[2] Μάρκελλος δὲ πρὸς οὐδὲν μὲν ἦν μάχης εἶδος ἀργὸς οὐδ'
ἀνάσκητος, αὐτὸς δ' ἑαυτοῦ κράτιστος ἐν τῷ μονομαχεῖν
γενόμενος, οὐδεμίαν πρόκλησιν ἔφυγε, <2> πάντας δὲ τοὺς
προκαλεσαμένους ἀπέκτεινεν. ἐν δὲ Σικελίᾳ τὸν ἀδελφὸν
Ὀτακίλιον κινδυνεύοντα διέσωσεν, <3> ὑπερασπίσας καὶ
ἀποκτείνας τοὺς ἐπιφερομένους. ἀνθ' ὧν ὄντι μὲν ἔτι νέῳ
στέφανοι καὶ γέρα παρὰ τῶν στρατηγῶν ἦσαν, εὐδοκιμοῦντα
δὲ μᾶλλον ἀγορανόμον μὲν ἀπέδειξε τῆς ἐπιφανεστέρας
τάξεως ὁ δῆμος, οἱ δ' ἱερεῖς αὔγουρα. <4> τοῦτο δ' ἐστὶν
ἱερωσύνης εἶδος ᾧ μάλιστα τὴν ἀπ' οἰωνῶν μαντικὴν
ἐπιβλέπειν καὶ παραφυλάττειν <ὁ> νόμος <5> δέδωκεν.
ἠναγκάσθη δ' ἀγορανομῶν δίκην ἀβούλητον εἰσενεγκεῖν. ἦν
γὰρ αὐτῷ παῖς ὁμώνυμος ἐν ὥρᾳ, τὴν ὄψιν ἐκπρεπής, οὐχ ἧττον
δὲ τῷ σωφρονεῖν καὶ πεπαιδεῦσθαι περίβλεπτος ὑπὸ τῶν
πολιτῶν· τούτῳ Καπετωλῖνος ὁ τοῦ Μαρκέλλου συνάρχων,
ἀσελγὴς ἀνὴρ καὶ θρασύς, ἐρῶν <6> λόγους προσήνεγκε. τοῦ δὲ
παιδὸς τὸ μὲν πρῶτον αὐτοῦ καθ' ἑαυτὸν ἀποτριψαμένου τὴν
πεῖραν, ὡς δ' αὖθις ἐπεχείρησε, κατειπόντος πρὸς τὸν πατέρα,
βαρέως ἐνεγκὼν <7> ὁ Μάρκελλος προσήγγειλε τῇ βουλῇ τὸν
ἄνθρωπον. ὁ δὲ πολλὰς μὲν ἀποδράσεις καὶ παραγραφὰς
ἐμηχανᾶτο, τοὺς δημάρχους ἐπικαλούμενος· ἐκείνων δὲ μὴ
προσδεχομένων τὴν ἐπίκλησιν, ἀρνήσει τὴν αἰτίαν ἔφευγε, καὶ
μάρτυρος οὐδενὸς τῶν λόγων γεγονότος, ἔδοξε μεταπέμπεσθαι
τὸν <8> παῖδα τῇ βουλῇ. παραγενομένου δ' ἰδόντες ἐρύθημα καὶ
δάκρυον καὶ μεμειγμένον ἅμα τῷ θυμουμένῳ τὸ αἰδούμενον,
οὐδενὸς ἄλλου δεηθέντες τεκμηρίου κατεψηφίσαντο καὶ
χρήμασιν ἐζημίωσαν Καπετωλῖνον, ἐξ ὧν ὁ Μάρκελλος ἀργυρᾶ
λοιβεῖα ποιησάμενος τοῖς θεοῖς καθιέρωσεν.
| [2] II. Pour Marcellus, il n'y avait pas de genre de combat auquel il ne fût exercé,
et où il ne se distinguât; mais c'était surtout dans les combats singuliers
qu'il se montrait supérieur à lui-même. Aussi ne refusa-t-il
jamais aucun défi, et il tua tous ceux qui le provoquèrent. En Sicile, son frère
Otacilius se trouvant dans un grand danger, il le couvrit de son bouclier, tua de sa
main tous ceux qui se jetaient sur lui, et le sauva. Ces traits de valeur lui méritèrent,
dans sa jeunesse, de la part des généraux, des couronnes et des récompenses.
Devenu de jour en jour plus célèbre, il fut nommé par le peuple à l'édilité curule,
et par les prêtres à la dignité d'augure. C'est cette espèce de sacerdoce auquel la loi
donne une inspection spéciale sur la divination qui se tire du vol des oiseaux.
Pendant son édilité, il se vit forcé d'intenter une accusation. Il avait un fils qui portait
le même nom que lui; il était à la fleur de l'âge, et d'une beauté singulière; sa sagesse
et sa bonne éducation le faisaient admirer de tous les Romains. Capitolinus, collègue
de Marcellus dans l'édilité, homme audacieux et corrompu, osa faire à son fils une
proposition infâme, que ce jeune homme rejeta d'abord avec indignation, sans en
rien dire à personne. Mais Capitolinus la lui ayant faite de nouveau, il en parla à son
père, qui, indigné de cet affront, accusa Capitolinus en plein sénat. Celui-ci eut
recours à toutes les chicanes, à tous les subterfuges qu'il put imaginer, et finit par en
appeler aux tribuns, qui ne voulurent pas recevoir son appel. Il prit donc le parti de
nier le fait ; et comme il n'y avait aucun témoin des discours qu'il avait tenus au
jeune Marcellus, le sénat ordonna de faire comparaître l'enfant. Lorsqu'il parut, et
que les sénateurs virent sa rougeur, ses larmes et sa pudeur, à travers laquelle
éclatait l'indignation la plus soutenue, ils n'eurent pas besoin d'autres preuves, et ils
condamnèrent Capitolinus à une forte amende envers Marcellus; il en fit faire des
vases d'argent pour les libations, et les consacra aux dieux.
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