| [9] ὁ δ' οὖν Κῦρος εἰς Σάρδεις μεταπεμψάμενος τὸν 
Λύσανδρον, τὰ μὲν ἔδωκε, τὰ δὲ ὑπέσχετο, νεανιευσάμενος εἰς 
τὴν ἐκείνου χάριν καὶ εἰ μηδὲν ὁ πατὴρ διδῴη καταχορηγήσειν 
τὰ οἰκεῖα· κἂν ἐπιλίπῃ πάντα, κατακόψειν ἔφη τὸν θρόνον ἐφ' 
ᾧ καθήμενος ἐχρημάτιζε, χρυσοῦν καὶ ἀργυροῦν ὄντα. (2) 
τέγος δὲ εἰς Μηδίαν ἀναβαίνων πρὸς τὸν πατέρα, τούς τε 
φόρους ἀπέδειξε τῶν πόλεων λαμβάνειν ἐκεῖνον, καὶ τὴν αὑτοῦ 
διεπίστευσεν ἀρχήν· ἀσπασάμενος δὲ καὶ δεηθεὶς μὴ 
ναυμαχεῖν Ἀθηναίοις, πρὶν αὐτὸν ἀφικέσθαι πάλιν, ἀφίξεσθαι 
δὲ ναῦς ἔχοντα πολλὰς ἔκ τε Φοινίκης καὶ Κιλικίας, ἀνέβαινεν 
ὡς βασιλέα. Λύσανδρος δὲ μήτε ναυμαχεῖν ἀγχωμάλῳ πλήθει 
δυνάμενος μήτε ἀργὸς καθέζεσθαι μετὰ νεῶν τοσούτων, 
ἀναχθεὶς ἐνίας προσηγάγετο τῶν νήσων, Αἴγινάν τε καὶ 
Σαλαμῖνα προσμίξας κατέδραμεν. (3) εἰς δὲ τὴν Ἀττικὴν 
ἀποβὰς καὶ τὸν Ἆγιν ἀσπασάμενος, κατέβη γὰρ αὐτὸς ἐκ 
Δεκελείας πρὸς αὐτόν, ἐπέδειξε τῷ πεζῷ παρόντι τὴν τοῦ 
ναυτικοῦ ῥώμην, ὡς πλέων ᾗ βούλοιτο, κρατῶν τῆς θαλάττης. 
οὐ μὴν ἀλλὰ τοὺς Ἀθηναίους αἰσθόμενος διώκοντας αὐτὸν 
ἄλλῳ δρόμῳ διὰ νήσων ἔφευγεν εἰς τὴν Ἀσίαν. (4) καὶ τὸν 
Ἑλλήσποντον ἔρημον καταλαβὼν ἐπεχείρει Λαμψακηνοῖς 
αὐτὸς ἐκ θαλάττης ταῖς ναυσί, Θώραξ δὲ τῷ πεζῷ στρατῷ 
συνανύσας εἰς τὸ αὐτὸ προσέβαλε τοῖς τείχεσιν. ἑλὼν δὲ τὴν 
πόλιν κατὰ κράτος διαρπάσαι τοῖς στρατιώταις ἔδωκεν. ὁ δὲ 
τῶν Ἀθηναίων στόλος ὀγδοήκοντα καὶ ἑκατὸν τριήρων 
ἐτύγχανε μὲν ἄρτι καθωρμισμένος εἰς Ἐλαιοῦντα τῆς 
Χερρονήσου, πυνθανόμενοι δὲ ἀπολωλέναι τὴν Λάμψακον 
εὐθὺς εἰς Σηστὸν καταίρουσι. (5) κἀκεῖθεν ἐπισιτισάμενοι 
παρέπλευσαν εἰς Αἰγὸς ποταμούς, ἀντιπέρας τῶν πολεμίων ἔτι 
ναυλοχούντων περὶ τὴν Λάμψακον. ἐστρατήγουν δὲ τῶν 
Ἀθηναίων ἄλλοι τε πλείους καὶ Φιλοκλῆς ὁ πείσας ποτὲ 
ψηφίσασθαι τὸν δῆμον ἀποκόπτειν τὸν δεξιὸν ἀντίχειρα τῶν 
ἁλισκομένων κατὰ πόλεμον, ὅπως δόρυ μὲν φέρειν μὴ 
δύνωνται, κώπην δὲ ἐλαύνωσι.
 | [9] X. Cyrus ayant mandé Lysandre à Sardes, 
lui  donna de l'argent, lui en promit encore davantage, et lui dit, avec une 
vanité de jeune homme,  qu'il avait tant d'envie de l'obliger, que si son  père ne 
voulait rien fournir, il prendrait sur ses  revenus ce qui lui serait nécessaire; que si 
tout  venait à lui manquer, il ferait fondre le trône sur  lequel il rendait la justice, et 
qui était d'or et  d'argent massif. Enfin, au moment de partir pour  aller retrouver son 
père en Médie, il lui délégua les tributs des villes, lui confia le gouvernement de ses 
provinces; et, en l'embrassant, il  le pria de ne pas attaquer les Athéniens sur mer 
avant son retour, l'assurant qu'il reviendrait avec  un grand nombre de vaisseaux de 
Phénicie et de  Cilicie. Il partit aussitôt pour se rendre auprès du  roi. Lysandre, qui 
ne pouvant combattre à forces  égales, ne voulait pas cependant rester dans l'inaction 
avec une flotte si nombreuse, alla prendre  quelques îles, pilla celles d'Égine et de 
Salamine,  et fit une descente dans l'Attique, où il alla saluer  le roi Agis, qui était 
venu du fort de Décélie pour  faire voir à ses troupes de terre ces forces navales qui le 
rendaient maître de la mer, au delà  même de ce qu'il eût osé désirer. Mais Lysandre  
ayant appris que les Athéniens se mettaient à sa  poursuite, prit une autre route, et 
s'enfuit en  Asie à travers les îles. Il trouva l'Hellespont sans  défense, et assiégea 
Lampsaque par mer, pendant que Thorax, qui venait d'y arriver en même  temps 
que lui, donnait l'assaut du côté de la terre;  la ville fut prise de force, et abandonnée 
au pillage. XI. Cependant la flotte des Athéniens, forte de  cent quatre-vingts voiles, 
avait jeté l'ancre devant  Éléonte, dans la Chersonèse; mais, informée  de la prise 
de Lampsaque, elle se porta tout de  suite à Seste, et, après s' y être ravitaillée, elle  
remonta jusqu'à Égos-Potamos, et s'arrêta en face  des ennemis, qui étaient encore à 
l'ancre devant  Lampsaque. La flotte athénienne avait plusieurs  commandants, et 
entre autres Philoclès, celui qui  avait fait autrefois ordonner par le peuple qu'on  
couperait le pouce droit à tous les prisonniers de  guerre, afin qu'ils ne pussent plus 
se servir de la  pique, mais seulement manier la rame. 
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