[2] Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ προσέκρουσε πολλάκις Ἀλεξάνδρῳ καὶ
παρεκινδύνευσε δι' Ἡφαιστίωνα. πρῶτον μὲν γὰρ Εὐΐῳ τῷ
αὐλητῇ τοῦ Ἡφαιστίωνος οἰκίαν κατανείμαντος ἣν οἱ παῖδες
ἔτυχον τῷ Εὐμενεῖ προκατειληφότες, ἐλθὼν ὑπ' ὀργῆς πρὸς τὸν
Ἀλέξανδρον ὁ Εὐμενὴς ἐβόα μετὰ Μέντορος, ὡς αὐλεῖν εἴη
κράτιστον ἢ τραγῳδεῖν τὰ ὅπλα ῥίψαντας ἐκ τῶν χειρῶν, ὥστ'
Ἀλέξανδρον αὐτῷ συναγανακτεῖν καὶ λοιδορεῖσθαι τῷ
Ἡφαιστίωνι. (3) ταχὺ μέντοι μεταπεσὼν αὖθις εἶχε τὸν Εὐμενῆ
δι' ὀργῆς, ὡς ὕβρει μᾶλλον (4) πρὸς ἑαυτὸν ἢ παρρησίᾳ πρὸς
Ἡφαιστίωνα χρησάμενον. ἔπειτα Νέαρχον ἐκπέμπων μετὰ
νεῶν ἐπὶ τὴν ἔξω θάλασσαν, ᾔτει χρήματα τοὺς φίλους· (5) οὐ
γὰρ ἦν ἐν τῷ βασιλείῳ. τοῦ δ' Εὐμενοῦς αἰτηθέντος μὲν
τριακόσια τάλαντα, δόντος δ' ἑκατὸν μόνα, καὶ ταῦτα γλίσχρως
καὶ μόλις αὐτῷ συνειλέχθαι διὰ τῶν ἐπιτρόπων φάσκοντος,
οὐδὲν ἐγκαλέσας οὐδὲ δεξάμενος, ἐκέλευσε τοὺς παῖδας κρύφα
τῇ σκηνῇ τοῦ Εὐμενοῦς πῦρ ἐνεῖναι, βουλόμενος
ἐκκομιζομένων τῶν χρημάτων λαβεῖν ἐπ' αὐτοφώρῳ
ψευδόμενον. (6) ἔφθη δ' ἡ σκηνὴ καταφλεχθεῖσα, καὶ μετενόησε
τῶν γραμμάτων διαφθαρέντων ὁ Ἀλέξανδρος. τὸ δὲ συγχυθὲν
χρυσίον καὶ ἀργύριον ὑπὸ τοῦ πυρὸς (7) ἀνευρέθη πλεῖον ἢ
χιλίων ταλάντων. ἔλαβε δ' οὐδέν, ἀλλὰ καὶ γράψας τοῖς
πανταχοῦ σατράπαις καὶ στρατηγοῖς ἀντίγραφα τῶν
διεφθαρμένων ἀπο(8)στέλλειν, πάντα παραλαμβάνειν
ἐκέλευσε τὸν Εὐμενῆ. πάλιν δὲ περὶ δωρεᾶς τινος εἰς διαφορὰν
καταστὰς πρὸς τὸν Ἡφαιστίωνα, καὶ πολλὰ μὲν (9) ἀκούσας
κακῶς, πολλὰ δ' εἰπών, τότε μὲν οὐκ ἔλαττον ἔσχε· μετ' ὀλίγον
δὲ τελευτήσαντος Ἡφαιστίωνος, περιπαθῶν ὁ βασιλεύς, καὶ
πᾶσιν οὓς ἐδόκει ζῶντι μὲν ἐκείνῳ φθονεῖν, ἐπιχαίρειν δὲ
τεθνηκότι τραχέως ὁμιλῶν καὶ χαλεπὸς ὤν, μάλιστα τὸν
Εὐμενῆ δι' ὑποψίας εἶχε, καὶ προὔφερε (10) πολλάκις τὰς
διαφορὰς καὶ λοιδορίας ἐκείνας. ὁ δὲ πανοῦργος ὢν καὶ
πιθανός, ἐπεχείρησεν οἷς ἀπώλλυτο σῴζειν ἑαυτόν· κατέφυγε
γὰρ εἰς τὴν πρὸς Ἡφαιστίωνα φιλοτιμίαν Ἀλεξάνδρου καὶ
χάριν, ὑφηγούμενός τε τιμὰς αἳ μάλιστα κοσμεῖν ἔμελλον τὸν
τεθνηκότα, καὶ χρήματα τελῶν εἰς τὴν τοῦ τάφου κατασκευὴν
ἀφειδῶς καὶ προθύμως.
