[1] Ἐμοὶ μὲν τῆς τῶν βίων ἅψασθαι μὲν γραφῆς συνέβη δι´ ἑτέρους, ἐπιμένειν
δὲ καὶ φιλοχωρεῖν ἤδη καὶ δι´ ἐμαυτόν, ὥσπερ ἐν ἐσόπτρῳ τῇ ἱστορίᾳ
πειρώμενον ἁμῶς γέ πως κοσμεῖν καὶ ἀφομοιοῦν πρὸς τὰς ἐκείνων
ἀρετὰς τὸν βίον. οὐδὲν γὰρ ἀλλ´ ἢ συνδιαιτήσει καὶ συμβιώσει τὸ γινόμενον
ἔοικεν, ὅταν ὥσπερ ἐπιξενούμενον ἕκαστον αὐτῶν ἐν μέρει διὰ τῆς
ἱστορίας ὑποδεχόμενοι καὶ παραλαμβάνοντες ἀναθεωρῶμεν
‘ὅσσος ἔην οἷός τε’,
τὰ κυριώτατα καὶ κάλλιστα πρὸς γνῶσιν ἀπὸ τῶν πράξεων λαμβάνοντες.
φεῦ φεῦ, τί τούτου χάρμα μεῖζον ἂν λάβοις
καὶ πρὸς ἐπανόρθωσιν ἠθῶν ἐνεργότερον; Δημόκριτος μὲν γὰρ
εὔχεσθαί φησι δεῖν, ὅπως εὐλόγχων εἰδώλων
τυγχάνωμεν, καὶ τὰ σύμφυλα καὶ τὰ χρηστὰ μᾶλλον ἡμῖν ἐκ τοῦ περιέχοντος
ἢ τὰ φαῦλα καὶ τὰ σκαιὰ συμφέρηται, λόγον οὔτ´ ἀληθῆ καὶ πρὸς ἀπεράντους
ἐκφέροντα δεισιδαιμονίας εἰς φιλοσοφίαν καταβάλλων· ἡμεῖς δὲ τῇ
περὶ τὴν ἱστορίαν διατριβῇ καὶ τῆς γραφῆς τῇ συνηθείᾳ παρασκευάζομεν
ἑαυτούς, τὰς τῶν ἀρίστων καὶ δοκιμωτάτων μνήμας ὑποδεχομένους ἀεὶ ταῖς
ψυχαῖς, εἴ τι φαῦλον ἢ κακόηθες ἢ ἀγεννὲς αἱ τῶν συνόντων ἐξ ἀνάγκης ὁμιλίαι
προσβάλλουσιν, ἐκκρούειν καὶ διωθεῖσθαι, πρὸς τὰ κάλλιστα τῶν
παραδειγμάτων ἵλεω καὶ πρᾳεῖαν ἀποστρέφοντες τὴν διάνοιαν. ὧν ἐν τῷ
παρόντι προκεχειρίσμεθά σοι τὸν Τιμολέοντος τοῦ Κορινθίου καὶ Αἰμιλίου
Παύλου βίον, ἀνδρῶν οὐ μόνον ταῖς αἱρέσεσιν, ἀλλὰ καὶ ταῖς τύχαις ἀγαθαῖς
ὁμοίως κεχρημένων ἐπὶ τὰ πράγματα, καὶ διαμφισβήτησιν παρεξόντων,
πότερον εὐποτμίᾳ μᾶλλον ἢ φρονήσει τὰ μέγιστα τῶν πεπραγμένων κατώρθωσαν.
| [1] Je me suis mis à la rédaction des Vies pour rendre service aux autres ; mais si, par la suite,
j’y ai persévéré et même avec complaisance, c’était dans mon intérêt. L’histoire me présente,
comme en un miroir, les vertus des grands hommes, auxquelles je m’efforce de conformer ma
vie pour l’embellir. Accueillir à tour de rôle chacun de ces modèles et lui donner l’hospitalité
de l’histoire, n’est-ce pas l’équivalent d’un commerce et d’une liaison intimes ? On peut ainsi
contempler leur grandeur et apprécier leurs qualités en prenant dans leur activité, pour arriver
à les bien connaître, les traits les plus importants et les plus beaux.
Hélas ! hélas ! quel sujet de joie plus grand que celui-ci pourrais-tu trouver?
Et aussi, quoi de plus efficace pour redresser le caractère ? Car, si Démocrite affirme qu’il
nous faut souhaiter d’avoir des images heureuses et de recevoir de l’atmosphère les
représentations les mieux adaptées à notre naturel et les meilleures, au lieu des visions
mauvaises et sinistres, la théorie qu’il introduit ainsi dans la philosophie est fausse et conduit
à des superstitions infinies ; nous, au contraire, par notre commerce avec l’histoire et
l’habitude de l’écrire, nous nous rendons capable de recevoir toujours dans notre âme le
souvenir des hommes les meilleurs et les plus illustres. Ainsi tout ce que la fréquentation du
monde nous présente de vil, de méchant ou de grossier, nous l’écartons et le repoussons en
détournant notre pensée bienveillante et digne vers les plus beaux des exemples. Entre ceux-là
nous avons choisi présentement pour toi la Vie de Timoléon de Corinthe et celle de Paul-
Émile, qui, l’un et l’autre, ont eu non seulement les intentions, mais encore les destinées
bonnes. Ils ont réussi, et l’on ignorera toujours s’ils doivent leurs plus grands succès au
bonheur plutôt qu’à l’intelligence.
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