défensives pour arriver au corps, furent défaits.
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