| [1] Κλέανδρος ἦν ἐν Μαντινείᾳ γένους τε πρώτου καὶ 
δυνηθεὶς ἐν τοῖς μάλιστα τῶν πολιτῶν· τύχῃ δὲ χρησάμενος καὶ 
τὴν ἑαυτοῦ φυγών, ἧκεν εἰς Μεγάλην πόλιν οὐχ ἥκιστα διὰ 
Φιλοποίμενος πατέρα Κραῦγιν, ἄνδρα πάντων ἕνεκα (2) 
λαμπρόν, ἰδίᾳ δὲ πρὸς ἐκεῖνον οἰκείως ἔχοντα. ζῶντος μὲν οὖν 
αὐτοῦ πάντων ἐτύγχανε, τελευτήσαντος δὲ τὴν ἀμοιβὴν τῆς 
φιλοξενίας ἀποδιδούς, ἔθρεψεν αὐτοῦ τὸν υἱὸν ὀρφανὸν ὄντα, 
καθάπερ φησὶν Ὅμηρος ὑπὸ τοῦ Φοίνικος τὸν Ἀχιλλέα 
τραφῆναι, γενναίαν τινὰ καὶ βασιλικὴν τοῦ ἤθους εὐθὺς ἐξ 
ἀρχῆς πλάσιν καὶ (3) αὔξησιν λαμβάνοντος. ἤδη δὲ τοῦ 
Φιλοποίμενος ἀντίπαιδος ὄντος Ἔκδηλος καὶ Δημοφάνης οἱ 
Μεγαλοπολῖται διεδέξαντο τὴν ἐπιμέλειαν, Ἀρκεσιλάῳ 
συνήθεις ἐν Ἀκαδημείᾳ γεγονότες, καὶ φιλοσοφίαν μάλιστα 
τῶν καθ' ἑαυτοὺς ἐπὶ (4) πολιτείαν καὶ πράξεις προαγαγόντες. 
οὗτοι καὶ τὴν ἑαυτῶν πατρίδα τυραννίδος ἀπήλλαξαν, τοὺς 
ἀποκτενοῦντας Ἀριστόδημον κρύφα παρασκευάσαντες, καὶ 
Νικοκλέα τὸν Σικυωνίων τύραννον Ἀράτῳ συνεξέβαλον, καὶ 
Κυρηναίοις δεηθεῖσι, τεταραγμένων τῶν κατὰ τὴν πόλιν καὶ 
νοσούντων, πλεύσαντες εὐνομίαν ἔθεντο καὶ διεκόσμησαν (5) 
ἄριστα τὴν πόλιν. αὐτοί γε μὴν ἐν τοῖς ἄλλοις ἔργοις καὶ τὴν 
Φιλοποίμενος ἐποιοῦντο παίδευσιν, ὡς κοινὸν ὄφελος τῇ 
Ἑλλάδι τὸν ἄνδρα τοῦτον ὑπὸ φιλοσοφίας ἀπεργασάμενοι. 
καὶ γὰρ ὥσπερ ὀψίγονον ἐν γήρᾳ ταῖς τῶν παλαιῶν ἡγεμόνων 
ἐπιτεκοῦσα τοῦτον ἀρεταῖς ἡ Ἑλλὰς ἠγάπησε διαφερόντως καὶ 
συνηύξησε τῇ δόξῃ τὴν δύναμιν. Ῥωμαίων δέ τις ἐπαινῶν 
ἔσχατον αὐτὸν Ἑλλήνων προσεῖπεν, ὡς οὐδένα μέγαν μετὰ 
τοῦτον ἔτι τῆς Ἑλλάδος ἄνδρα γειναμένης οὐδ' αὑτῆς ἄξιον.
 | [1] Il y avait à Mantinée un homme nommé Cassandre, d'une 
des premières maisons de la ville,  et qui jouissait de la plus grande autorité parmi  
ses concitoyens. Obligé par un revers de fortune de  s'exiler de sa patrie, il se retira à 
Mégalopolis, attiré surtout par Crausis, père de Philopémen,  homme magnifique et 
généreux, avec qui il était  intimement lié. Tant que Crausis vécut, il rendit  à 
Cassandre tous les bons offices qu'on peut attendre d'un ami; après sa mort, 
Cassandre, pour lui  témoigner sa reconnaissance de l'hospitalité qu'il  avait trouvée 
dans sa maison, éleva lui-même son  fils devenu orphelin, comme Achille, au rapport  
d'Homère, fut élevé par Phénix. Philopémen,  qui reçut de lui une éducation noble 
et digne d'un  roi, fit, sous un tel, maître, les plus grands progrès. A peine sorti de 
l'enfance, il fut confié aux  soins d'Ecdémus et de Démophanes, tous deux de  
Mégalopolis, disciples d'Arcésilas dans l'Académie,  et qui, plus qu'aucun autre 
philosophe de leur  temps, avaient appliqué à la politique et au gouvernement des 
affaires les préceptes de la philosophie. Ils délivrèrent leur patrie de la tyrannie  
d'Aristodème, en suscitant contre lui des hommes  qui le firent périr. Ils 
concoururent avec Aratus à  chasser Nicoclès, tyran de Sicyone ; et à la  prière des 
Cyrénéens, dont la ville était agitée de  troubles et de maux politiques, ils 
traversèrent la  mer et se rendirent à Cyrène, où ils établirent de  bonnes lois et une 
excellente forme de gouvernement. Mais ils comptaient eux-mêmes au nombre 
de leurs plus belles actions l'éducation de  Philopémen, qu'ils avaient disposé, par les 
leçons de la philosophie, à faire un jour le bonheur des  Grecs. Aussi la Grèce, qui 
l'avait comme enfanté  dans sa vieillesse, pour être l'héritier des vertus  de tous les 
grands hommes qu'elle avait produits,  l'aima singulièrement, et se plut à augmenter 
sa  puissance en proportion de sa gloire. Un Romain,  en faisant son éloge, l'appela le 
dernier des Grecs,  parce qu'après lui la Grèce n'avait plus eu aucun  homme illustre 
et qui fût digne d'elle. 
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