[17] Εἰς δ' οὖν Τεγύρας οἱ Θηβαῖοι κατὰ τὸν αὐτὸν χρόνον ἐκ
τῆς Ὀρχομενίας ἀπιόντες καὶ οἱ Λακεδαιμόνιοι συνέπιπτον, ἐξ
ἐναντίας αὐτοῖς ἐκ τῆς Λοκρίδος ἀναζευγνύντες. (2) ὡς δὲ
πρῶτον ὤφθησαν τὰ στενὰ διεκβάλλοντες, καί τις εἶπε τῷ
Πελοπίδᾳ προσδραμών· "ἐμπεπτώκαμεν εἰς τοὺς πολεμίους",
"τί μᾶλλον" εἶπεν "ἢ εἰς ἡμᾶς ἐκεῖνοι;" (3) καὶ τὴν μὲν ἵππον
εὐθὺς πᾶσαν ἐκέλευσε παρελαύνειν ἀπ' οὐρᾶς ὡς
προεμβαλοῦσαν, αὐτὸς δὲ τοὺς ὁπλίτας τριακοσίους ὄντας εἰς
ὀλίγον συνήγαγεν, ἐλπίζων καθ' ὃ προσβάλοι μάλιστα
διακόψειν ὑπερβάλλοντας πλήθει τοὺς πολεμίους. (4) ἦσαν δὲ
δύο μόραι Λακεδαιμονίων. τὴν δὲ μόραν Ἔφορος μὲν ἄνδρας
εἶναι πεντακοσίους φησί, Καλλισθένης δ' ἑπτακοσίους, ἄλλοι
(5) δέ τινες ἐνακοσίους, ὧν Πολύβιός ἐστι. καὶ θαρροῦντες οἱ
πολέμαρχοι τῶν Σπαρτιατῶν Γοργολέων καὶ (6) Θεόπομπος
ὥρμησαν ἐπὶ τοὺς Θηβαίους. γενομένης δέ πως μάλιστα τῆς
ἐφόδου κατ' αὐτοὺς τοὺς ἄρχοντας ἀπ' ἀμφοτέρων μετὰ θυμοῦ
καὶ βίας, πρῶτον μὲν οἱ πολέμαρχοι τῶν Λακεδαιμονίων τῷ
Πελοπίδᾳ συρράξαντες ἔπεσον· (7) ἔπειτα τῶν περὶ ἐκείνους
παιομένων καὶ ἀποθνῃσκόντων, ἅπαν εἰς φόβον κατέστη τὸ
στράτευμα, καὶ διέσχε μὲν ἐπ' ἀμφότερα τοῖς Θηβαίοις, ὡς
διεκπεσεῖν εἰς τοὔμπροσθεν (8) καὶ διεκδῦναι βουλομένοις. ἐπεὶ
δὲ τὴν δεδομένην ὁ Πελοπίδας <χαίρειν ἐάσας> ἡγεῖτο πρὸς
τοὺς συνεστῶτας καὶ διεξῄει φονεύων, οὕτω πάντες
προτροπάδην ἔφυγον. (9) ἐγένετο δ' οὐκ ἐπὶ πολὺν τόπον ἡ
δίωξις· ἐφοβοῦντο γὰρ ἐγγὺς ὄντας οἱ Θηβαῖοι τοὺς
Ὀρχομενίους καὶ τὴν διαδοχὴν (10) τῶν Λακεδαιμονίων· ὅσον
δὲ νικῆσαι κατὰ κράτος καὶ διεξελθεῖν διὰ παντὸς ἡσσωμένου
τοῦ στρατεύματος ἐξεβιάσαντο, καὶ στήσαντες τρόπαιον καὶ
<τοὺς> νεκροὺς σκυλεύσαντες, ἀνεχώρησαν ἐπ' οἴκου μέγα
φρονοῦντες.
