HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Fabius Maximus

Chapitre 26

  Chapitre 26

[26] Αὖθις οὖν καθ´ ἑτέραν ὁδὸν ἀπαντῶν Φάβιος τῷ Σκιπίωνι, κατεκώλυε τοὺς ὁρμωμένους αὐτῷ συστρατεύεσθαι τῶν νέων καὶ κατεῖχεν, ἔν τε ταῖς βουλαῖς καὶ ταῖς ἐκκλησίαις βοῶν, ὡς οὐκ αὐτὸς Ἀννίβαν ἀποδιδράσκοι μόνον Σκιπίων, ἀλλὰ καὶ τὴν ὑπόλοιπον ἐκπλέοι λαβὼν δύναμιν ἐκ τῆς Ἰταλίας, δημαγωγῶν ἐλπίσι τοὺς νέους καὶ ἀναπείθων ἀπολιπεῖν γονέας καὶ γυναῖκας καὶ πόλιν, ἧς ἐν θύραις ἐπικρατῶν καὶ ἀήττητος πολέμιος κάθηται. καὶ μέντοι ταῦτα λέγων ἐφόβησε τοὺς Ῥωμαίους, καὶ μόνοις αὐτὸν ἐψηφίσαντο χρῆσθαι τοῖς ἐν Σικελίᾳ στρατεύμασι καὶ τῶν ἐν Ἰβηρίᾳ γεγονότων μετ´ αὐτοῦ τριακοσίους ἄγειν, οἷς ἐχρῆτο πιστοῖς. ταῦτα μὲν οὖν ἐδόκει πολιτεύεσθαι πρὸς τὴν ἑαυτοῦ φύσιν Φάβιος. ἐπεὶ δὲ Σκιπίωνος εἰς Λιβύην διαβάντος εὐθὺς ἔργα θαυμαστὰ καὶ πράξεις ὑπερήφανοι τὸ μέγεθος καὶ τὸ κάλλος εἰς Ῥώμην ἀπηγγέλλοντο, καὶ μαρτυροῦντα ταῖς φήμαις εἵπετο λάφυρα πολλὰ καὶ βασιλεὺς Νομάδων αἰχμάλωτος, καὶ δύο στρατοπέδων ὑφ´ ἕνα καιρὸν ἐμπρήσεις καὶ φθορά, πολλῶν μὲν ἀνθρώπων, πολλῶν δ´ ὅπλων καὶ ἵππων ἐν αὐτοῖς συγκατακεκαυμένων, καὶ πρεσβεῖαι πρὸς Ἀννίβαν ἐπέμποντο παρὰ Καρχηδονίων, καλούντων καὶ δεομένων ἐάσαντα τὰς ἀτελεῖς ἐκείνας ἐλπίδας οἴκαδε βοηθεῖν, ἐν δὲ Ῥώμῃ πάντων ἐχόντων τὸν Σκιπίωνα διὰ στόματος ἐπὶ τοῖς κατορθώμασι Φάβιος ἠξίου πέμπεσθαι Σκιπίωνι διάδοχον, ἄλλην μὲν οὐκ ἔχων πρόφασιν, εἰπὼν δὲ τὸ μνημονευόμενον, ὡς ἐπισφαλές ἐστι πιστεύειν ἀνδρὸς ἑνὸς τύχῃ τηλικαῦτα πράγματα, χαλεπὸν γὰρ εὐτυχεῖν ἀεὶ τὸν αὐτόν, οὕτω προσέκρουσεν ἤδη πολλοῖς, ὡς δύσκολος ἀνὴρ καὶ βάσκανος πάμπαν ὑπὸ γήρως ἄτολμος γεγονὼς καὶ δύσελπις, περαιτέρω τε τοῦ μετρίου κατατεθαμβημένος τὸν Ἀννίβαν. οὐδὲ γὰρ ἐκπλεύσαντος αὐτοῦ μετὰ τῶν δυνάμεων ἐξ Ἰταλίας εἴασε τὸ χαῖρον καὶ τεθαρρηκὸς τῶν πολιτῶν ἀθόρυβον καὶ βέβαιον, ἀλλὰ τότε δὴ μάλιστα τὰ πράγματα τῇ πόλει θεούσῃ παρὰ τὸν ἔσχατον κίνδυνον ἐπισφαλῶς ἔχειν ἔλεγε· βαρύτερον γὰρ ἐν Λιβύῃ πρὸ Καρχηδόνος αὐτοῖς Ἀννίβαν ἐμπεσεῖσθαι καὶ στρατὸν ἀπαντήσειν Σκιπίωνι πολλῶν ἔτι θερμὸν αὐτοκρατόρων αἵματι καὶ δικτατόρων καὶ ὑπάτων· ὥστε τὴν πόλιν αὖθις ὑπὸ τῶν λόγων τούτων ἀναταράττεσθαι, καὶ τοῦ πολέμου μεθεστῶτος εἰς Λιβύην ἐγγυτέρω τῆς Ῥώμης οἴεσθαι γεγονέναι τὸν φόβον. [26] Prenant donc une autre tactique pour contrecarrer les projets de Scipion, Fabius empêcha les jeunes gens de partir à sa suite. Afin de retenir leur élan, il criait dans les séances du Sénat et les assemblées du peuple que Scipion, non content de fuir lui-même devant Hannibal, emmenait