[1] ἐπεὶ δοκοῦμεν οὐκ ἀτόπως τῷ Νικίᾳ τὸν Κράσσον
παραβάλλειν, καὶ τὰ Παρθικὰ παθήματα τοῖς Σικελικοῖς, ὥρα
παραιτεῖσθαι καὶ παρακαλεῖν ὑπὲρ ἐμοῦ τοὺς ἐντυγχάνοντας
τοῖς συγγράμμασι τούτοις, ὅπως ἐπὶ ταῖς διηγήσεσιν αἷς
Θουκυδίδης, αὐτὸς αὑτοῦ περὶ ταῦτα παθητικώτατος,
ἐναργέστατος, ποικιλώτατος γενόμενος, ἀμιμήτως ἐξενήνοχε,
μηδὲν ἡμᾶς ὑπολάβωσι πεπονθέναι Τιμαίῳ πάθος ὅμοιον, (2)
ὃς ἐλπίσας τὸν μὲν Θουκυδίδην ὑπερβαλεῖσθαι δεινότητι, τὸν
δὲ Φίλιστον ἀποδείξειν παντάπασι φορτικὸν καὶ ἰδιώτην, διὰ
μέσων ὠθεῖται τῇ ἱστορίᾳ τῶν μάλιστα κατωρθωμένων ἐκείνοις
ἀγώνων καὶ ναυμαχιῶν καὶ δημηγοριῶν, οὐ μὰ Δία
παρὰ Λύδιον ἅρμα πεζὸς οἰχνεύων
ὥς φησι Πίνδαρος, ἀλλ' ὅλως τις ὀψιμαθὴς καὶ μειρακιώδης
φαινόμενος ἐν τούτοις, καὶ κατὰ τὸν Δίφιλον
παχύς, ὠνθυλευμένος στέατι Σικελικῷ,
πολλαχοῦ δ' ὑπορρέων εἰς τὸν Ξέναρχον, (3) ὥσπερ ὅταν λέγῃ
τοῖς Ἀθηναίοις οἰωνὸν ἡγήσασθαι γεγονέναι τὸν ἀπὸ τῆς νίκης
ἔχοντα τοὔνομα στρατηγὸν ἀντειπόντα πρὸς τὴν στρατηγίαν,
καὶ τῇ περικοπῇ τῶν Ἑρμῶν προσημαίνειν αὐτοῖς τὸ δαιμόνιον,
ὡς ὑπὸ Ἑρμοκράτους τοῦ Ἕρμωνος πλεῖστα πείσονται παρὰ
τὸν πόλεμον· ἔτι δ' εἰκὸς εἶναι τὸν Ἡρακλέα τοῖς μὲν
Συρακουσίοις βοηθεῖν διὰ τὴν Κόρην, παρ' ἧς ἔλαβε τὸν
Κέρβερον, ὀργίζεσθαι δὲ τοῖς Ἀθηναίοις, ὅτι τοὺς Αἰγεστέας,
ἀπογόνους ὄντας Τρώων, ἔσωζον, αὐτὸς δ' ὑπὸ Λαομέδοντος
ἀδικηθεὶς ἀνάστατον ἐποίησε τὴν πόλιν. (4) ἀλλὰ τούτῳ μὲν
ἴσως ἀπὸ τῆς αὐτῆς ἐμμελείας ταῦτά τε γράφειν ἐπῄει καὶ τὴν
Φιλίστου διάλεκτον εὐθύνειν, καὶ τοῖς περὶ Πλάτωνα καὶ
Ἀριστοτέλην λοιδορεῖσθαι· ἐμοὶ δ' ὅλως μὲν ἡ περὶ λέξιν
ἅμιλλα καὶ ζηλοτυπία πρὸς ἑτέρους μικροπρεπὲς φαίνεται καὶ
σοφιστικόν, ἂν δὲ πρὸς τὰ ἀμίμητα γίγνηται, (5) καὶ τελέως
ἀναίσθητον. ἃς γοῦν Θουκυδίδης ἐξήνεγκε πράξεις καὶ
Φίλιστος, ἐπεὶ παρελθεῖν οὐκ ἔστι, μάλιστά γε δὴ τὸν τρόπον
καὶ τὴν διάθεσιν τοῦ ἀνδρὸς ὑπὸ πολλῶν καὶ μεγάλων παθῶν
καλυπτομένην περιεχούσας, ἐπιδραμὼν βραχέως καὶ διὰ τῶν
ἀναγκαίων, ἵνα μὴ παντάπασιν ἀμελὴς δοκῶ καὶ ἀργὸς εἶναι,
τὰ διαφεύγοντα τοὺς πολλούς, ὑφ' ἑτέρων δ' εἰρημένα
σποράδην ἢ πρὸς ἀναθήμασιν ἢ ψηφίσμασιν εὑρημένα
παλαιοῖς πεπείραμαι συναγαγεῖν, οὐ τὴν ἄχρηστον ἀθροίζων
ἱστορίαν, ἀλλὰ τὴν πρὸς κατανόησιν ἤθους καὶ τρόπου
παραδιδούς.
