[24] (1) Ἡ δὲ
παιδεία μέχρι τῶν ἐνηλίκων διέτεινεν. οὐδεὶς γὰρ ἦν ἀφειμένος ὡς ἐβούλετο ζῆν,
ἀλλ´ οἷον ἐν στρατοπέδῳ τῇ πόλει καὶ δίαιταν ἔχοντες ὡρισμένην καὶ διατριβὴν
περὶ τὰ κοινά, καὶ ὅλως νομίζοντες οὐχ αὑτῶν, ἀλλὰ τῆς πατρίδος εἶναι διετέλουν,
εἰ μή τι πράττειν ἕτερον εἴη προστεταγμένον, ἐπισκοποῦντες τοὺς παῖδας, καὶ
διδάσκοντές τι τῶν χρησίμων ἢ μανθάνοντες αὐτοὶ παρὰ τῶν πρεσβυτέρων. (2) καὶ γὰρ ἕν
τι τοῦτο τῶν καλῶν ἦν καὶ μακαρίων ἃ παρεσκεύασε τοῖς ἑαυτοῦ πολίταις ὁ
Λυκοῦργος, ἀφθονία σχολῆς, οἷς τέχνης μὲν ἅψασθαι βαναύσου τὸ παράπαν οὐκ
ἐφεῖτο, χρηματισμοῦ δὲ συναγωγὴν ἔχοντος ἐργώδη καὶ πραγματείαν οὐδ´ ὁτιοῦν
ἔδει, διὰ τὸ κομιδῇ τὸν πλοῦτον ἄζηλον γεγονέναι καὶ ἄτιμον. οἱ δὲ εἵλωτες
αὐτοῖς εἰργάζοντο τὴν γῆν, ἀποφορὰν τὴν εἰρημένην τελοῦντες. (3) ἐπιδημῶν δέ τις
Ἀθήνησι δικαστηρίων ὄντων, καὶ πυθόμενός τινα δίκην ἀργίας ὠφληκότα βαδίζειν
ἀθυμοῦντα καὶ προπεμπόμενον ὑπὸ τῶν φίλων συναχθομένων καὶ βαρέως φερόντων,
ἐδεῖτο δεῖξαι τοὺς συμπαρόντας αὐτῷ τίς ἐστιν ὁ τὴν ἐλευθερίας ἑαλωκὼς δίκην.
οὕτω δουλοπρεπὲς ἡγοῦντο τὴν περὶ τὰς τέχνας καὶ τὸν χρηματισμὸν ἀσχολίαν. (4) δίκαι
δέ, ὡς εἰκός, ἐξέλιπον ἅμα τῷ νομίσματι, μήτε πλεονεξίας μήτε ἀπορίας αὐτοῖς
παρούσης, ἰσότητος δὲ ἐν εὐπορίᾳ καὶ ῥᾳστώνης δι´ εὐτέλειαν γεγενημένης. (5) χοροὶ
δὲ καὶ θαλίαι καὶ εὐωχίαι καὶ διατριβαὶ περί τε θήρας καὶ γυμνάσια καὶ λέσχας
τὸν ἅπαντα χρόνον ἐπεχωρίαζον, ὅτε μὴ στρατευόμενοι τύχοιεν.
| [24] (1) L’éducation se prolongeait pour les Spartiates jusque dans l’âge mûr; car nul n’avait la
liberté de vivre à sa guise. On était dans la ville comme dans un camp, où les détails de
l’existence étaient réglés ainsi que le service public auquel on était astreint. Car les citoyens se
considéraient, pendant toute leur vie, comme appartenant à la patrie, et non à eux-mêmes. Si
aucune tâche particulière ne leur était assignée, ils allaient donc surveiller les enfants et leur
donner quelque leçon utile, ou bien s’instruire auprès de leurs aînés. (2) Et, en effet, c’était un
des nobles et bienheureux privilèges assurés par Lycurgue à ses concitoyens que l’abondance
de loisirs. Ils n’avaient absolument pas le droit d’exercer un métier manuel, et se livrer à une
besogne laborieuse ou à un trafic pour amasser de l’argent n’était nullement nécessaire, puisque
la richesse n’excitait aucune convoitise et n’attirait aucune considération. Les hilotes
travaillaient la terre pour les Spartiates et s’acquittaient envers eux de la redevance dont j’ai
parlé. (3) Un Spartiate qui se trouvait en voyage à Athènes lors d’une session des tribunaux,
apprit qu’un citoyen condamné pour oisiveté se retirait désespéré, escorté de ses amis qui
partageaient sa peine et son émoi. Il pria ceux qui se trouvaient à ses côtés de lui montrer
l’homme convaincu du crime de liberté. Tant les Spartiates jugeaient servile de s’adonner aux
métiers et au commerce! (4) Les procès privés, comme de juste, avaient disparu avec la
monnaie, puisqu’on ignorait le désir du gain et la gêne et que l’égalité régnait dans l’abondance
avec l’aisance, grâce à la simplicité. (5) Les choeurs, les fêtes, les banquets, les
divertissements de la chasse, des exercices physiques, des causeries, prenaient tout le temps,
quand on ne se trouvait pas en campagne.
|