(11) Ἐν γὰρ τοσούτοις ὡς ἔοικε πολέμοις Ἑλληνικοῖς καὶ
βαρβαρικοῖς πρότερον οὐδέποτε Λακεδαιμόνιοι πλείονες ὄντες
ὑπ' ἐλαττόνων ἐκρατήθησαν, ἀλλ' οὐδ' ἴσοι πρὸς (12) ἴσους ἐκ
παρατάξεως συμβαλόντες. ὅθεν ἦσαν ἀνυπόστατοι τὰ
φρονήματα καὶ τῇ δόξῃ καταπληττόμενοι τοὺς
ἀντιπαραταττομένους, οὐδ' αὐτοὺς ἀξιοῦντας ἀπ' ἴσης
δυνάμεως τὸ ἴσον φέρεσθαι Σπαρτιάταις, εἰς χεῖρας (13)
συνέστησαν. ἐκείνη δ' ἡ μάχη πρώτη καὶ τοὺς ἄλλους ἐδίδαξεν
Ἕλληνας, ὡς οὐχ ὁ Εὐρώτας οὐδ' ὁ μεταξὺ Βαβύκας καὶ
Κνακιῶνος τόπος ἄνδρας ἐκφέρει μαχητὰς καὶ πολεμικούς,
ἀλλὰ παρ' οἷς ἂν αἰσχύνεσθαι τὰ αἰσχρὰ καὶ τολμᾶν ἐπὶ τοῖς
καλοῖς ἐθέλοντες (ἐγ)γένωνται νέοι καὶ τοὺς ψόγους τῶν
κινδύνων μᾶλλον φεύγοντες, οὗτοι φοβερώτατοι τοῖς ἐναντίοις
εἰσί.
| [17] XVIII. Les Thébains donc s'en retournaient
d'Orchomène par Tégyre, lorsqu'ils rencontrèrent les Spartiates qui revenaient
de la Locride, et qui traversaient les défilés des montagnes. Ils ne les
eurent pas plutôt aperçus, qu'un des Thébains courant à Pélopidas : « Nous avons
donné, lui dit-il, dans les ennemis. — Pourquoi, lui répondit Pélopidas, n'est-ce pas
plutôt eux qui ont donné dans notre armée? » Aussitôt il fait passer sa cavalerie de la
queue à la tète, pour commencer l'attaque; et forme un bataillon serré de son
infanterie, composée de trois cents hommes, dans l'espérance que partout où ce corps
donnerait, il renverserait les ennemis, quelque supérieurs qu'ils fussent en nombre.
L'armée des Lacédémoniens était de deux compagnies d'infanterie. Chaque
compagnie, suivant Éphore, est de cinq cents hommes ; Callisthène la fait de sept
cents; et d'autres, du nombre desquels est Polybe, la portent à neuf. Les polémarques
des Spartiates, Gorgoléon et Théopompe, pleins de confiance en leurs troupes,
chargent brusquement les Thébains. Le premier choc s'étant porté surtout au poste
où étaient les chefs des deux partis, le combat y fut rude et sanglant. Les
polémarques lacédémoniens, qui s'étaient attachés à Pélopidas, furent tués; et bientôt
tous ceux qui les environnaient étant morts ou blessés, l'armée entière, saisie de
frayeur, s'ouvrit, afin de laisser le passage libre aux Thébains, qui, s'ils l'avaient
voulu, auraient pu facilement passer au milieu d'eux et se sauver. Mais Pélopidas, au
lieu de profiter de cette facilité, se porta sur les ennemis qui étaient encore en bataille,
et en fit un tel carnage que tout ce qui restait prit ouvertement la fuite. Les Thébains
ne les poursuivirent pas bien loin; ils craignaient les Orchoméniens, qui étaient près
du champ de bataille, et la garnison des Spartiates nouvellement arrivée : contents
d'avoir rompu et traversé librement leur armée, après les avoir fort maltraités, ils
érigèrent un trophée, dépouillèrent les morts, et s'en retournèrent à Thèbes tout
glorieux de leur victoire. Car dans toutes les guerres qu'avaient fait jusqu'alors les
Lacédémoniens, soit contre les Grecs, soit contre les Barbares, il ne leur était jamais
arrivé d'être battus par des troupes si inférieures en nombre, ni même d'être défaits à
nombre égal en bataille rangée. Aussi ils étaient d'un orgueil insupportable; et ils
attaquaient avec une confiance insultante des ennemis si étonnés de leur réputation,
qu'ils n'avaient jamais osé, même avec des forces égales, se mesurer contre les
Spartiates. Ce combat apprit pour la première fois, aux Grecs, que ce n'était pas
seulement les bords de l'Eurotas, ni l'espace situé entre le pont Babyce et le Cnacion,
qui produisaient des hommes belliqueux et intrépides; mais que partout où les jeunes
gens savent rougir de ce qui déshonore, et se porter avec audace à tout ce qui est
glorieux; partout où ils craignent bien plus le blâme que le danger, là sont les
hommes les plus redoutables à leurs ennemis.
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