HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Lycurgue

Chapitre 5

  Chapitre 5

[5] (1) Οἱ δὲ Λακεδαιμόνιοι τὸν Λυκοῦργον ἐπόθουν ἀπόντα καὶ μετεπέμποντο πολλάκις, ὡς τοὺς μὲν βασιλεῖς ὄνομα καὶ τιμήν, ἄλλο δὲ μηδὲν διαφέρον τῶν πολλῶν ἔχοντας, ἐν ἐκείνῳ δὲ φύσιν ἡγεμονικὴν καὶ δύναμιν ἀνθρώπων ἀγωγὸν οὖσαν. (2) οὐ μὴν οὐδὲ τοῖς βασιλεῦσιν ἦν ἀβούλητος παρουσία τοῦ ἀνδρός, ἀλλ´ ἤλπιζον ἐκείνου συμπαρόντος ἧττον ὑβρίζουσι χρῆσθαι τοῖς πολλοῖς. (3) ἐπανελθὼν οὖν πρὸς οὕτω διακειμένους εὐθὺς ἐπεχείρει τὰ παρόντα κινεῖν καὶ μεθιστάναι τὴν πολιτείαν, ὡς τῶν κατὰ μέρος νόμων οὐδὲν ἔργον οὐδὲ ὄφελος, εἰ μή τις ὥσπερ σώματι πονηρῷ καὶ γέμοντι παντοδαπῶν νοσημάτων τὴν ὑπάρχουσαν ἐκτήξας καὶ μεταβαλὼν κρᾶσιν ὑπὸ φαρμάκων καὶ καθαρμῶν ἑτέρας ἄρξεται καινῆς διαίτης. (4) διανοηθεὶς δὲ ταῦτα πρῶτον μὲν ἀπεδήμησεν εἰς Δελφούς· καὶ τῷ θεῷ θύσας καὶ χρησάμενος ἐπανῆλθε τὸν διαβόητον ἐκεῖνον χρησμὸν κομίζων, θεοφιλῆ μὲν αὐτὸν Πυθία προσεῖπε καὶ θεὸν μᾶλλον ἄνθρωπον, εὐνομίας δὲ χρῄζοντι διδόναι καὶ καταινεῖν ἔφη τὸν θεὸν πολὺ κρατίστη τῶν ἄλλων ἔσται πολιτειῶν. (5) Ἐπαρθεὶς δὲ τούτοις προσήγετο τοὺς ἀρίστους καὶ συνεφάπτεσθαι παρεκάλει, κρύφα διαλεγόμενος τοῖς φίλοις πρῶτον, εἶτα οὕτως κατὰ μικρὸν ἁπτόμενος πλειόνων καὶ συνιστὰς ἐπὶ τὴν πρᾶξιν. (6) ὡς δ´ καιρὸς ἧκε, τριάκοντα τοὺς πρώτους ἐκέλευσε μετὰ τῶν ὅπλων ἕωθεν εἰς ἀγορὰν προελθεῖν ἐκπλήξεως ἕνεκα καὶ φόβου πρὸς τοὺς ἀντιπράττοντας. (7) ὧν εἴκοσι τοὺς ἐπιφανεστάτους Ἕρμιππος ἀνέγραψε· τὸν δὲ μάλιστα τῶν Λυκούργου ἔργων κοινωνήσαντα πάντων καὶ συμπραγματευσάμενον τὰ περὶ τοὺς νόμους Ἀρθμιάδαν ὀνομάζουσιν. (8) ἀρχομένης δὲ τῆς ταραχῆς βασιλεὺς Χαρίλαος φοβηθεὶς ὡς ἐπ´ αὐτὸν ὅλης τῆς πράξεως συνισταμένης, κατέφυγε πρὸς τὴν Χαλκίοικον· εἶτα πεισθεὶς καὶ λαβὼν ὅρκους ἀνέστη καὶ μετεῖχε τῶν πραττομένων, φύσει πρᾷος ὤν· (9) ὥς που καὶ λέγεται συμβασιλεύοντα τὸν Ἀρχέλαον αὐτῷ πρὸς τοὺς ἐγκωμιάζοντας τὸν νεανίσκον εἰπεῖν· "Πῶς δ´ ἂν εἴη Χαρίλαος ἀνὴρ ἀγαθός, ὃς οὐδὲ τοῖς πονηροῖς χαλεπός ἐστι;" (10) Πλειόνων δὲ καινοτομουμένων ὑπὸ τοῦ Λυκούργου πρῶτον ἦν καὶ μέγιστον κατάστασις τῶν γερόντων, ἥν φησιν Πλάτων τῇ τῶν βασιλέων ἀρχῇ φλεγμαινούσῃ μιχθεῖσαν καὶ γενομένην ἰσόψηφον εἰς τὰ μέγιστα σωτηρίαν ἅμα καὶ σωφροσύνην παρασχεῖν. (11) αἰωρουμένη γὰρ πολιτεία καὶ ἀποκλίνουσα νῦν μὲν ὡς τοὺς βασιλεῖς ἐπὶ τυραννίδα, νῦν δὲ ὡς τὸ πλῆθος ἐπὶ δημοκρατίαν, οἷον ἕρμα τὴν τῶν γερόντων ἀρχὴν ἐν μέσῳ θεμένη καὶ ἰσορροπήσασα τὴν ἀσφαλεστάτην τάξιν ἔσχε καὶ κατάστασιν, ἀεὶ τῶν ὀκτὼ καὶ εἴκοσι γερόντων τοῖς μὲν βασιλεῦσι προστιθεμένων ὅσον ἀντιβῆναι πρὸς δημοκρατίαν, αὖθις δὲ ὑπὲρ τοῦ μὴ γενέσθαι τυραννίδα τὸν δῆμον ἀναρρωννύντων. (12) τοσούτους δέ φησι κατασταθῆναι τοὺς γέροντας Ἀριστοτέλης, ὅτι τριάκοντα τῶν πρώτων μετὰ Λυκούργου γενομένων . δύο τὴν πρᾶξιν ἐγκατέλιπον ἀποδειλιάσαντες. δὲ Σφαῖρος ἐξ ἀρχῆς φησι τοσούτους γενέσθαι τοὺς τῆς γνώμης μετασχόντας. (13) εἴη δ´ ἄν τι καὶ τὸ τοῦ ἀριθμοῦ δι´ ἑβδομάδος τετράδι πολλαπλασιασθείσης ἀποτελούμενον, καὶ ὅτι τοῖς αὑτοῦ μέρεσιν ἴσος ὢν μετὰ τὴν ἑξάδα τέλειός ἐστιν. (14) ἐμοὶ δὲ δοκεῖ μάλιστα τοσούτους ἀποδεῖξαι τοὺς γέροντας ὅπως οἱ πάντες εἶεν τριάκοντα, τοῖς ὀκτὼ καὶ εἴκοσι τοῖν δυοῖν βασιλέοιν προστιθεμένοιν. [5] (1) Les Lacédémoniens regrettaient l’absence de Lycurgue et ils l’envoyèrent chercher à plusieurs reprises, pensant que leurs Rois, sauf le titre et les honneurs, n’avaient rien qui les distinguât de la masse, mais qu’il avait, lui, le caractère d’un chef et le talent d’un conducteur d’hommes. (2) Encore les Rois eux-mêmes n’étaient-ils pas sans désirer sa présence, dans l’espoir qu’ils auraient, grâce à lui, moins à souffrir