[7] Λεύκολλος δὲ τάγμα μὲν αὐτόθεν ἔχων συντεταγμένον
ὑπ´ αὐτοῦ διέβαινεν εἰς τὴν Ἀσίαν· ἐκεῖ δὲ τὴν
ἄλλην παρέλαβε δύναμιν, πάντων μὲν πάλαι τρυφαῖς διεφθορότων
καὶ πλεονεξίαις, τῶν δὲ Φιμβριανῶν λεγομένων
καὶ διὰ συνήθειαν ἀναρχίας δυσμεταχειρίστων γεγονότων.
οὗτοι γὰρ ἦσαν οἱ Φλάκκον τε μετὰ Φιμβρίου
τὸν ὕπατον καὶ στρατηγὸν ἀνῃρηκότες αὐτόν τε τὸν
Φιμβρίαν Σύλλᾳ προδεδωκότες, αὐθάδεις μὲν ἄνθρωποι
καὶ παράνομοι, μάχιμοι δὲ καὶ τλήμονες μετ´ ἐμπειρίας
πολέμου. οὐ μὴν ἀλλὰ βραχεῖ χρόνῳ καὶ τούτων τὸ
θράσος ὁ Λεύκολλος ἐξέκοψε καὶ τοὺς ἄλλους ἐπέστρεψε,
τότε πρῶτον ὡς ἔοικε πειρωμένους ἄρχοντος ἀληθινοῦ
καὶ ἡγεμόνος· ἄλλως δ´ ἐδημαγωγοῦντο, πρὸς ἡδονὴν
ἐθιζόμενοι στρατεύεσθαι.
Τὰ δὲ τῶν πολεμίων οὕτως εἶχε. Μιθριδάτης, ὥσπερ
οἱ πολλοὶ τῶν σοφιστῶν κομπώδης ἐν ἀρχῇ καὶ σοβαρὸς
ἐπὶ Ῥωμαίους ἀναστὰς διακένῳ δυνάμει, λαμπρᾷ δὲ καὶ
πανηγυρικῇ τὴν ὄψιν, εἶτ´ ἐκπεσὼν καταγελάστως καὶ
νουθετηθείς, ὅτε τὸ δεύτερον πολεμεῖν ἔμελλεν, εἰς ἀληθινὴν
καὶ πραγματικὴν συνέστελλε τὰς δυνάμεις παρασκευήν.
ἀφελὼν γὰρ τὰ παντοδαπὰ πλήθη καὶ τὰς πολυγλώσσους
ἀπειλὰς τῶν βαρβάρων, ὅπλων τε διαχρύσων
καὶ διαλίθων κατασκευάς, ὡς λάφυρα τῶν κρατούντων,
οὐκ ἀλκήν τινα τῶν κεκτημένων ὄντα, ξίφη μὲν
ἠλαύνετο Ῥωμαϊκά, καὶ θυρεοὺς ἐμβριθεῖς ἐπήγνυτο,
καὶ γεγυμνασμένους μᾶλλον ἢ κεκοσμημένους ἤθροιζεν
ἵππους, πεζῶν δὲ μυριάδας δώδεκα κατεσκευασμένων
εἰς φάλαγγα Ῥωμαϊκήν, ἱππεῖς δὲ πρὸς μυρίοις ἑξακισχιλίους
ἄνευ τῶν δρεπανηφόρων τεθρίππων· ταῦτα δ´ ἦν
ἑκατόν· ἔτι δὲ ναῦς οὐ χρυσορόφοις σκηνίσιν οὐδὲ λουτροῖς
παλλακίδων καὶ γυναικωνίτισι τρυφώσαις ἠσκημένας, ἀλλ´
ὅπλων καὶ βελῶν καὶ χρημάτων γεμούσας παραρτισάμενος,
ἐνέβαλεν εἰς Βιθυνίαν, τῶν πόλεων αὖθις ἀσμένως
ὑποδεχομένων οὐ μόνον τούτων, ἀλλὰ καὶ τὴν Ἀσίαν
ὅλην ὑποτροπὴ τῶν ἔμπροσθεν νοσημάτων εἶχεν, ἀφόρητα
πάσχουσαν ὑπὸ Ῥωμαϊκῶν δανειστῶν καὶ τελωνῶν·
οὓς ὕστερον μὲν ὥσπερ Ἁρπυίας τὴν τροφὴν ἁρπάζοντας
αὐτῶν ὁ Λεύκολλος ἐξήλασε, τότε δὲ μετριωτέρους
ἐπειρᾶτο νουθετῶν ποιεῖν, καὶ τὰς ἀποστάσεις κατέπαυε
τῶν δήμων, οὐδενὸς ὡς ἔπος εἰπεῖν ἡσυχάζοντος.
| [7] VII. Lucullus, à la tête d'une légion qu'il avait levée
sur place, passa en Asie. Les troupes qu'il y trouva
étaient toutes, depuis longtemps, corrompues par la
débauche et l'avidité; mais les Fimbriens, par leur
habitude de l'indiscipline, étaient devenus intraitables.
C'étaient les soldats qui, après avoir tué, de concert
avec Fimbria, le consul Flaccus, leur généralissime,
avaient livré Fimbria lui-même à Sylla. Ils étaient insolents
et déréglés, mais belliqueux et hardis; et ils joignaient
à ces qualités l'expérience de la guerre. Cependant
il ne fallut pas longtemps à Lucullus pour rabaisser
l'insolence, même chez eux, et retourner les autres, qui,
semble-t-il, virent alors, pour la première fois, ce qu'était
un vrai chef et un vrai général : n'ayant connu jusque-là
que des démagogues, ils étaient habitués à faire la guerre
à leur fantaisie. Du côté des ennemis, voici comment
allaient les choses. La stratégie de Mithridate ressemblait
à l'éloquence de la plupart des sophistes. Au début,
plein de faste et de présomption, il se dressait contre les
Romains avec des forces sans aucune consistance, mais
imposantes et théâtrales. Mais il succomba d'une façon
ridicule; et, averti par l'expérience, quand il fallut
recommencer la guerre, il concentra ses troupes de façon
à leur donner une véritable efficacité. Il supprima les
foules bigarrées, les menaces que les Barbares lançaient
dans leurs idiomes variés, l'appareil des armes dorées et
enrichies de pierreries, qui pouvaient servir de dépouilles
aux vainqueurs, mais n'étaient d'aucun secours à leurs
possesseurs. Il fit faire des épées à la romaine, des boucliers
solides et pesants; il rassembla des chevaux plutôt
exercés que parés, cent vingt mille fantassins dont la
formation de combat était la même que celle des Romains,
et seize mille cavaliers, sans compter les quadriges armés
de faulx : il y en avait cent. De plus, il fit mettre en état
des vaisseaux qui n'étaient pas luxueusement pourvus
de pavillons au dôme d'or, de bains pour courtisanes et
d'appartements somptueux de femmes, mais qui regorgeaient
d'armes, de traits et d'argent. Il envahit ensuite
la Bithynie, dont les cités, cette fois encore, l'accueillirent
avec joie. Elles ne furent pas les seules : l'Asie
entière était prise d'un accès de son ancien mal, car
elle subissait des exactions intolérables de la part des
usuriers et des publicains de Rome, qui, pareils à des
Harpies, lui arrachaient sa nourriture. Dans la suite,
Lucullus les chassa; mais alors il s'efforçait de les rendre
plus modérés par ses réprimandes et de faire ainsi cesser
les défections des peuples, dont aucun, pour ainsi dire,
ne restait tranquille.
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