[6] Ἐν τούτῳ δ´ ὁ τὴν Κιλικίαν ἔχων Ὀκτάουϊος ἠγγέλθη
τεθνηκώς. σπαργώντων δὲ πολλῶν πρὸς τὴν ἐπαρχίαν
καὶ Κέθηγον ὡς δυνατώτατον ὄντα διαπράξασθαι
θεραπευόντων, αὐτῆς μὲν ὁ Λεύκολλος Κιλικίας οὐ πολὺν
εἶχε λόγον, οἰόμενος δ´ εἰ λάβοι ταύτην, ἐγγὺς οὔσης
Καππαδοκίας, ἄλλον οὐδένα πεμφθήσεσθαι πολεμήσοντα
Μιθριδάτην, πᾶσαν ἔστρεφε μηχανὴν ὑπὲρ τοῦ μὴ
προέσθαι τὴν ἐπαρχίαν ἑτέρῳ, καὶ τελευτῶν ἔργον οὐ
σεμνὸν οὐδ´ ἐπαινετόν, ἄλλως δ´ ἀνύσιμον πρὸς τὸ τέλος
ἐκ τῆς ἀνάγκης ὑπέμεινε παρὰ τὴν ἑαυτοῦ φύσιν. Πραικία
τις ἦν ὄνομα τῶν ἐφ´ ὥρᾳ καὶ λαμυρίᾳ διαβοήτων
ἐν τῇ πόλει, τὰ μὲν ἄλλα κρείττων οὐδὲν ἀνέδην ἑταιρούσης
γυναικός, ἐκ δὲ τοῦ χρῆσθαι τοῖς ἐντυγχάνουσιν
αὐτῇ καὶ διαλεγομένοις πρὸς τὰς ὑπὲρ τῶν φίλων σπουδὰς
καὶ πολιτείας προσλαβοῦσα τῇ λοιπῇ χάριτι τὸ δοκεῖν
φιλέταιρός τις εἶναι καὶ δραστήριος, ἴσχυσε μέγιστον.
ὡς δὲ καὶ Κέθηγον ἀνθοῦντα τῇ δόξῃ τότε καὶ φέροντα
τὴν πόλιν ὑπηγάγετο καὶ συνῆν ἐρῶντι, παντάπασιν εἰς
ἐκείνην περιῆλθεν ἡ τῆς πόλεως δύναμις· οὐ{δὲ} γὰρ
ἐπράττετό τι δημοσίᾳ Κεθήγου μὴ σπουδάζοντος, οὐδὲ
Πραικίας μὴ κελευούσης παρὰ Κεθήγῳ. ταύτην οὖν ὑπελθὼν
δώροις ὁ Λεύκολλος καὶ κολακείαις - ἦν δέ που
καὶ τῷ Λευκόλλῳ συμφιλοτιμουμένην ὁρᾶσθαι μέγας
γυναικὶ σοβαρᾷ καὶ πανηγυρικῇ μισθός - εὐθὺς εἶχε
τὸν Κέθηγον ἐπαινέτην καὶ προμνώμενον αὐτῷ Κιλικίαν.
ἐπεὶ δ´ ἅπαξ ἔτυχε ταύτης, οὐδὲν ἔτι Πραικίαν οὐδὲ
Κέθηγον ἔδει παρακαλεῖν, ἀλλὰ πάντες ὁμαλῶς ἐκείνῳ
φέροντες ἐνεχείρισαν τὸν Μιθριδατικὸν πόλεμον, ὡς
ὑφ´ ἑτέρου μηδενὸς ἄμεινον διαπολεμηθῆναι δυνάμενον,
Πομπηίου μὲν ἔτι Σερτωρίῳ προσπολεμοῦντος, Μετέλλου
δ´ ἀπειρηκότος ἤδη διὰ γῆρας, οὓς μόνους ἄν τις
ἐναμίλλους ἐποιήσατο Λευκόλλῳ περὶ τῆς στρατηγίας
ἀμφισβητοῦντας. οὐ μὴν ἀλλὰ Κόττας ὁ συνάρχων αὐτοῦ
πολλὰ λιπαρήσας τὴν σύγκλητον ἀπεστάλη μετὰ
νεῶν τὴν Προποντίδα φυλάξων καὶ προπολεμήσων Βιθυνίας.
| [6] VI. Là-dessus on annonça la mort du gouverneur
de Cilicie, Octavius. Beaucoup de gens aspiraient à sa
succession et flattaient Céthégus, qu'ils jugeaient le
plus à même de la leur faire obtenir. Lucullus, lui, ne
se souciait pas beaucoup de la Cilicie en elle-même;
mais il jugea que, s'il l'obtenait, vu la proximité de la
Cappadoce, on n'enverrait personne que lui contre
Mithridate. Il employa donc tous les moyens pour ne
pas laisser cette province à un autre. A la fin, sous l'empire
de la nécessité, il se résolut, contre son naturel, à
un acte qui n'était ni beau, ni louable, mais, par ailleurs,
devait le conduire au but. Il y avait une nommée Praecia,
du nombre des femmes réputées dans la ville pour leur
beauté et leur vivacité d'esprit, qui, sans valoir mieux
qu'une courtisane de profession, savait employer ses
relations de hasard et ses intimités au profit de ses
amis et de leur carrière politique. Ajoutant ainsi à ses
autres charmes la réputation d'assister efficacement
ceux qu'elle aimait, elle avait acquis une très grande
influence. Comme elle dominait Céthégus, alors au faîte
de la réputation et qui portait tout le poids de l'État
(il était son amant), tout le pouvoir politique revint à
cette personne; car il ne se faisait rien en matière de
gouvernement sans que Céthégus s'y fût employé et
que Praecia eût dit son mot à Céthégus. Lucullus gagna
son appui par des présents et des flatteries; et c'était
déjà une prime sérieuse à la vanité d'une femme hautaine
qu'on vît Lucullus lui faire la cour. Il trouva donc tout
de suite en Céthégus un chaleureux partisan, qui réclama
pour lui la Cilicie. Mais, une fois qu'il l'eut obtenue, ni
Praecia ni Céthégus n'eurent plus besoin d'insister :
tout le monde, sans distinction, fut d'accord pour lui
confier le commandement de la guerre contre Mithridate.
On ne pensait pas, en effet, qu'aucun autre en pût venir
à bout heureusement : Pompée continuait à se battre
contre Sertorius, et l'âge réduisait Métellus à l'inaction;
or c'étaient là les seuls rivaux que l'on aurait pu opposer
à Lucullus dans une compétition pour ce commandement.
Cependant son collègue Cotta, à force d'instances auprès
du Sénat, fut envoyé avec une flotte pour veiller sur la
Propontide et défendre la Bithynie.
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