[5] Ἐπεὶ δὲ Κρατερὸς καὶ Ἀντίπατρος τῶν Ἑλλήνων
περιγενόμενοι διέβαινον εἰς Ἀσίαν, τὴν Περδίκκου
καταλύσοντες ἀρχήν, καὶ προσηγγέλλοντο μέλλοντες
ἐμβαλεῖν εἰς Καππαδοκίαν, ὁ Περδίκκας αὐτὸς ἐπὶ Πτολεμαῖον
στρατεύων ἀπέδειξε τὸν Εὐμενῆ τῶν ἐν Ἀρμενίᾳ καὶ
Καππα(2)δοκίᾳ δυνάμεων αὐτοκράτορα στρατηγόν, καὶ περὶ
τούτων ἐπιστολὰς ἔπεμψεν, Ἀλκέταν μὲν καὶ Νεοπτόλεμον
Εὐμενεῖ προσέχειν κελεύσας, (3) Εὐμενῆ δὲ χρῆσθαι τοῖς
πράγμασιν ὅπως αὐτὸς ἔγνωκεν. Ἀλκέτας μὲν οὖν ἄντικρυς
ἀπείπατο τὴν στρατείαν, ὡς τῶν ὑπ' αὐτῷ Μακεδόνων
Ἀντιπάτρῳ μὲν αἰδουμένων μάχεσθαι, Κρατερὸν δὲ καὶ
δέχεσθαι δι' (4) εὔνοιαν ἑτοίμων ὄντων· Νεοπτόλεμος δὲ
βουλεύων μὲν ἐπ' Εὐμενεῖ προδοσίαν οὐκ ἔλαθε, καλούμενος δ'
οὐχ ὑπήκουσεν, ἀλλὰ παρέταττε (5) τὴν δύναμιν. ἔνθα πρῶτον
ὁ Εὐμενὴς ἀπέλαυσε τῆς ἑαυτοῦ προνοίας καὶ παρασκευῆς·
ἡττώμενος γὰρ ἤδη κατὰ τὸ πεζόν, ἐτρέψατο τοῖς ἱππεῦσι τὸν
Νεοπτόλεμον καὶ τὴν ἀποσκευὴν ἔλαβεν αὐτοῦ, καὶ τῇ
φάλαγγι διεσπαρμένῃ περὶ τὴν δίωξιν ἅθρους ἐπελάσας,
ἠνάγκασε τὰ ὅπλα θέσθαι καὶ <δόντας καὶ> λαβόντας ὅρκους
αὐτῷ συστρατεύειν.
(6) Ὁ μὲν οὖν Νεοπτόλεμος ὀλίγους τινὰς συναγαγὼν ἐκ
τῆς τροπῆς, ἔφυγε πρὸς Κρατερὸν καὶ Ἀντίπατρον, παρ'
ἐκείνων δ' ἀπέσταλτο πρεσβεία πρὸς Εὐμενῆ, παρακαλοῦσα
μεταθέσθαι πρὸς αὐτούς, καρπούμενον μὲν ἃς εἶχε
σατραπείας, προσλαβόντα δὲ στρατιὰν καὶ χώραν παρ' αὐτῶν,
Ἀντιπάτρῳ μὲν ἀντ' ἐχθροῦ φίλον γενόμενον, Κρατερῷ δὲ μὴ
(7) γενόμενον ἐκ φίλου πολέμιον. ταῦθ' ὁ Εὐμενὴς ἀκούσας,
Ἀντιπάτρῳ μὲν οὐκ ἂν ἔφη παλαιὸς ὢν ἐχθρὸς νῦν γενέσθαι
φίλος, ὅτ' αὐτὸν ὁρᾷ τοῖς (8) φίλοις ὡς ἐχθροῖς χρώμενον,
Κρατερὸν δὲ Περδίκκᾳ διαλλάττειν ἕτοιμος εἶναι καὶ συνάγειν
ἐπὶ τοῖς ἴσοις καὶ δικαίοις, ἄΡχοντος δὲ πλεονεξίας Τῷ
ἀδικουμένῳ βοηθήσειν μέχρι ἂν ἐμπνέῃ, καὶ μᾶλλον τὸ σῶμα
καὶ τὸν βίον ἢ τὴν πίστιν προήσεσθαι.
| [5] VI. Cependant Cratère et Antipater, après avoir soumis les Grecs,
passèrent en Asie, pour y détruire la puissance de Perdiccas; et l'on annonçait,
déjà qu'ils étaient prêts à se jeter dans la Cappadoce. Perdiccas, qui se préparait à
faire la guerre contre Ptolémée, donna à Eumène le commandement général de
toutes les troupes d'Arménie et de Cappadoce; il écrivit à Alcétas et à Néoptolème
d'obéir à Eumène, à qui il mandait en même temps de tout ordonner comme il le
jugerait à propos. Alcétas refusa nettement de prendre part à cette expédition, parce
que les Macédoniens qu'il commandait avaient honte de combattre contre Antipater,
et que même, par affection pour Cratère, ils étaient tout disposés à lui obéir.
Néoptolème ne se cachait pas de la trahison qu'il tramait contre Eumène; au lieu de
suivre l'ordre qu'il avait reçu de se joindre à lui, il rangea son armée en bataille, et
l'attaqua. Eumène recueillit en cette occasion les premiers fruits de sa prévoyance et
de ses sages préparatifs. Son infanterie fut battue; mais avec sa cavalerie il mit
Néoptolème en fuite, prit tous ses bagages, et, revenant sur la phalange ennemie qui
s'était débandée à la poursuite de son infanterie, il lui fit mettre bas les armes, et
l'incorpora dans ses troupes, après lui avoir fait prêter serment de fidélité. VII.
Néoptolème ayant rallié quelques fuyards, se réfugia auprès de Cratère et
d'Antipater, qui envoyèrent une ambassade à Eumène, pour l'inviter à passer dans
leur parti; ils lui promettaient de lui assurer la libre jouissance de son gouvernement,
et d'y joindre même d'autres provinces avec de nouvelles troupes, à la seule
condition de devenir l'ami d'Antipater, et de ne pas renoncer à l'amitié de Cratère.
« Mon ancienne liaison avec Antipater, répondit Eumène aux ambassadeurs, ne me
permet pas de devenir son ami, lorsque je le vois traiter hostilement le mien; je suis
prêt à réconcilier Cratère avec Perdiccas, à cimenter même leur amitié à des
conditions justes et raisonnables; mais si Cratère entreprend de lui enlever ses États,
je le défendrai contre l'injustice de ses agresseurs, tant qu'il me restera une goutte de
sang; et j'abandonnerai mon corps et ma vie, plutôt que de trahir la foi que je lui ai
jurée. »
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