HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Pyrrhus

Chapitre 12

  Chapitre 12

[12] Ἐπιφανέντος δὲ Λυσιμάχου καὶ κοινὸν ἔργον ἀμφοῖν ποιουμένου τὴν Δημητρίου κατάλυσιν, καὶ νέμεσθαι τὴν βασιλείαν ἀξιοῦντος, οὔπω πάνυ βεβαίως τοῖς Μακεδόσι πιστεύων Πύρρος ἀλλ' ἀμφίβολος ὢν ἐν αὐτοῖς, ἐδέξατο τοῦ Λυσιμάχου τὴν πρόκλησιν, καὶ διενείμαντο τὰς πόλεις καὶ τὴν χώραν πρὸς ἀλλήλους. <2> Τοῦτο δ' ὤνησε μὲν ἐν τῷ παρόντι καὶ κατέπαυσε τὸν πόλεμον αὐτοῖς, ὀλίγῳ δ' ὕστερον ἔγνωσαν οὐκ ἀπαλλαγὴν ἔχθρας, ἀλλ' ἐγκλημάτων καὶ διαφορᾶς ἀρχὴν πεποιημένοι τὴν νέμησιν. οἷς γὰρ οὐ πέλαγος, οὐκ ὄρος, οὐκ ἀοίκητος ἐρημία πέρας ἐστὶ πλεονεξίας, οὐδ' οἱ διαιροῦντες Εὐρώπην καὶ Ἀσίαν τέρμονες ὁρίζουσι τὰς ἐπιθυμίας, πῶς ἂν ἁπτόμενοι καὶ ψαύοντες ἀλλήλων ἀτρεμοῖεν, ἐν τοῖς παροῦσι μὴ ἀδικοῦντες, οὐκ ἔστιν εἰπεῖν· <4> ἀλλὰ πολεμοῦσι μὲν ἀεί, τὸ ἐπιβουλεύειν καὶ φθονεῖν ἔμφυτον ἔχοντες, δυεῖν δ' ὀνομάτων ὥσπερ νομισμάτων, πολέμου καὶ εἰρήνης, τῷ παρατυχόντι χρῶνται πρὸς τὸ <5> συμφέρον, οὐ πρὸς τὸ δίκαιον· ἐπεὶ βελτίους γε πολεμεῖν ὁμολογοῦντές εἰσιν, τῆς ἀδικίας τὸ ἀργοῦν καὶ σχολάζον <6> δικαιοσύνην καὶ φιλίαν ὀνομάζοντες. ἐδήλωσε δ' Πύρρος· ἐμποδὼν γὰρ αὐξομένῳ τῷ Δημητρίῳ πάλιν ἱστάμενος καὶ κολούων τὴν δύναμιν ὥσπερ ἐξ ἀρρωστίας μεγάλης ἀναλαμβάνουσαν, ἐβοήθει τοῖς Ἕλλησι καὶ παρῆλθεν εἰς <7> τὰς Ἀθήνας. ἀναβὰς δ' εἰς τὴν ἀκρόπολιν καὶ θύσας τῇ θεῷ καὶ καταβὰς αὐθημερόν, ἀγαπᾶν μὲν ἔφησε τοῦ δήμου τὴν πρὸς αὐτὸν εὔνοιαν καὶ πίστιν· ἂν μέντοι σωφρονῶσι, μηδένα τῶν βασιλέων ἔτι παρήσειν αὐτοὺς εἰς τὴν πόλιν, <8> μηδὲ τὰς πύλας ἀνοίξειν. ἐκ τούτου καὶ πρὸς τὸν Δημήτριον εἰρήνην ἐποιήσατο, καὶ μετ' ὀλίγον χρόνον εἰς Ἀσίαν ἀπάραντος αὐτοῦ, πάλιν πεισθεὶς ὑπὸ Λυσιμάχου Θετταλίαν ἀφίστη καὶ ταῖς Ἑλληνικαῖς φρουραῖς προσεπολέμει, βελτίοσι χρώμενος τοῖς Μακεδόσι στρατευομένοις σχολάζουσι, καὶ ὅλως αὐτὸς οὐκ εὖ πρὸς ἡσυχίαν πεφυκώς. <9> τέλος δὲ Δημητρίου καταπολεμηθέντος ἐν Συρίᾳ, Λυσίμαχος ἐπ' ἀδείας γενόμενος καὶ σχολάζων εὐθὺς ἐπὶ τὸν <10> Πύρρον ὥρμησε. καὶ καθημένου περὶ τὴν Ἔδεσσαν αὐτοῦ, ταῖς ἀγοραῖς κομιζομέναις ἐπιπεσὼν καὶ κρατήσας, ἀπορίαν πρῶτον αὐτῷ περιέστησεν, εἶτα γράμμασι καὶ λόγοις διέφθειρε τοὺς πρώτους τῶν Μακεδόνων, ὀνειδίζων εἰ ξένον ἄνδρα καὶ προγόνων ἀεὶ δεδουλευκότων Μακεδόσι δεσπότην ἑλόμενοι, τοὺς Ἀλεξάνδρου φίλους καὶ συνήθεις <11> ἀπωθοῦσι Μακεδονίας. ἀναπειθομένων δὲ πολλῶν, δείσας Πύρρος ἀπηλλάγη μετὰ τῆς Ἠπειρωτικῆς καὶ συμμαχικῆς δυνάμεως, ἀποβαλὼν Μακεδονίαν τρόπῳ παρέλαβεν. <12> ὅθεν οὐδ' αἰτιᾶσθαι τοὺς πολλοὺς ἔχουσιν οἱ βασιλεῖς μετατιθεμένους πρὸς τὸ συμφέρον· ἐκείνους γὰρ αὐτοὺς ταῦτα μιμοῦνται ποιοῦντες, ἀπιστίας καὶ προδοσίας διδασκάλους ὄντας καὶ πλεῖστα νομίζοντας ὠφελεῖσθαι τὸν ἐλάχιστα τῷ δικαίῳ χρώμενον. [12] XIII. Cependant Lysimaque arrive, et, prêtendant que la fuite de Démétrios est autant son ouvrage que celui de Pyrrhus, il demande à partager le royaume de Macédoine. Pyrrhus, qui suspectait la fidélité des Macédoniens, et n'osait pas encore se fier pleinement à eux, consentit à partager avec Lysimaque les villes et les provinces de la Macédoine. Ce partage leur fut utile dans le moment, parce qu'il prévint la guerre qui allait s'allumer entre eux; mais ils reconnurent bientôt que cet accord, loin d'amortir leur haine, n'était qu'une