[11] Ἐκ τούτου βεβαιότατος μὲν ἦν Μαρκέλλῳ παραστάτης
καὶ σύμμαχος, δεινότατος δὲ μηνυτὴς καὶ κατήγορος <2> τῶν
τἀναντία φρονούντων ὁ Βάνδιος. ἦσαν δὲ πολλοί, καὶ
διενοοῦντο τῶν Ῥωμαίων ἐπεξιόντων τοῖς πολεμίοις <3> αὐτοὶ
διαρπάσαι τὰς ἀποσκευάς. διὸ συντάξας ὁ Μάρκελλος τὴν
δύναμιν ἐντός, παρὰ τὰς πύλας ἔστησε τὰ σκευοφόρα καὶ τοῖς
Νωλανοῖς διὰ κηρύγματος ἀπεῖπε <4> πρὸς τὰ τείχη
προσπελάζειν. ἦν οὖν ὅπλων ἔρημα καὶ τὸν Ἀννίβαν
ἐπεσπάσατο προσάγειν ἀτακτότερον, ὡς τῶν <5> ἐν τῇ πόλει
ταραττομένων. ἐν τούτῳ δὲ τὴν καθ' αὑτὸν πύλην ἀναπετάσαι
κελεύσας ὁ Μάρκελλος ἐξήλασεν, ἔχων μεθ' ἑαυτοῦ τῶν
ἱπποτῶν τοὺς λαμπροτάτους, καὶ προσπεσὼν <6> κατὰ στόμα
συνείχετο τοῖς πολεμίοις. μετ' ὀλίγον δ' οἱ πεζοὶ καθ' ἑτέραν
πύλην <ἐξ>εχώρουν μετὰ δρόμου καὶ βοῆς, καὶ πρὸς τούτους
αὖθις αὖ τοῦ Ἀννίβα μερίζοντος τὴν δύναμιν, ἡ τρίτη τῶν
πυλῶν ἀνεῴγνυτο, καὶ δι' αὐτῆς ἐξέθεον οἱ λοιποί, καὶ
προσέκειντο πανταχόθεν ἐκπεπληγμένοις τῷ ἀπροσδοκήτῳ
καὶ κακῶς ἀμυνομένοις τοὺς ἐν χερσὶν ἤδη διὰ τοὺς ὕστερον
ἐπιφερομένους. <7> κἀνταῦθα πρῶτον οἱ σὺν Ἀννίβᾳ Ῥωμαίοις
ἐνέδωκαν, ὠθούμενοι φόνῳ πολλῷ καὶ τραύμασι πρὸς τὸ
στρατόπεδον. λέγονται γὰρ ὑπὲρ πεντακισχιλίους ἀποθανεῖν,
<8> ἀποκτεῖναι δὲ Ῥωμαίων οὐ πλείονας ἢ πεντακοσίους. ὁ δὲ
Λίβιος οὕτω μὲν οὐ διαβεβαιοῦται γενέσθαι μεγάλην <τὴν>
ἧτταν, οὐδὲ πεσεῖν νεκροὺς τοσούτους τῶν πολεμίων, κλέος δὲ
μέγα Μαρκέλλῳ καὶ Ῥωμαίοις ἐκ κακῶν θάρσος ἀπὸ τῆς μάχης
ἐκείνης ὑπάρξαι θαυμαστόν, οὐχ ὡς πρὸς ἄμαχον οὐδ' ἀήττητον,
ἀλλά τι καὶ παθεῖν δυνάμενον διαγωνιζομένοις πολέμιον.
| [11] De ce moment Bandius s'attacha tellement à Marcellus, qu'il ne t'abandonna plus,
et qu'il mit le plus grand zèle à découvrir et à lui dénoncer ceux qui tenaient le parti
d'Annibal. Ils étaient en grand nombre, et avaient formé le complot de piller le bagage
des Romains la première fois qu'ils sortiraient contre les ennemis, et de leur fermer les
portes de la ville. XIV. Marcellus, instruit de ce projet, range son armée en bataille dans
la ville, met le bagage près des portes, et fait publier de son trompe une défense aux
habitants de paraître sur les murailles. Annibal, à qui cette solitude fit croire qu'il y
avait quelque sédition dans la ville, s'en approcha avec peu d'ordre et de précaution.
Aussitôt Marcellus fait ouvrir la porte qui est devant lui, et, à la tête de sa meilleure
cavalerie, il charge de front l'ennemi et le pousse avec vigueur. Un moment après,
l'infanterie sort par une autre porte, et court sur les Carthaginois en jetant de grands
cris. Pendant qu'Annibal partage ses troupes pour faire face à cette seconde attaque,
on ouvre une troisième porte, et le reste des Romains, sortant avec rapidité, fondent
sur les ennemis, qui, étonnés de cette sortie imprévue, et pressés par ces nouvelles
troupes, se défendirent faiblement contre les premières. Ce fut la première occasion
où les soldats d'Annibal plièrent devant les Romains, et ils furent repoussés jusque
dans leur camp avec un grand nombre de morts et de blessés. Ils perdirent plus de
cinq mille hommes, et Marcellus n'en eut que cinq cents de tués. Cependant Tite-Live
n'assure point que la défaite des Carthaginois ait été si considérable, ni le
nombre des morts si grand. Mais il avoue que ce combat couvrit Marcellus de gloire
et releva, après tant de malheurs, le courage des Romains, qui virent que l'ennemi
qu'ils avaient à combattre n'était ni invulnérable ni invincible, et qu'il pouvait aussi
éprouver des revers.
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