| [19]  Ἐπὶ τούτῳ Κάτων τιμητὴς γενόμενος καὶ καθαίρων τὴν 
σύγκλητον, ἀπήλασε τῆς βουλῆς τὸν Λεύκιον, ὑπατικοῦ μὲν 
ἀξιώματος ὄντα, συνατιμοῦσθαι δὲ τοῦ (2) ἀδελφοῦ δοκοῦντος 
αὐτῷ. διὸ καὶ προελθόντες εἰς τὸν δῆμον ἀμφότεροι ταπεινοὶ 
καὶ δεδακρυμένοι, μέτρια δεῖσθαι τῶν πολιτῶν ἐδόκουν, 
ἀξιοῦντες αἰτίαν εἰπεῖν τὸν Κάτωνα καὶ λόγον, ᾧ χρησάμενος 
οἶκον ἔνδοξον (3) ἀτιμίᾳ τοσαύτῃ περιβέβληκεν. οὐδὲν οὖν 
ὑποστειλάμενος ὁ Κάτων προῆλθε, καὶ καταστὰς μετὰ τοῦ 
συνάρχοντος (4) ἠρώτησε τὸν Τίτον εἰ γινώσκει τὸ συμπόσιον. 
ἀρνουμένου δ' ἐκείνου, διηγησάμενος εἰς ὁρισμὸν προεκαλεῖτο 
τὸν (5) Λεύκιον, εἴ τί φησι τῶν εἰρημένων μὴ ἀληθὲς εἶναι. τοῦ 
δὲ Λευκίου σιωπήσαντος, ὁ μὲν δῆμος ἔγνω δικαίαν γεγονέναι 
τὴν ἀτιμίαν, καὶ τὸν Κάτωνα προέπεμψε (6) λαμπρῶς ἀπὸ τοῦ 
βήματος· ὁ δὲ Τίτος τῇ συμφορᾷ τοῦ ἀδελφοῦ περιπαθῶν, 
συνέστη μετὰ τῶν πάλαι μισούντων τὸν Κάτωνα, καὶ πάσας 
μὲν ἃς ἐκεῖνος ἐποιήσατο τῶν δημοσίων ἐκδόσεις καὶ 
μισθώσεις καὶ ὠνὰς ἠκύρωσε καὶ (7) ἀνέλυσεν, ἐν τῇ βουλῇ 
κρατήσας, πολλὰς δὲ καὶ μεγάλας δίκας κατ' αὐτοῦ 
παρεσκεύασεν, οὐκ οἶδ' ὅπως εὖ καὶ πολιτικῶς (καὶ) πρὸς 
ἄρχοντα νόμιμον καὶ πολίτην ἄριστον ὑπὲρ ἀνδρὸς οἰκείου μέν, 
ἀναξίου δὲ καὶ τὰ προσήκοντα (8) πεπονθότος, ἀνήκεστον 
ἔχθραν ἀράμενος. οὐ μὴν ἀλλὰ τοῦ Ῥωμαίων ποτὲ δήμου θέαν 
ἔχοντος ἐν τῷ θεάτρῳ καὶ τῆς βουλῆς ᾧπερ εἴωθε κόσμῳ 
προκαθημένης, ὀφθεὶς ὁ Λεύκιος ἐπ' ἐσχάτοις που καθήμενος 
ἀτίμως καὶ ταπεινῶς, οἶκτον ἔσχε, καὶ τὸ πλῆθος οὐκ ἠνέσχετο 
τὴν ὄψιν, ἀλλ' ἐβόων μεταβῆναι κελεύοντες ἕως μετέβη, 
δεξαμένων αὐτὸν εἰς ἑαυτοὺς τῶν ὑπατικῶν.
 | [19] XXVII. Caton ayant été nommé censeur, fit l'épuration du sénat, d'où il chassa 
Lucius, quoiqu'il  fût personnage consulaire, et que cette flétrissure  parût rejaillir sur 
son frère. S'étant donc présentés tous deux devant le peuple dans l'état le plus  
humble, et fondant en larmes, ils firent une demande qui parut juste : c'était que 
Caton fût obligé  de dire les motifs qu'il avait eus de flétrir à ce point une maison si 
illustre. Caton se rend sans différer sur la place; et, s'étant assis sur le tribunal  avec 
son collègue , il demande à Titus Flamininus  s'il n'a aucune connaissance du festin 
dont nous  venons de parler. Flamininus ayant répondu qu'il  l'ignorait absolument, 
Caton raconte le fait, et  défère le serment à Lucius dans le cas où il s'inscrirait en 
faux contre ce récit. Lucius ayant gardé  le silence, le peuple jugea qu'il avait mérité 
cette  note d'infamie, et reconduisit honorablement Caton du tribunal jusqu'à sa 
maison. Flamininus,  vivement touché du malheur de son frère, se ligua  avec les 
ennemis de Caton , et obtint du sénat que  les baux de location, et les marchés qu'il 
avait  faits au nom de la république, seraient cassés; il  lui suscita personnellement 
plusieurs procès graves; mais je doute qu'il ait agi en habile et sage  politique, de 
vouer ainsi une haine irréconciliable  à un excellent citoyen, à un magistrat qui 
remplissait son devoir; et cela pour un homme, à la  vérité, son plus proche parent, 
mais qui s'était  montré indigne de l'être, et qui avait bien mérité  l'ignominie qu'il 
éprouvait. Cependant, peu de  temps après, le peuple étant assemblé dans le  théâtre 
pour assister à des jeux où le sénat occupait, suivant l'usage, les rangs les plus 
honorables, on vit Lucius assis aux derniers rangs, place  convenable à son état 
d'humiliation. Le peuple en  fut touché; et ne pouvant supporter cette vue, il  lui cria 
d'avancer, et ne cessa ses cris que lorsque Lucius eut pris place parmi les consulaires ,  
qui le reçurent au milieu d'eux. 
 |