[17] (1) Ἐπειδὴ δ´ εἰς τὸ πολεμεῖν ἔρρεπε τὰ πράγματα,
τοῦ μὲν Φιλίππου μὴ δυναμένου τὴν ἡσυχίαν ἄγειν, τῶν
δ´ Ἀθηναίων ἐγειρομένων ὑπὸ τοῦ Δημοσθένους, πρῶτον
μὲν εἰς Εὔβοιαν ἐξώρμησε τοὺς Ἀθηναίους, καταδεδουλωμένην
ὑπὸ τῶν τυράννων Φιλίππῳ, καὶ διαβάντες, ἐκείνου
τὸ ψήφισμα γράψαντος, ἐξήλασαν τοὺς Μακεδόνας.
(2) δεύτερον δὲ Βυζαντίοις ἐβοήθησε καὶ Περινθίοις ὑπὸ τοῦ
Μακεδόνος πολεμουμένοις, πείσας τὸν δῆμον, ἀφέντα τὴν
ἔχθραν καὶ τὸ μεμνῆσθαι τῶν περὶ τὸν συμμαχικὸν ἡμαρτημένων
ἑκατέροις πόλεμον, ἀποστεῖλαι δύναμιν αὐτοῖς,
ὑφ´ ἧς ἐσώθησαν. (3) ἔπειτα πρεσβεύων καὶ διαλεγόμενος
τοῖς Ἕλλησι καὶ παροξύνων, συνέστησε πλὴν ὀλίγων ἅπαντας
ἐπὶ τὸν Φίλιππον, ὥστε σύνταξιν γενέσθαι πεζῶν μὲν
μυρίων καὶ πεντακισχιλίων, ἱππέων δὲ δισχιλίων ἄνευ τῶν
πολιτικῶν δυνάμεων, χρήματα δὲ καὶ μισθοὺς εἰσφέρεσθαι
τοῖς ξένοις προθύμως. (4) ὅτε καί φησι Θεόφραστος,
ἀξιούντων τῶν συμμάχων ὁρισθῆναι τὰς εἰσφοράς,
εἰπεῖν Κρωβύλον τὸν δημαγωγόν, ὡς οὐ τεταγμένα σιτεῖται
πόλεμος. (5) ἐπηρμένης δὲ τῆς Ἑλλάδος πρὸς τὸ μέλλον,
καὶ συνισταμένων κατ´ ἔθνη καὶ πόλεις Εὐβοέων, Ἀχαιῶν,
Κορινθίων, Μεγαρέων, Λευκαδίων, Κερκυραίων, ὁ μέγιστος
ὑπελείπετο Δημοσθένει τῶν ἀγώνων, Θηβαίους
προσαγαγέσθαι τῇ συμμαχίᾳ, χώραν τε σύνορον τῆς Ἀττικῆς
καὶ δύναμιν ἐναγώνιον ἔχοντας καὶ μάλιστα τότε
τῶν Ἑλλήνων εὐδοκιμοῦντας ἐν τοῖς ὅπλοις. (6) ἦν δ´ οὐ
ῥᾴδιον ἐπὶ προσφάτοις εὐεργετήμασι τοῖς περὶ τὸν Φωκικὸν
πόλεμον τετιθασσευμένους ὑπὸ τοῦ Φιλίππου μεταστῆσαι
τοὺς Θηβαίους, καὶ μάλιστα ταῖς διὰ τὴν γειτνίασιν
ἁψιμαχίαις ἀναξαινομένων ἑκάστοτε τῶν πολεμικῶν
πρὸς ἀλλήλας διαφορῶν ταῖς πόλεσιν.
| [17] (1) Dès que les affaires publiques parurent tourner à la guerre, d'un côté
par l'inquiétude de Philippe, qui ne pouvait vivre tranquille; de l'autre, par
le zèle de Démosthène, qui ne cessait d'exciter les Athéniens, le premier
conseil que cet orateur donna fut d'aller au secours de l'Eubée, que ses tyrans
avaient mise sous le joug de Philippe. Les Athéniens passèrent dans cette île,
d'après le décret dressé par Démosthène, et ils en chassèrent les Macédoniens.
(2) II fit ensuite envoyer du secours à ceux de Périnthe et de Byzance, qui
étaient en guerre avec Philippe; et ayant persuadé au peuple de sacrifier son
ressentiment et d'oublier les sujets de plaintes que ces deux peuples lui
avaient donnés dans la guerre des alliés, les Athéniens y envoyèrent des troupes
qui les délivrèrent de Philippe. (3) Il alla lui-même en ambassade dans les
villes de la Grèce, et les excita tellement par ses discours, qu'à l'exception
d'un petit nombre, elles se soulevèrent toutes contre le roi de Macédoine, et
qu'on mit sur pied une armée forte de quinze mille hommes d'infanterie et de
deux mille chevaux, sans compter les troupes des villes qui s'armaient à leurs
dépens; on fit avec zèle tous les fonds nécessaires pour l'entretien et la solde
des étrangers. (4) Ce fut alors, au rapport de Théophraste, que les alliés ayant
proposé qu'on fixât la quotité des contributions de chaque peuple, l'orateur
Crobylus leur répondit que la guerre ne se nourrissait pas à une mesure réglée.
(5) Toute la Grèce étant ainsi soulevée et dans l'attente des événements, après
que les peuples et les villes de l'Eubée et de l'Achaïe, Corinthe, Mégare,
Leucade et Corcyre, eurent fait une ligue commune, il restait encore à
Démosthène l'affaire la plus importante: c'était d'attirer à cette confédération
la ville de Thèbes. Les Thébains étaient limitrophes de l'Attique; ils avaient
sur pied des troupes aguerries; de tous les peuples de la Grèce, c'était celui
dont la réputation dans les armes avait le plus d'éclat; (6) mais il n'était pas
facile de gagner les Thébains, attachés et presque asservis à Philippe par les
grands services que ce prince venait de leur rendre dans la guerre de la
Phocide, et qui d'ailleurs trouvaient sans cesse dans le voisinage d'Athènes des
occasions de renouveler la guerre avec cette ville.
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