HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Numa

τὸ



Texte grec :

[26] (1) Τῇ δὲ ἄλλῃ τῶν παρθένων ἀγωγῇ καὶ τὰ περὶ τὰς ἐκδόσεις ὁμολογεῖ, τοῦ μὲν Λυκούργου πεπείρους καὶ ὀργώσας νυμφεύοντος, ὅπως ἥ τε ὁμιλία, δεομένης ἤδη τῆς φύσεως, χάριτος ᾖ καὶ φιλίας ἀρχὴ μᾶλλον ἢ μίσους καὶ φόβου παρὰ φύσιν βιαζομένων, καὶ τὰ σώματα ῥώμην ἔχῃ πρὸς τὸ τὰς κυήσεις ἀναφέρειν καὶ τὰς ὠδῖνας, ὡς ἐπ´ οὐδὲν ἄλλο γαμουμένων ἢ τὸ τῆς τεκνώσεως ἔργον, (2) τῶν δὲ Ῥωμαίων δωδεκαετεῖς καὶ νεωτέρας ἐκδιδόντων· οὕτω γὰρ ἂν μάλιστα καὶ τὸ σῶμα καὶ τὸ ἦθος καθαρὸν καὶ ἄθικτον ἐπὶ τῷ γαμοῦντι γίνεσθαι. (3) δῆλον οὖν ὅτι τὸ μὲν φυσικώτερον πρὸς τέκνωσιν, τὸ δὲ ἠθικώτερον πρὸς συμβίωσιν. (4) Ἀλλὰ μὴν ἐπιστασίαις τε παίδων καὶ συναγελασμοῖς καὶ παιδαγωγίαις καὶ κοινωνίαις, περί τε δεῖπνα καὶ γυμνάσια καὶ παιδιὰς αὐτῶν ἐμμελείαις καὶ διακοσμήσεσιν, οὐδέν τι τοῦ προστυχόντος νομοθέτου βελτίονα τὸν Νομᾶν ὁ Λυκοῦργος ἀποδείκνυσιν, ἐπὶ ταῖς τῶν πατέρων ποιησάμενον : ἐπιθυμίαις ἢ χρείαις τὰς τῶν νέων ἀγωγάς, εἴτε τις ἐργάτην γῆς βούλοιτο ποιεῖν τὸν υἱὸν εἴτε ναυπηγὸν ἢ χαλκέα διδάσκειν ἢ αὐλητήν, (5) ὥσπερ οὐ πρὸς ἓν τέλος ὀφείλοντας ἐξ ἀρχῆς ἄγεσθαι καὶ συνεπιστρέφεσθαι τοῖς ἤθεσιν, ἀλλ´ οἷον εἰς ναῦν ἐπιβάτας ἕτερον ἐξ ἑτέρας ἥκοντα χρείας καὶ προαιρέσεως ἐν τοῖς κινδύνοις μόνον φόβῳ τοῦ ἰδίου συνίστασθαι πρὸς τὸ κοινόν, ἄλλως δὲ τὸ καθ´ αὑτὸν σκοπεῖν ἕκαστον. (6) καὶ τοῖς μὲν πολλοῖς οὐκ ἄξιον ἐγκαλεῖν νομοθέταις ἐλλείπουσιν ἢ δι´ ἄγνοιαν ἢ δι´ ἀσθένειαν· (7) ἀνδρὶ δὲ σοφῷ βασιλείαν παραλαβόντι δήμου νεωστὶ συνισταμένου καὶ πρὸς μηδὲν ἀντιτείνοντος, περὶ τί πρῶτον ἦν σπουδάσαι προσῆκον ἢ παίδων ἐκτροφὴν καὶ νέων ἄσκησιν, ὅπως μὴ διάφοροι μηδὲ ταραχώδεις γένοιντο τοῖς ἤθεσιν, ἀλλ´ εἰς ἕν τι κοινὸν ἀρετῆς ἴχνος εὐθὺς ἐξ ἀρχῆς πλαττόμενοι καὶ τυπούμενοι