[29] (1) Κατειλημμένων δὲ τοῖς ἐθισμοῖς ἤδη τῶν κυριωτάτων ὑπ´ αὐτοῦ,
καὶ τῆς πολιτείας ἐκτεθραμμένης ἱκανῶς καὶ δυναμένης φέρειν ἑαυτὴν καὶ σώζειν
δι´ ἑαυτῆς, ὥσπερ ὁ Πλάτων φησὶν ἐπὶ τῷ κόσμῳ γενομένῳ καὶ κινηθέντι τὴν πρώτην
κίνησιν εὐφρανθῆναι τὸν θεόν, οὕτως ἀγασθεὶς καὶ ἀγαπήσας τὸ τῆς νομοθεσίας
κάλλος καὶ μέγεθος ἐν ἔργῳ γενομένης καὶ ὁδῷ βαδιζούσης, ἐπεθύμησεν, ὡς ἀνυστὸν
ἐξ ἀνθρωπίνης προνοίας, ἀθάνατον αὐτὴν ἀπολιπεῖν καὶ ἀκίνητον εἰς τὸ μέλλον.
(2) συναγαγὼν οὖν ἅπαντας εἰς ἐκκλησίαν, τὰ μὲν ἄλλα μετρίως ἔχειν ἔφη καὶ ἱκανῶς
πρὸς εὐδαιμονίαν καὶ ἀρετὴν τῆς πόλεως, ὃ δὲ κυριώτατόν ἐστι καὶ μέγιστον οὐκ ἂν
ἐξενεγκεῖν πρότερον πρὸς αὐτοὺς ἢ χρήσασθαι τῷ θεῷ. (3) δεῖν οὖν ἐκείνους ἐμμένειν
τοῖς καθεστῶσι νόμοις καὶ μηδὲν ἀλλάσσειν μηδὲ μετακινεῖν ἕως ἐπάνεισιν ἐκ
Δελφῶν αὐτός· ἐπανελθὼν γὰρ ὅ τι ἂν τῷ θεῷ δοκῇ ποιήσειν. (4) ὁμολογούντων δὲ πάντων
καὶ κελευόντων βαδίζειν, ὅρκους λαβὼν παρὰ τῶν βασιλέων καὶ τῶν γερόντων, ἔπειτα
παρὰ τῶν ἄλλων πολιτῶν, ἐμμενεῖν καὶ χρήσεσθαι τῇ καθεστώσῃ πολιτείᾳ μέχρις ἂν
ἐπανέλθῃ ὁ Λυκοῦργος, ἀπῆρεν εἰς Δελφούς. (5) Παραγενόμενος δὲ πρὸς τὸ μαντεῖον καὶ
τῷ θεῷ θύσας, ἠρώτησεν εἰ καλῶς οἱ νόμοι καὶ ἱκανῶς πρὸς εὐδαιμονίαν καὶ ἀρετὴν
πόλεως κείμενοι τυγχάνουσιν. (6) ἀποκριναμένου δὲ τοῦ θεοῦ καὶ τοὺς νόμους καλῶς
κεῖσθαι καὶ τὴν πόλιν ἐνδοξοτάτην διαμενεῖν τῇ Λυκούργου χρωμένην πολιτείᾳ, τὸ
μάντευμα γραψάμενος εἰς Σπάρτην ἀπέστειλεν. (7) αὐτὸς δὲ τῷ θεῷ πάλιν θύσας καὶ τοὺς
φίλους ἀσπασάμενος καὶ τὸν υἱόν, ἔγνω μηκέτι τοῖς πολίταις ἀφεῖναι τὸν ὅρκον,
αὐτοῦ δὲ καταλῦσαι τὸν βίον ἑκουσίως, ἡλικίας γεγονὼς ἐν ᾗ καὶ βιοῦν ἔτι καὶ
πεπαῦσθαι βουλομένοις ὡραῖόν ἐστι, καὶ τῶν περὶ αὐτὸν ἱκανῶς πρὸς εὐδαιμονίαν
ἔχειν δοκούντων. (8) ἐτελεύτησεν οὖν ἀποκαρτερήσας, ἡγούμενος χρῆναι τῶν πολιτικῶν
ἀνδρῶν μηδὲ τὸν θάνατον ἀπολίτευτον εἶναι μηδὲ ἀργὸν τὸ τοῦ βίου τέλος, ἀλλ´ ἐν
ἀρετῆς μερίδι καὶ πράξεως γενόμενον. (9) αὑτῷ τε γὰρ ἐξειργασμένῳ τὰ κάλλιστα τὴν
τελευτὴν ὡς ἀληθῶς ἐπιτελείωσιν εἶναι τῆς εὐδαιμονίας, καὶ τοῖς πολίταις ὧν διὰ
τοῦ βίου παρεσκεύασε καλῶν καὶ ἀγαθῶν φύλακα τὸν θάνατον ἀπολείψειν, ὀμωμοκόσι
χρῆσθαι τῇ πολιτείᾳ μέχρις ἂν ἐκεῖνος ἐπανέλθῃ. (10) καὶ οὐ διεψεύσθη τῶν λογισμῶν·
τοσοῦτον ἐπρώτευσεν ἡ πόλις τῆς Ἑλλάδος εὐνομίᾳ καὶ δόξῃ, χρόνον ἐτῶν
πεντακοσίων τοῖς Λυκούργου χρησαμένη νόμοις, οὓς δεκατεσσάρων βασιλέων μετ´
ἐκεῖνον εἰς Ἆγιν τὸν Ἀρχιδάμου γενομένων οὐδεὶς ἐκίνησεν. (11) ἡ γὰρ τῶν ἐφόρων
κατάστασις οὐκ ἄνεσις ἦν, ἀλλ´ ἐπίτασις τῆς πολιτείας, καὶ δοκοῦσα πρὸς τοῦ
δήμου γεγονέναι σφοδροτέραν ἐποίησε τὴν ἀριστοκρατίαν.
| [29] (1) Les principales de ses réformes étant désormais entrées dans les moeurs, et sa
Constitution assez affermie pour pouvoir subsister et se maintenir par elle-même, il éprouva la
même impression de joie que Platon prête à Dieu après la naissance du monde et sa mise en