| [1] Comme j'ai cru pouvoir avec fondement mettre en parallèle Crassus et
Nicias, et comparer les malheurs du premier chez les Parthes avec le désastre de
l'autre dans la Sicile, je veux d'abord me justifier auprès de ceux de mes lecteurs qui
pourraient croire qu'en racontant les mêmes faits que Thucydide a écrits, et dans
lesquels il s'est élevé au-dessus de lui-même par une véhémence, une énergie et une
variété de récits qu'il est impossible d'imiter, j'ai voulu faire comme Timée, qui,
espérant surpasser cet historien en force et en gravité, et faire passer Philistus pour
un ignorant et un sot, se jette dans son histoire au milieu des combats de terre, des
batailles navales et des harangues publiques, tous objets que ces historiens ont le
mieux traités. Il ne voit pas qu'il n'est auprès d'eux, je ne dis pas "Un homme à pied,
qui court près d'un char de Lydie", suivant l'expression de Pindare ; mais un
enfant, un écrivain sans goût; et, pour me servir des termes de Diphilus, "Un homme
épais, bouffi de graisse de Sicile". Souvent aussi il tombe dans les mêmes inepties
que Xénarque, lorsqu'il dit, par exemple, que c'était un mauvais présage pour les
Athéniens que celui de leurs généraux, dont le nom était formé du mot victoire,
s'opposât à l'expédition de Sicile; que la mutilation des Hermès était, de la part
des dieux, un avis qu'ils auraient beaucoup a souffrir de la part d'Hermocrate, fils
d'Hermon, général de Syracuse; qu'Hercule enfin devait naturellement secourir les
Syracusains, pour reconnaître le bienfait de Proserpine, qui lui avait livré Cerbère; et
qu'il ferait éprouver sa colère aux Athéniens, parce qu'ils soutenaient les habitants
d'Égeste, descendus des Troyens, dont ce dieu avait ruiné la ville, pour venger
l'injure qu'il avait reçue de Laomédon. C'est sans doute par ce même bon sens qui lui
a dicté de si belles choses, qu'il a prétendu corriger le style de Philistus, et qu'il a
injurié Aristote et Platon. Pour moi, je regarde, en général, comme une petitesse
d'esprit digne d'un vain sophiste, cette jalousie, cette rivalité de style; mais quand elle
porte sur des ouvrages qui sont inimitables, c'est, à mon gré, une véritable folie. Il
m'est impossible, en écrivant la vie de Nicias, de passer sous silence les faits que
Thucydide et Philistus ont rapportés; et surtout ceux qui font connaître son caractère
et ses inclinations, qu'un grand nombre d'événements malheureux nous empêchent
souvent de reconnaître; mais je les parcourrai légèrement, et je n'en dirai que ce qui
sera nécessaire pour me faire éviter le reproche de négligence et de paresse. Pour les
autres actions qui sont moins généralement connues, et qu'on trouve éparses ou dans
les historiens, ou sur les anciens monuments. ou dans les décrets publics, je tâcherai
de les rassembler, non pour écrire une histoire inutile et sans fruit, mais pour mettre
dans un plus grand jour le naturel et les moeurs de Nicias.
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