[20] (1) Τῆς δὲ πρὸς τὰ μήκη τῶν λόγων διαβολῆς δείγματα
τοιαῦτα τῶν ἀποφθεγμάτων ἐστί. Λεωνίδας ὁ βασιλεὺς ἀκαίρως τινὸς περὶ πραγμάτων
οὐκ ἀχρήστων διαλεχθέντος, "Ὦ ξένε," εἶπεν, "οὐκ ἐν δέοντι χρέῃ τῷ δέοντι."
(2) Χαρίλαος δὲ ὁ ἀδελφιδοῦς τοῦ Λυκούργου περὶ τῆς ὀλιγότητος αὐτοῦ τῶν νόμων
ἐρωτηθείς, εἶπεν ὡς οἱ λόγοις μὴ χρώμενοι πολλοῖς οὐδὲ νόμων δέονται πολλῶν.
(3) Ἀρχιδαμίδας δὲ μεμφομένων τινῶν Ἑκαταῖον τὸν σοφιστὴν ὅτι παραληφθεὶς εἰς τὸ
συσσίτιον οὐδὲν ἔλεγεν, "Ὁ εἰδώς," ἔφη, "λόγον καὶ καιρὸν οἶδεν." (4) ἃ δὲ τῶν
πικρῶν ἔφην ἀπομνημονευμάτων οὐκ ἀμοιρεῖν χάριτος, τοιαῦτ´ ἐστί. (5) Δημάρατος
ἀνθρώπου πονηροῦ κόπτοντος αὐτὸν ἀκαίροις ἐρωτήμασι καὶ δὴ τοῦτο πολλάκις
ἐρωτῶντος, "Τίς ἄριστος Σπαρτιατῶν;" ἔφη· "Ὁ τὶν ἀνομοιότατος." (6) Ἆγις δέ,
ἐπαινούντων τινῶν τοὺς Ἠλείους ὡς καλῶς τὰ Ὀλύμπια καὶ δικαίως ἄγοντας, "Καὶ τί
μέγα," ἔφη, "Ἠλεῖοι ποιοῦντι δι´ ἐτῶν πέντε ἁμέρᾳ μιᾷ χρώμενοι τᾷ δικαιοσύνᾳ;"
(7) Θεόπομπος δὲ ξένου τινὸς εὔνοιαν ἐνδεικνυμένου, καὶ φάσκοντος ὡς παρὰ τοῖς αὑτοῦ
πολίταις φιλολάκων καλεῖται, "Κάλλιον ἦν τοι," εἶπεν, "ὦ ξένε, φιλοπολίταν
καλεῖσθαι." (8) Πλειστῶναξ δὲ ὁ Παυσανίου, ῥήτορος Ἀθηναίου τοὺς Λακεδαιμονίους
ἀμαθεῖς ἀποκαλοῦντος, "Ὀρθῶς," ἔφη, "λέγεις· μόνοι γὰρ Ἑλλάνων ἄμμες οὐδὲν κακὸν
μεμαθήκαμεν παρ´ ὑμῶν." (9) Ἀρχιδαμίδας δὲ πρὸς τὸν πυθόμενον πόσοι εἰσὶ Σπαρτιᾶται,
"Ἱκανοί," εἶπεν, "ὦ ξένε, τοὺς κακοὺς ἀπερύκειν." (10) Ἔστι δὲ καὶ τοῖς μετὰ παιδιᾶς
εἰρημένοις ὑπ´ αὐτῶν τεκμήρασθαι τὸν ἐθισμόν. (11) εἰθίζοντο γὰρ μηδέποτε χρῆσθαι τῷ
λόγῳ παρέργως, μηδὲ ἀφιέναι φωνὴν ἥτις οὐκ ἁμῶς γέ πως εἶχέ τινος θεωρίας ἀξίαν
διάνοιαν. (12) ὁ μὲν γὰρ ἀκοῦσαι τοῦ μιμουμένου τὴν ἀηδόνα παρακαλούμενος, "Αὐτᾶς,"
ἔφη, "ἄκουκα τήνας." (13) ὁ δὲ ἀναγνοὺς τὸ ἐπίγραμμα τοῦτο· « Σβεννύντας ποτὲ τούσδε
τυραννίδα χάλκεος Ἄρης / εἷλε· Σελινοῦντος δ´ ἀμφὶ πύλας ἔθανον », "Δικαίως," εἶπε,
"τεθνάκαντι τοὶ ἄνδρες· ἔδει γὰρ ἀφέμεν ὅλαν αὐτὰν κατακαᾶμεν." (14) νεανίσκος δὲ
πρὸς τὸν ἐπαγγελλόμενον αὐτῷ δώσειν ἀλεκτρυόνας ἀποθνήσκοντας ἐν τῷ μάχεσθαι,
"Μὴ σύ γε," εἶπεν, "ἀλλὰ δός μοι τῶν ἀποκτεινόντων ἐν τῷ μάχεσθαι." (15) ἕτερος δέ
τις ἰδὼν ἐν ἀποχωρήσει θακεύοντας ἐπὶ δίφρων ἀνθρώπους, "Μὴ γένοιτο," εἶπεν,
"ἐνταῦθα καθίσαι ὅθεν οὐκ ἔστιν ὑπεξαναστῆναι πρεσβυτέρῳ." τὸ μὲν οὖν τῶν
ἀποφθεγμάτων εἶδος ἦν τοιοῦτον ὥστε καὶ λέγειν τινὰς οὐκ ἀτόπως ὅτι μᾶλλόν ἐστι
τὸ φιλοσοφεῖν ἢ τὸ φιλογυμναστεῖν λακωνίζειν.