συμβαίνοιεν ἀλλήλοις; (8) ὃ δὴ πρός τε τὰ ἄλλα καὶ σωτηρίαν νόμων ὠφέλησε τὸν Λυκοῦργον. (9) μικρὸς γὰρ ἦν ὁ τῶν ὅρκων φόβος, εἰ μὴ διὰ τῆς παιδείας καὶ τῆς ἀγωγῆς οἷον ἀνέδευσε τοῖς ἤθεσι τῶν παίδων τοὺς νόμους, καὶ συνῳκείωσε τῇ τροφῇ τὸν ζῆλον τῆς πολιτείας, ὥστε πεντακοσίων ἐτῶν πλείω χρόνον τὰ κυριώτατα καὶ μέγιστα διαμεῖναι τῆς νομοθεσίας, ὥσπερ βαφῆς ἀκράτου καὶ ἰσχυρῶς καθαψαμένης. (10) Νομᾷ δὲ ὅπερ ἦν τέλος τῆς πολιτείας, ἐν εἰρήνῃ καὶ φιλίᾳ τὴν Ῥώμην ὑπάρχειν, εὐθὺς συνεξέλιπε· (11) καὶ μετὰ τὴν τελευτὴν ἐκείνου τὸν ἀμφίθυρον οἶκον, ὃν κεκλεισμένον αὐτὸς συνεῖχεν, ὥσπερ ὄντως ἐν αὐτῷ τιθασεύων καθειργμένον τὸν πόλεμον, ἐξ ἀμφοτέρων ἀναπετάσαντες αἵματος καὶ νεκρῶν τὴν Ἰταλίαν ἐνέπλησαν· (12) καὶ οὐδὲ ὀλίγον χρόνον ἡ καλλίστη καὶ δικαιοτάτη κατάστασις ἔμεινεν, ἅτε δὴ καὶ τὸ συνδετικὸν ἐν αὑτῇ, τὴν παιδείαν, οὐκ ἔχουσα. (13) "Τί οὖν," φήσει τις, "οὐκ ἐπὶ τὸ βέλτιον ἡ Ῥώμη προῆλθε τοῖς πολεμικοῖς;" ἐρωτῶν ἐρώτημα μακρᾶς ἀποκρίσεως δεόμενον πρὸς ἀνθρώπους τὸ βέλτιον ἐν πλούτῳ καὶ τρυφῇ καὶ ἡγεμονίᾳ μᾶλλον ἢ σωτηρίᾳ καὶ πρᾳότητι καὶ τῇ μετὰ δικαιοσύνης αὐταρκείᾳ τιθεμένους. (14) οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τοῦτο Λυκούργῳ που δόξει βοηθεῖν, τὸ Ῥωμαίους μὲν τὴν ἐπὶ Νομᾶ κατάστασιν ἐξαλλάξαντας ἐπιδοῦναι τοῖς πράγμασι τοσοῦτον, Λακεδαιμονίους δὲ ἅμα τῷ πρῶτον ἐκβῆναι τὴν Λυκούργου διάταξιν, ἐκ μεγίστων ταπεινοτάτους γενέσθαι καὶ τὴν τῶν Ἑλλήνων ἡγεμονίαν ἀποβαλόντας κινδυνεῦσαι περὶ ἀναστάσεως. (15) ἐκεῖνο μέντοι τῷ Νομᾷ μέγα καὶ θεῖον ὡς ἀληθῶς ὑπάρχει, τὸ ξένῳ τε μεταπέμπτῳ γενέσθαι καὶ πάντα πειθοῖ μεταβαλεῖν, καὶ κρατῆσαι πόλεως οὔπω συμπεπνευκυίας, μήτε ὅπλων δεηθέντα μήτε βίας τινός, ὡς Λυκοῦργος ἐπὶ τὸν δῆμον ἦγε τοὺς ἀρίστους, ἀλλὰ σοφίᾳ καὶ δικαιοσύνῃ πάντας προσαγαγόμενον καὶ συναρμόσαντα.