nouvelle source de divisions et de plaintes réciproques. En effet, des princes dont ni les mers, ni les montagnes, ni les déserts inhabités ne sauraient arrêter l'ambition et l'avarice, dont la cupidité ne peut être bornée par les limites qui séparent l'Europe de l'Asie, pourraient-ils, étant limitrophes, et se touchant les uns les autres, rester tranquilles dans leurs possessions; et craindraient-ils de faire des injustices pour usurper les États de leurs voisins? Non, l'envie d'usurper, le désir de se surprendre mutuellement, passions qui leur sont naturelles, les tiennent toujours en armes les uns contre les autres. La guerre et la paix ne sont pour eux que des noms, qu'ils emploient au besoin comme une monnaie dont le cours est réglé par leur intérêt, jamais par la justice : plus estimables du moins quand ils se font ouvertement la guerre, que lorsqu'ils déguisent, sous les noms de justice et d'amitié, la trêve momentanée qu'ils font avec l'injustice. On en vit alors dans Pyrrhus une preuve frappante : pour s'opposer encore à Démétrius qui commençait à se rétablir, pour arrêter sa puissance qui se relevait comme d'une grande maladie, il marche au secours des Grecs, et se rend à Athènes. Il monte à la citadelle, et après avoir fait un sacrifice à la déesse, il redescend le jour même dans la ville; là, il témoigne aux habitants combien il est satisfait de l'affection et de la confiance qu'ils lui ont montrée, et leur dit que s'ils veulent agir sagement, ils n'ouvriront plus désormais à aucun roi les portes de leur ville. Il fit depuis un nouveau traité de paix avec Démétrius; et ce prince étant bientôt après passé en Asie, Pyrrhus, à l'instigation de Lysimaque, fit soulever la Thessalie, et attaqua les garnisons que Démétrius avait laissées dans les villes grecques; car il était plus maître des Macédoniens quand il les occupait à la guerre, que lorsqu'ils étaient en paix; et d'ailleurs il n'était pas lui-même né pour le repos. XIV. Enfin Démétrius ayant été défait en Syrie, Lysimaque, qui n'avait plus rien à craindre de lui, et qui jouissait d'un grand loisir, marcha aussitôt contre Pyrrhus, qui faisait alors son séjour à Édesse. En arrivant, il rencontre les convois qu'on amenait à ce prince; il s'en empare, et réduit par là Pyrrhus à une grande disette de vivres. Ensuite, par ses lettres et par ses émissaires, il corrompt les principaux des Macédoniens, en leur reprochant d'avoir choisi pour maître un étranger dont les ancêtres avaient toujours été les esclaves des Macédoniens, et de repousser de la Macédoine les amis et les familiers d'Alexandre. Pyrrhus voyant que le plus grand nombre s'était laissé gagner, et craignant les suites de ce changement, se retire avec ses Épirotes et les troupes des alliés; perdant ainsi la Macédoine de la même manière qu'il l'avait gagnée. Après cela, les rois ont-ils droit de blâmer les particuliers qui changent de parti selon leur intérêt? Que font-ils en cela que les imiter, que suivre les leçons d'infidélité et de trahison qu'ils reçoivent d'eux quand ils les voient persuadés que celui-là réussit le mieux qui pratique le moins la justice?


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Dernière mise à jour : 23/08/2007