[30] Τῆς δὲ πολιτείας μέγα μὲν ἔγκλημα τοῦ Περικλέους
ὁ πόλεμος. λέγεται γὰρ ἐπακτὸς ὑπ´ ἐκείνου γενέσθαι,
Λακεδαιμονίοις ἐρίσαντος μὴ ἐνδοῦναι. δοκῶ δὲ μηδ´
ἂν Φάβιον Μάξιμον ἐνδοῦναί τι Καρχηδονίοις, ἀλλ´ εὐγενῶς
ὑποστῆναι τὸν ὑπὲρ τῆς ἡγεμονίας κίνδυνον. ἡ μέντοι
πρὸς Μινούκιον ἐπιείκεια τοῦ Φαβίου καὶ πρᾳότης ἐλέγχει
τὸν πρὸς Κίμωνα καὶ Θουκυδίδην στασιασμόν, ἄνδρας
ἀγαθοὺς καὶ ἀριστοκρατικοὺς εἰς φυγὴν ὑπ´ αὐτοῦ καὶ
τοὔστρακον ἐκπεσόντας. ἀλλ´ ἥ γε δύναμις μείζων ἡ τοῦ
Περικλέους καὶ τὸ κράτος. ὅθεν οὐδ´ ἄλλον εἴασεν ἐνδυστυχῆσαι
τῇ πόλει κακῶς βουλευσάμενον στρατηγόν, ἀλλ´
ἢ μόνος αὐτὸν ἐκφυγὼν Τολμίδης καὶ διωσάμενος βίᾳ
προσέπταισε Βοιωτοῖς· οἱ δ´ ἄλλοι προσετίθεντο καὶ κατεκοσμοῦντο
πάντες εἰς τὴν ἐκείνου γνώμην ὑπὸ μεγέθους
αὐτοῦ τῆς δυνάμεως. Φάβιος δὲ τὸ καθ´ ἑαυτὸν ἀσφαλὴς
ὢν καὶ ἀναμάρτητος, τῷ πρὸς τὸ κωλύειν ἑτέρους ἀδυνάτῳ
φαίνεται λειπόμενος. οὐ γὰρ ἂν τοσαύταις συμφοραῖς
ἐχρήσαντο Ῥωμαῖοι Φαβίου παρ´ αὐτοῖς ὅσον Ἀθήνησι
Περικλέους δυνηθέντος.
Καὶ μὴν τήν γε πρὸς χρήματα μεγαλοφροσύνην ὁ μὲν
τῷ μηδὲν λαβεῖν παρὰ τῶν διδόντων, ὁ δὲ τῷ προέσθαι
πολλὰ τοῖς δεομένοις ἐπεδείξατο, λυσάμενος τοῖς ἰδίοις
χρήμασι τοὺς αἰχμαλώτους· πλὴν τούτων μὲν οὐ πολὺς
ἦν ἀριθμός, ἀλλ´ ὅσον ἓξ τάλαντα. Περικλῆς δ´ οὐκ ἂν
ἴσως εἴποι τις ὅσα καὶ παρὰ συμμάχων καὶ βασιλέων
ὠφελεῖσθαι καὶ θεραπεύεσθαι παρόν, τῆς δυνάμεως διδούσης,
ἀδωρότατον ἑαυτὸν καὶ καθαρώτατον ἐφύλαξεν.
Ἔργων γε μὴν μεγέθεσι καὶ ναῶν καὶ κατασκευαῖς
οἰκοδομημάτων, ἐξ ὧν ἐκόσμησεν ὁ Περικλῆς τὰς Ἀθήνας,
οὐκ ἄξιον ὁμοῦ πάντα τὰ πρὸ τῶν Καισάρων φιλοτιμήματα
τῆς Ῥώμης παραβαλεῖν, ἀλλ´ ἔξοχόν τι πρὸς ἐκεῖνα
καὶ ἀσύγκριτον ἡ τούτων ἔσχε μεγαλουργία καὶ μεγαλοπρέπεια
τὸ πρωτεῖον.
| [30] III. Quant à la politique, un grand sujet de reproche
à faire à Périclès est la guerre; car c'est lui, dit-on, qui
en fut l'auteur par son refus obstiné de faire des concessions
aux Lacédémoniens. Je crois que Fabius Maximus
n'en aurait pas fait non plus aux Carthaginois, et qu'il
aurait vaillamment affronté le péril pour la suprématie
de Rome. Cependant la modération et la douceur de
Fabius envers Minucius condamne l'hostilité de Périclès
envers Cimon et Thucydide, hommes de mérite et vrais
aristocrates, qu'il réduisit à l'exil et à l'ostracisme. Il
est vrai que le pouvoir et l'autorité de Périclès étaient
plus grands; aussi ne laissa-t-il jamais un général causer
un insuccès à l'État par des mesures mal prises. Seul
Tolmide put échapper à sa vigilance, et alla, malgré lui,
se heurter aux Béotiens, qui lui infligèrent un échec
définitif. Les autres se rangeaient à son avis et s'y conformaient
tous, à cause de l'étendue de son autorité.
Fabius, lui, inébranlable et infaillible pour son compte,
était évidemment inférieur à Périclès quand il s'agissait
d'empêcher les initiatives d'autrui; car les Romains
n'auraient pas essuyé de tels désastres, si Fabius avait
eu chez eux autant de pouvoir que Périclès dans Athènes.
Quant à leur générosité, l'un montra la sienne en refusant
l'argent qu'on lui offrait, l'autre en sacrifiant une grosse
somme pour ceux qui en avaient besoin, car il racheta
les prisonniers à ses frais. Sans doute le chiffre de la
dépense n'était-il pas énorme; elle s'élevait juste à six
talents. Quant à Périclès, on ne saurait dire, sans doute,
quelles subventions il aurait pu tirer des alliés et des
Rois qui recherchaient ses bonnes grâces : son influence
le lui permettait. Il se garda pourtant tout à fait incorruptible
et désintéressé. Enfin la grandeur des monuments,
des temples et des édifices dont Périclès embellit Athènes,
défie la comparaison avec toutes les oeuvres d'architec-
ture, mises ensemble, que Rome connut avant les Césars;
car la magnificence et la majesté des travaux de Périclès
les mettent hors de pair et leur assurent une supériorité
sans conteste.
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