Traduction française :

[26] (1) La façon de donner les jeunes filles en mariage est, chez les deux peuples, conforme à l'éducation qu'elles ont reçue. Lycurgue ne les mariait que lorsqu'elles étaient mûres et sentaient le désir de l'amour. Il voulait sans doute que leur union, contractée au moment où la nature le demande, fût le début d'une période de tendresse et d'affection plutôt que de crainte et de haine, comme il eût été à craindre si on leur avait imposé une cohabitation prématurée. Il fallait aussi que leur corps eût assez de force pour supporter la douleur des couches et celle de l'enfantement, le mariage n'ayant d'autre fin pour lui que la naissance des enfants. (2) Les Romains, au contraire, mariaient leurs filles à douze ans, ou même plus tôt; car, de cette façon, elles apporteraient sûrement à leurs époux un corps et un coeur purs et intacts. (3) On le voit, le comportement des Spartiates avait un but physique: favoriser les naissances, et celui des Romains, un but moral: faciliter aux époux la vie commune. (4) Mais, par ailleurs, pour ce qui est de la surveillance des enfants, de leur répartition en groupes, de leur éducation, de leur vie en commun, de l'ordonnance et du contrôle de leurs repas, de leurs exercices et de leurs jeux, Numa n'a aucun avantage sur le premier législateur venu, comme l'établit l'exemple de Lycurgue. Il remit à la discrétion des pères, suivant leurs désirs ou leurs besoins, l'orientation des jeunes gens, que l'on voulût faire de son fils un laboureur, un charpentier, un forgeron ou un flûtiste. (5) Comme si l'on ne devait pas, dès le premier âge, diriger les enfants vers une seule et même fin et façonner leurs moeurs en conséquence! Comme s'ils étaient des passagers qui, montés sur un même navire, mais ayant chacun des besoins et des projets différents, ne s'uniraient pour le bien commun que dans les dangers et uniquement parce qu'ils craignent pour eux-mêmes, tandis que le reste du temps chacun ne songerait qu'à son propre intérêt! (6) Il ne vaudrait pas la peine de reprocher aux autres législateurs une lacune qui résulte de leur ignorance ou de leur faiblesse; (7) mais quand un sage {comme Numa} avait accepté de régner sur un peuple nouvellement constitué et qui ne lui opposait aucune résistance, à quoi devait-il s'appliquer d'abord, sinon à l'éducation des enfants et à la formation des jeunes gens, afin qu'ils ne prennent pas des habitudes différentes et ne deviennent pas turbulents, mais que, façonnés et modelés, dès leurs plus jeunes années, sur un type commun de vertu, ils vivent en harmonie les uns avec les autres? (8) C'est là, entre autres choses, ce qui favorisa la conservation des lois de Lycurgue. (9) Car le respect du serment n'aurait pesé que bien peu, si, par l'éducation et la direction morale des enfants, il n'eût, en quelque sorte, imprégné leur esprit de ses lois en leur inculquant un tel enthousiasme pour le régime établi, que, pendant plus de cinq cents ans, l'essentiel et le principal de sa législation subsista, comme une teinture de bonne qualité imbibe toute l'étoffe. (10) Au contraire, la paix et l'amitié que Numa, par sa législation, avait pour but d'établir à Rome, cessèrent vite d'y régner; (11) et après sa mort le temple à deux portes qu'il tenait fermé, comme s'il y eût réellement tenu la guerre en cage, se rouvrit largement des deux côtés, remplissant l'Italie de sang et de morts. (12) Ainsi le plus beau et le plus juste des régimes ne dura même pas un peu de temps après lui, parce qu'il n'était pas fondé sur l'éducation de la jeunesse. (13) "Comment donc? dira-t-on; les progrès de Rome ne sont-ils pas dus à la guerre?" Cette question exigerait une longue réponse; et comment convaincre ceux qui mettent le progrès dans la richesse, le luxe, la domination, plutôt que dans la sécurité, la mansuétude et la modération accompagnée de la justice? (14) Mais voici encore une constatation qui plaidera pour Lycurgue. Les Romains ne s'agrandirent autant qu'ils le firent qu'après avoir abandonné la constitution de Numa; les Lacédémoniens, dès qu'ils eurent désavoué l'organisation de Lycurgue, tombèrent du premier rang au plus bas; et, après avoir perdu l'hégémonie en Grèce, ils coururent le risque d'une ruine complète. (15) C'est cependant pour Numa un honneur magnifique et vraiment divin d'avoir été appelé au trône, quoique étranger, d'avoir tout réformé par la seule persuasion et de s'être rendu maître d'une ville encore en proie aux divisions, sans avoir besoin d'armes, ni d'aucune forme de contrainte, comme Lycurgue qui dressa l'aristocratie contre le peuple, enfin d'avoir, par le seul effet de sa sagesse et de sa justice, attiré à soi les coeurs des citoyens et établi entre eux l'harmonie.





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Dernière mise à jour : 19/05/2005