marche. Émerveillé devant la grandeur et la beauté de sa législation, appliquée désormais et
commençant sa carrière, il désira la rendre, autant que la prudence humaine était capable d’y
pourvoir, et la laisser après lui immortelle et immuable. (2) Il réunit donc l’ensemble des
citoyens en assemblée, et déclara que les institutions étaient bien équilibrées et susceptibles
d’assurer le bonheur et la vertu des citoyens. Restait pourtant une réforme capitale, la plus
grande de toutes, qu’il ne pourrait leur exposer avant d’avoir consulté le dieu. (3) Il leur fallait
donc rester fidèles aux lois établies, sans y rien changer ni déformer, jusqu’à son retour de
Delphes; il ferait alors la volonté du dieu. (4) Tous en furent d’accord et l’invitèrent à partir. Il
reçut des Rois et des sénateurs, puis des autres citoyens, le serment de rester fidèles à la
Constitution établie et de l’appliquer jusqu’à son retour. Il se rendit ensuite à Delphes. (5)
Arrivé au temple prophétique, il sacrifia au dieu et demanda si ses lois étaient bonnes et
propres à faire régner le bonheur et la vertu dans l’État. (6) Le dieu répondit que ses lois
étaient bonnes et que la ville resterait très glorieuse tant qu’elle appliquerait la Constitution de
Lycurgue. Il fit transcrire cet oracle, qu’il envoya à Sparte; (7) et lui-même, après avoir offert
un nouveau sacrifice au dieu et avoir embrassé ses amis et son fils, décida de ne jamais tenir
ses concitoyens quittes de leur serment et de terminer là sa vie volontairement. Il était à l’âge
où vivre encore et finir sa carrière sont également de saison, et les résultats de son activité
paraissaient heureux. (8) Il se laissa donc mourir de faim, pensant que même la fin des hommes
d’État ne devait pas être étrangère à leur action politique, et que l’achèvement de leur vie, loin
de rester inerte, devait être une part de leur mérite et de leur action. (9) Car, lorsqu’il avait
accompli les plus belles tâches, sa fin était en réalité l’accomplissement de son bonheur; et il
laisserait à ses concitoyens sa propre mort comme gardienne de tous les avantages et de tous
les biens qu’il leur assurait pendant sa vie, puisqu’ils lui avaient juré d’appliquer sa
Constitution jusqu’à son retour. (10) Et il ne fut pas trompé dans ses calculs; car sa ville fut la
première de la Grèce, par la bonne législation et la gloire, exactement pendant les cinq cents
ans où elle appliqua les lois de Lycurgue, que nul des quatorze Rois qui régnèrent depuis son
temps jusqu’à Agis, fils d’Archidamos, n’ébranla. (11) L’institution des éphores n’était pas, en
effet, un relâchement, mais un raidissement de sa Constitution; et, bien qu’elle parût faite dans
l’intérêt du peuple, elle rendit l’aristocratie plus forte.
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