encore d'Italie avec lui le reste de l'armée, en séduisant par de fausses espérances les jeunes gens qu'il décidait à l'abandon de leurs parents, de leurs femmes et d'une ville aux portes de laquelle veillait l'ennemi vainqueur et jamais vaincu. Malgré tout, par ces propos, il effraya les Romains, et ceux-ci résolurent, par un vote, de mettre à la disposition de Scipion les armées seulement qui opéraient en Sicile; on lui permit encore d'emmener trois cents des soldats qu'il avait eus en Espagne et dont il connaissait la fidélité. Jusqu'alors Fabius, en inspirant ces mesures, paraissait simplement obéir à son caractère. Mais Scipion étant passé en Afrique, on annonça tout de suite à Rome des exploits admirables et des actions magnifiques de grandeur et de beauté. Ces nouvelles furent confirmées par l'arrivée de nombreuses dépouilles et du Roi des Numides prisonnier. On apprit encore l'incendie simultané de deux camps, la perte, par l'ennemi, d'un grand nombre d'hommes, d'armes et de chevaux anéantis par le feu; et une mission fut envoyée de Carthage pour rappeler Hannibal et le prier d'abandonner ses espérances irréalisables pour secourir son pays. Tout le monde à Rome, après ces succès, n'avait à la bouche que le nom de Scipion. Fabius, lui, demandait qu'on le remplaçât, sans avoir d'autre motif à invoquer que ce vieil argument : « Il est dangereux de confier à la fortune d'un seul homme des intérêts si grands ; car il est difficile que le même personnage soit toujours heureux. » De la sorte, il heurta le sentiment de bien des gens, qui le regardèrent désormais comme un être hargneux et intraitable, ou que la vieillesse avait rendu tout à fait pusillanime et incapable d'espérer, sous le coup de la crainte excessive que lui inspirait Hannibal. Car, même après le départ du Carthaginois et de ses troupes, il ne laissa pas la joie et la confiance des citoyens se donner cours sans trouble et sans mélange alors plus que jamais, d'après lui, les affaires étaient compromises et l'État se précipitait au péril suprême; car en Afrique, défendant Carthage, Hannibal serait un ennemi plus terrible encore pour l'armée romaine de Scipion, sur laquelle il tomberait tout chaud du sang des généraux, des dictateurs et des consuls. Ainsi la ville fut à nouveau agitée par ces propos; et, quand la guerre venait de se déplacer vers l'Afrique, on crut le péril plus proche de Rome.


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Dernière mise à jour : 7/12/2005