| [2] II. Cependant il encourut souvent la disgrâce d'Alexandre,
et se vit plus d'une fois en danger à cause d'Éphestion.
Ce favori d'Alexandre ayant un jour donné au joueur de flûte Évius un
logement que les domestiques d'Eumène avaient déjà retenu pour lui, Eumène alla
tout en colère, accompagné de Mentor, trouver Alexandre, en criant que ce qu'on
avait de mieux à faire était de jeter les armes et d'apprendre à jouer de la flûte, ou à
réciter des tragédies. Alexandre, irrité d'abord contre lui, fit ensuite de vives
réprimandes à Éphestion; mais changeant bientôt de disposition, il sut très mauvais
gré à Eumène de ses plaintes, et trouva qu'il avait parlé avec plus d'insolence contre
lui que de liberté contre Éphestion. Dans la suite, lorsque Alexandre voulut envoyer
Néarque avec sa flotte, pour reconnaître les côtes de l'Océan, comme il n'avait point
d'argent dans son trésor, il en emprunta de ses amis. Eumène, à qui on avait
demandé trois cents talents, n'en donna que cent; encore le fit-il de mauvaise grâce et
en disant qu'il avait eu bien de la peine à les tirer de ses receveurs. Alexandre, sans
lui faire aucun reproche refusa son argent; mais il commanda à ses valets de mettre
secrètement le feu à la tente d'Eumène, afin de le convaincre de mensonge lorsqu'il
transporterait son argent. La tente fut entièrement brûlée, et Alexandre eut à se
repentir de l'ordre qu'il avait donné ; car tous les papiers qu'Eumène avait en sa
garde furent consumés. L'or et l'argent que le feu avait fondus en lingots se
montèrent à plus de mille talents, dont Alexandre ne prit rien; il écrivit aux satrapes
et à ses généraux d'envoyer des copies de toutes les dépêches que le feu avait
consumées, et il les fit remettre à Eumène. Un présent qu'Alexandre avait fait à
Éphestion, occasionna une seconde querelle entre celui-ci et Eumène; ils se dirent
mutuellement beaucoup d'injures, et d'abord Eumène n'en fut pas moins bien traité
de ce prince. Mais peu de temps après Éphestion étant mort, le roi, qui en était
inconsolable, témoignait du ressentiment et de l'aigreur à tous ceux qu'il croyait
avoir été jaloux d'Éphestion pendant sa vie, et s'être réjouis de sa mort. Il en
soupçonnait surtout Eumène, et lui reprochait souvent les querelles qu'il avait eues
avec lui, et les injures qu'il lui avait dites. Mais Eumène, en homme adroit et
insinuant, chercha le remède de sa disgrâce dans ce qui l'avait causée. Il s'étudia à
seconder les désirs et le zèle d'Alexandre pour honorer la mémoire d'Éphestion; il lui
suggéra de nouveaux moyens de relever ses obsèques, et fournit avec autant
d'empressement que de profusion aux frais de ses funérailles et à la construction de
son tombeau.
|