| [20] (1) L’aversion des Spartiates pour les longueurs est établie par quelques-unes de leurs
répliques sentencieuses. Le Roi Léonidas dit à quelqu’un qui l’entretenait mal à propos de
sujets d’ailleurs intéressants: "Étranger, tu dis ce qu’il faut, mais non quand il le faut!" (2)
Charilaos, le neveu de Lycurgue, à qui l’on demandait pourquoi son oncle avait fait peu de lois,
répondit: "Ceux qui ne font pas beaucoup de discours n’ont pas non plus besoin de beaucoup de
lois!" (3) Archidamidas, comme on se plaignait à lui du sophiste Hécatée, qui, invité au repas
public, ne disait rien, riposta: "Celui qui sait parler sait aussi le temps de parler!" (4) Quant à
ces pointes dont j’ai dit qu’elles ne manquaient pas de grâce, en voici des exemples. (5)
Démarate, qu’un homme de rien accablait de questions indiscrètes, lui demandant en
particulier, à plusieurs reprises, quel était le meilleur des Spartiates, répondit: "Le plus
différent de toi!" (6) Agis, devant qui on louait la correction et la justice des Éléens dans
l’attribution des récompenses aux jeux Olympiques, s’écria: "Quelle grande merveille si les
Éléens pratiquent la justice un jour tous les cinq ans!" (7) Théopompe dit à un étranger qui lui
montrait de bonnes dispositions et affirmait que chez ses propres concitoyens on l’appelait ami
de Lacédémone: "Il serait beau pourtant, étranger, d’être appelé ami de tes compatriotes!" (8)
Pleistonax, fils de Pausanias, ripostait à un orateur athénien qui traitait les Lacédémoniens
d’ignorants: "Tu dis vrai; car, seuls entre les Grecs, nous n’avons appris aucun mal de vous!"
(9) Archidamidas, à qui l’on demandait combien étaient les Spartiates, répondit: "Assez
nombreux, étrangers, pour écarter les méchants!" (10) Il est possible aussi, d’après leurs
plaisanteries, de conjecturer leur manière habituelle de parler; (11) car ils s’habituaient à ne
jamais se servir de la parole au hasard et à ne jamais laisser échapper un mot, qui, d’une façon
quelconque, ne comportât un sens digne d’examen. (12) Car l’un d’eux, invité à écouter un
artiste qui imitait le chant du rossignol, répondit: "J’ai entendu les rossignols eux-mêmes!" (13)
Un autre, en lisant cette épitaphe: "Comme ils éteignaient autrefois la tyrannie, Arès de bronze
les a pris, ils sont morts aux portes de Sélinonte", s’écria: "La mort de ces hommes était juste;
car ils auraient dû laisser brûler la tyrannie tout entière!" (14) Un petit jeune homme, à qui l’on
promettait de donner des coqs qui mouraient au combat, répliqua: "Oh non! donne-m’en plutôt
de ceux qui tuent au combat!" (15) Un autre encore, à la vue de voyageurs qui se déplaçaient en
voiture, exprima ce voeu: "Qu’il ne m’arrive jamais d’être assis en un lieu d’où je ne puisse me
lever pour faire honneur à un aîné!" (16) Telle était donc la tournure habituelle de leurs
sentences; aussi quelques écrivains disent-ils assez justement que laconiser, c’est s’exercer à la
sagesse plutôt qu’aux jeux athlétiques.
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