[11] Ὁ δὲ ταῦτα μὲν εἰρωνείαν ἡγεῖτο γεροντικήν· παραλαβὼν
δὲ τὴν ἀποκληρωθεῖσαν δύναμιν, ἰδίᾳ καὶ χωρὶς
ἐστρατοπέδευσεν, οὐδὲν ἀγνοοῦντος τοῦ Ἀννίβου τῶν γινομένων,
ἀλλὰ πᾶσιν ἐφεδρεύοντος. ἦν δὲ λόφος κατὰ μέσον,
καταληφθῆναι μὲν οὐ χαλεπός, ὀχυρὸς δὲ καταληφθεὶς
στρατοπέδῳ καὶ διαρκὴς εἰς ἅπαντα, τὸ δὲ πέριξ πεδίον
ὀφθῆναι μὲν ἄπωθεν ὁμαλὸν διὰ ψιλότητα καὶ λεῖον, ἔχον
δέ τινας οὐ μεγάλας τάφρους ἐν αὑτῷ καὶ κοιλότητας
ἄλλας. διὸ καὶ τὸν λόφον ἐκ τοῦ ῥᾴστου κρύφα
κατασχεῖν παρόν, οὐκ ἠθέλησεν ὁ Ἀννίβας, ἀλλ´ ἀπέλιπε
μάχης ἐν μέσῳ πρόφασιν. ὡς δ´ εἶδε κεχωρισμένον τοῦ
Φαβίου τὸν Μινούκιον, νυκτὸς μὲν εἰς τὰς τάφρους καὶ
τὰς κοιλότητας κατέσπειρε τῶν στρατιωτῶν τινας, ἅμα
δὲ τῇ ἡμέρᾳ φανερῶς ἔπεμψεν οὐ πολλοὺς καταληψομένους
τὸν λόφον, ὡς ἐπάγοιτο συμπεσεῖν περὶ τοῦ τόπου τὸν
Μινούκιον. ὃ δὴ καὶ συνέβη. πρῶτον μὲν γὰρ ἀπέστειλε
τὴν κούφην στρατιάν, ἔπειτα τοὺς ἱππεῖς, τέλος δ´ ὁρῶν τὸν
Ἀννίβαν παραβοηθοῦντα τοῖς ἐπὶ τοῦ λόφου, πάσῃ κατέβαινε
τῇ δυνάμει συντεταγμένος, καὶ μάχην καρτερὰν θέμενος
ἠμύνετο τοὺς ἀπὸ τοῦ λόφου βάλλοντας, συμπλεκόμενος
καὶ ἴσα φερόμενος, ἄχρι οὗ καλῶς ἠπατημένον
ὁρῶν ὁ Ἀννίβας καὶ γυμνὰ παρέχοντα τοῖς ἐνεδρεύουσι τὰ
νῶτα, τὸ σημεῖον αἴρει. πρὸς δὲ τοῦτο πολλαχόθεν ἐξανισταμένων
ἅμα καὶ μετὰ κραυγῆς προσφερομένων καὶ τοὺς
ἐσχάτους ἀποκτιννύντων, ἀδιήγητος κατεῖχε ταραχὴ καὶ
πτοία τοὺς Ῥωμαίους, αὐτοῦ τε τοῦ Μινουκίου τὸ θράσος
κατεκέκλαστο, καὶ πρὸς ἄλλον ἄλλοτε τῶν ἡγεμόνων
διεπάπταινεν, οὐδενὸς ἐν χώρᾳ μένειν τολμῶντος, ἀλλὰ πρὸς
φυγὴν ὠθουμένων οὐ σωτήριον. οἱ γὰρ Νομάδες ἤδη
κρατοῦντες κύκλῳ περιήλαυνον τὸ πεδίον καὶ τοὺς ἀποσκιδναμένους
ἔκτεινον.
| [11] Mais Minucius tenait ces propos pour des ironies
séniles; il prit avec lui les troupes qu'il avait reçues en
partage, et établit son camp à part, sans qu'Hannibal
ignorât rien de ce qui se passait : au contraire, le Carthaginois
épiait toutes les occasions. Il y avait entre son
armée et celle de Minucius une éminence, qui n'était pas
difficile à prendre et qui, une fois occupée, fournirait
une position forte et suffisant à tous les besoins d'un camp.
La campagne environnante, à la voir de loin, paraissait
plate, à cause de sa nudité, et égale; mais elle contenait
des fossés peu profonds et d'autres cavités. Aussi
Hannibal, quand il pouvait, le plus aisément du monde,
occuper cette hauteur en secret, n'y consentit pas, et
préféra la réserver pour en faire une occasion de combat.
Lorsqu'il vit Minucius séparé de Fabius, il dispersa, de
nuit, quelques-uns de ses soldats dans les fossés et les
creux; puis, au lever du jour, il envoya ostensiblement
d'autres hommes, en petit nombre, occuper la hauteur
afin d'amener Minucius à lui disputer cette position par
les armes. C'est aussi ce qui arriva. Car Minucius envoya
d'abord ses troupes légères, puis sa cavalerie; et voyant,
à la fin, Hannibal se porter au secours des occupants de
la colline, il descendit avec toutes ses forces rangées en
bataille. Il engagea un combat violent contre les ennemis
qui, de la colline, lançaient leurs traits; et le résultat de
la mêlée demeura indécis jusqu'au moment où Hannibal,
qui le voyait tombé complètement dans le piège et
présentant le dos sans défense aux Carthaginois embusqués,
donna le signal. Alors, de plusieurs côtés à la fois,
les ennemis se dressèrent, se jetèrent sur les Romains en
poussant des clameurs, et massacrèrent l'arrière-garde.
Un désordre et une épouvante indescriptibles s'emparèrent
donc des Romains; l'audace de Minucius lui-même
était brisée, et il tournait les yeux tantôt vers l'un, tantôt
vers l'autre de ses lieutenants; mais aucun d'eux n'osait
rester sur place, et tous, se voyant serrés de près, cherchaient
une fuite qui ne pouvait les sauver. Car les
Numides, maîtres désormais du terrain, caracolaient
autour de la plaine et tuaient les Romains dispersés.
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