de l’insolence du grand nombre. (3) Il revint donc, et, trouvant ses compatriotes disposés comme je l’ai dit, il entreprit de bouleverser l’ordre de choses existant et de changer la Constitution, dans la pensée que les lois de détail n’ont ni effet, ni utilité, si l’on ne procède comme pour un corps malsain et rempli de toutes sortes de maladies. Il faut alors refondre et transformer le tempérament par des remèdes et des purgations, puis le soumettre à un régime tout nouveau. (4) Pénétré de ce principe, il alla d’abord à Delphes; et, après avoir sacrifié au dieu et obtenu une consultation de la Pythie, il revint en rapportant ce fameux oracle, qui le déclarait aimé des dieux et dieu lui-même plutôt qu’homme. Comme il demandait de bonnes lois pour son peuple, le dieu répondait à sa prière par la promesse de lui dicter une Constitution qui serait, de beaucoup, la meilleure de toutes. (5) Transporté de joie par ces déclarations, il gagna l’aristocratie à sa cause et l’exhorta à se mettre à l’oeuvre avec lui. Il commença par s’entretenir secrètement avec ses amis; puis il tâta peu à peu un plus grand nombre de Spartiates, qu’il finit par grouper en vue de l’action. (6) Le moment venu, il prescrivit aux trente premiers citoyens de la ville de se rendre en armes, dès le matin, sur l’agora, pour frapper de terreur et d’épouvante les opposants. (7) Sur ces trente, Hermippe en cite vingt des plus marquants, mais le meilleur auxiliaire des réformes de Lycurgue et le principal collaborateur de sa législation, on le nomme Arthmiade. (8) Au début de l’émeute, le Roi Charilaos effrayé crut que toute l’agitation était dirigée contre lui, et se réfugia dans le temple "d’airain" (=d’Athéna); puis il se laissa persuader d’en sortir, et, sa sûreté étant garantie par serment, il se releva et prit part à la révolution; car il avait un caractère doux: (9) aussi raconte-t-on que son collègue dans la royauté, Archélaos, dit à ceux qui louaient ce Prince, alors tout jeune: "Et comment Charilaos serait-il un homme de bien, lui qui n’est même pas mauvais pour les méchants?" (10) Entre les nombreuses innovations de Lycurgue, la première et la plus grande fut l’établissement du Sénat, qui, Platon l’affirme, associé à l’autorité des Rois, alors dans toute la fièvre d’une restauration, et disposant d’un pouvoir de décision égal dans les grandes affaires, fut, pour l’État, une sauvegarde et une garantie de sagesse. (11) Car la politique était jusqu’alors un jeu de bascule où gagnaient tantôt les Rois, d’où risque de tyrannie, tantôt la foule, d’où risque de démocratie. Il y eut désormais un point d’appui fixe. Le Sénat assurait l’équilibre, et le régime eut la base et l’assiette les plus solides; car, si les vingt-huit sénateurs apportaient toujours leur appui aux Rois dans la mesure où il fallait résister à la tyrannie, en revanche, ils fortifiaient, à l’occasion, le peuple pour empêcher la tyrannie. (12) D’après Aristote, le chiffre de vingt-huit fut fixé par les sénateurs parce que des trente premiers associés de Lycurgue, deux abandonnèrent l’entreprise par lâcheté; mais Sphaeros, dit que, dès le début, il n’avait que vingt-huit partisans. (13) Lycurgue put songer aussi que vingt-huit, produit de sept par quatre, et pouvant donc se diviser en plusieurs parties égales, est le premier nombre parfait après le quadruple de six. (14) Je croirais plutôt que Lycurgue voulait aboutir à un total de trente voix délibératives, en y comprenant les deux Rois.


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Dernière mise à jour : 20/05/2005