[30] τοιαύτης δὲ τῷ Λυσάνδρῳ τῆς τελευτῆς γενομένης
παραχρῆμα μὲν οὕτως ἤνεγκαν οἱ Σπαρτιᾶται βαρέως, ὥστε τῷ
βασιλεῖ κρίσιν προγράψαι θανατικήν· ἣν οὐχ ὑποστὰς ἐκεῖνος
εἰς Τεγέαν ἔφυγε, κἀκεῖ κατεβίωσεν ἱκέτης ἐν τῷ τεμένει τῆς
Ἀθηνᾶς. (2) καὶ γὰρ ἡ πενία τοῦ Λυσάνδρου τελευτήσαντος
ἐκκαλυφθεῖσα φανερωτέραν ἐποίησε τὴν ἀρετήν, ἀπὸ
χρημάτων πολλῶν καὶ δυνάμεως θεραπείας τε πόλεων καὶ
βασιλέως τοσαύτης μηδὲ μικρὸν ἐπιλαμπρύναντος τὸν οἶκον
εἰς χρημάτων λόγον, ὡς ἱστορεῖ Θεόπομπος, ᾧ μᾶλλον
ἐπαινοῦντι πιστεύσειεν ἄν τις ἢ ψέγοντι, ψέγει γὰρ ἥδιον ἢ
ἐπαινεῖ. (3) χρόνῳ δὲ ὕστερον Ἔφορός φησιν ἀντιλογίας τινὸς
συμμαχικῆς ἐν Σπάρτῃ γενομένης, καὶ τὰ γράμματα
διασκέψασθαι δεῆσαν ἃ παρ' ἑαυτῷ κατέσχεν ὁ Λύσανδρος,
ἐλθεῖν ἐπὶ τὴν οἰκίαν τὸν Ἀγησίλαον. εὑρόντα δὲ τὸ βιβλίον ἐν
ᾧ γεγραμμένος ἦν ὁ περὶ τῆς πολιτείας λόγος, ὡς χρὴ τῶν
Εὐρυπωντιδῶν καὶ Ἀγιαδῶν τὴν βασιλείαν ἀφελομένους εἰς
μέσον θεῖναι καὶ ποιεῖσθαι τὴν αἵρεσιν ἐκ τῶν ἀρίστων, (4)
ὁρμῆσαι μὲν εἰς τοὺς πολίτας τὸν λόγον ἐξενεγκεῖν καὶ
παραδεικνύναι τὸν Λύσανδρον, οἷος ὢν πολίτης διαλάθοι,
Λακρατίδαν δέ, ἄνδρα φρόνιμον καὶ τότε προεστῶτα τῶν
ἐφόρων, ἐπιλαβέσθαι τοῦ Ἀγησιλάου, καὶ εἰπεῖν ὡς δεῖ μὴ
ἀνορύττειν τὸν Λύσανδρον, ἀλλὰ καὶ τὸν λόγον αὐτῷ
συγκατορύττειν οὕτω συντεταγμένον πιθανῶς καὶ πανούργως.
οὐ μὴν ἀλλὰ τάς τε ἄλλας τιμὰς ἀπέδοσαν αὐτῷ
τελευτήσαντι, καὶ τοὺς μνηστευσαμένους τὰς θυγατέρας, εἶτα
μετὰ τὴν τελευτὴν τοῦ Λυσάνδρου πένητος εὑρεθέντος
ἀπειπαμένους ἐζημίωσαν, ὅτι πλούσιον μὲν νομίζοντες
ἐθεράπευον, δίκαιον δὲ καὶ χρηστὸν ἐκ τῆς πενίας ἐπιγνόντες
ἐγκατέλιπον. ἦν γάρ, ὡς ἔοικεν, ἐν Σπάρτῃ καὶ ἀγαμίου δίκη
καὶ ὀψιγαμίου καὶ κακογαμίου· ταύτῃ δὲ ὑπῆγον μάλιστα τοὺς
ἀντὶ τῶν ἀγαθῶν καὶ οἰκείων τοῖς πλουσίοις κηδεύοντας. τὰ
μὲν οὖν περὶ Λύσανδρον οὕτως ἱστορήσαμεν ἔχοντα.
| [30] XXXVI. La mort malheureuse de Lysandre affligea tellement les Spartiates,
qu'ils intentèrent au roi Pausanias une accusation capitale; mais il ne
voulut pas attendre le jugement, et s'enfuit à Tégée, où il se mit, comme suppliant,
sous la protection de Minerve, et y passa le reste de ses jours. La pauvreté de
Lysandre, reconnue après sa mort, donna le plus grand lustre à sa vertu. Après
avoir eu en main des sommes si considérables, et avoir joui d'une si grande
puissance; après avoir vu tant de villes lui faire assidument leur cour ; après avoir
enfin exercé dans la Grèce une espèce de souveraineté, il n'avait pas accru de la
valeur d'une obole l'éclat et la fortune de sa maison : c'est le témoignage qui lui rend
Théopompe, qu'il faut plus en croire quand il loue que lorsqu'il blâme; car il fait l'un
plus volontiers que l'autre. XXXVII. Éphorus rapporte que, peu de temps après la
mort de Lysandre, une contestation qui s'éleva entre Sparte et ses alliés donna lieu
de consulter les Mémoires qu'il avait laissés; et Agésilas se transporta à cet effet dans
sa maison. En visitant ses papiers, il trouva le discours que Cléon avait composé
sur l'avantage qu'il y aurait d'ôter aux maisons régnantes des Eurytionides et des
Agides le droit exclusif au trône, et de l'étendre à tous les Spartiates, en choisissant
les rois parmi les citoyens les plus vertueux. Agésilas voulut sur-le-champ aller
communiquer ce discours au peuple, pour lui faire voir quel homme c'était que
Lysandre, et combien on l'avait mal connu. Mais Lacratidas, homme d'un grand
sens, qui était alors président des éphores, le retint, en lui disant qu'au lieu de tirer
Lysandre du tombeau, il fallait plutôt y ensevelir ce discours, qui, écrit avec
beaucoup d'art, était trop capable de persuader. Quoiqu'il en eût percé quelque
chose parmi le peuple, les Spartiates n'en décernèrent pas moins à Lysandre les
plus grands honneurs. Deux citoyens à qui ses deux filles avaient été fiancées
n'ayant pas voulu les épouser après la mort de leur père, dont ils connurent alors la
pauvreté, ils furent condamnés à l'amende; parce qu'ayant recherché son alliance
pendant sa vie, sur l'opinion qu'ils avaient de sa richesse, ils la dédaignaient après
sa mort, quand sa pauvreté connue attestait sa justice et sa vertu. On voit par là qu'il
y avait à Sparte des peines établies tant contre ceux qui refusaient de se marier ou
qui se mariaient trop tard, que contre ceux qui faisaient des mariages mal assortis. Et
cette dernière peine tombait principalement sur les citoyens qui, au lieu de se marier
dans leur famille, et avec des personnes vertueuses, recherchaient l'alliance des
maisons plus riches. Voilà ce que nous avions à dire de la vie de Lysandre.
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