[1] Εὐμενῆ δὲ τὸν Καρδιανὸν ἱστορεῖ Δοῦρις πατρὸς μὲν
ἁμαξεύοντος ἐν Χερρονήσῳ διὰ πενίαν γενέσθαι, τραφῆναι δ'
ἐλευθερίως (2) ἐν γράμμασι καὶ περὶ παλαίστραν· ἔτι δὲ παιδὸς
ὄντος αὐτοῦ, Φίλιππον παρεπιδημοῦντα καὶ σχολὴν ἄγοντα τὰ
τῶν Καρδιανῶν θεάσασθαι παγκράτια μειρακίων καὶ
παλαίσματα παίδων, ἐν οἷς εὐημερήσαντα τὸν Εὐμενῆ καὶ
φανέντα συνετὸν καὶ ἀνδρεῖον, ἀρέσαι τῷ Φιλίππῳ καὶ
ἀναλη(3)φθῆναι. δοκοῦσι δ' εἰκότα λέγειν μᾶλλον οἱ διὰ ξενίαν
καὶ φιλίαν πατρῴαν (4) τὸν Εὐμενῆ λέγοντες ὑπὸ τοῦ Φιλίππου
προαχθῆναι. μετὰ δὲ τὴν ἐκείνου τελευτὴν οὔτε συνέσει τινὸς
οὔτε πίστει λείπεσθαι δοκῶν τῶν περὶ Ἀλέξανδρον, ἐκαλεῖτο
μὲν ἀρχιγραμματεύς, τιμῆς δ' ἧσπερ οἱ μάλιστα φίλοι (5) καὶ
συνήθεις ἐτύγχανεν, ὥστε καὶ στρατηγὸς ἀποσταλῆναι κατὰ
τὴν Ἰνδικὴν ἐφ' ἑαυτοῦ μετὰ δυνάμεως, καὶ τὴν Περδίκκου
παραλαβεῖν ἱππαρχίαν, ὅτε Περδίκκας ἀποθανόντος
Ἡφαιστίωνος εἰς τὴν ἐκείνου προῆλθε τάξιν. (6) διὸ καὶ
Νεοπτολέμου τοῦ ἀρχιυπασπιστοῦ μετὰ τὴν Ἀλεξάνδρου
τελευτὴν λέγοντος, ὡς αὐτὸς μὲν ἀσπίδα καὶ λόγχην, Εὐμενὴς
δὲ γραφεῖον ἔχων καὶ πινακίδιον ἠκολούθει, κατεγέλων οἱ
Μακεδόνες, μετὰ τῶν ἄλλων καλῶν τὸν Εὐμενῆ καὶ τῆς κατὰ
τὸν γάμον οἰκειότητος ὑπὸ τοῦ βασιλέως εἰδότες (7) ἀξιωθέντα.
Βαρσίνην γὰρ τὴν Ἀρταβάζου πρώτην ἐν Ἀσίᾳ γνοὺς ὁ
Ἀλέξανδρος, ἐξ ἧς υἱὸν ἔσχεν Ἡρακλέα, τῶν ταύτης ἀδελφῶν
Πτολεμαίῳ μὲν Ἀπάμαν, Εὐμενεῖ δ' Ἄρτωνιν ἐξέδωκεν, ὅτε καὶ
τὰς ἄλλας Περσίδας διένειμε καὶ συνῴκισε τοῖς ἑταίροις.
| [1] L'historien Duris rapporte qu'Eumène, né à Cardie dans la Thrace, était
fils d'un homme que sa pauvreté avait réduit à exercer le roulage dans la
Chersonnèse; mais qu'il reçut une honnête éducation, fut instruit dans les lettres, et
dressé à tous les exercices du gymnase. Il était encore dans l'enfance, lorsque
Philippe passant par la ville de Cardie, et n'ayant point d'affaire pressée, s'arrêta à
voir les jeux d'escrime des jeunes garçons et la lutte des enfants. Entre ces derniers,
Eumène eut tant de succès, il montra tant d'adresse et de courage, qu'il plut à ce
prince, qui l'emmena avec lui. Mais je trouve plus vraisemblable le récit de ceux qui
assurent que Philippe le prit auprès de sa personne, et l'avança, parce que le père
d'Eumène était son hôte et son ami. Après la mort de ce prince, comme il parut
ne le céder, ni en prudence, ni en fidélité, à aucun des amis d'Alexandre, le nouveau
roi le nomma son premier secrétaire; mais il le traita toujours avec autant de
distinction que ceux qui avaient le plus de part à son amitié et à sa confiance : aussi,
dans son expédition de l'Inde, il l'envoya commander un corps d'armée; et lorsque,
après la mort d'Éphestion, il nomma Perdiccas pour remplir sa place, Eumène eut le
gouvernement de Perdiccas. Quand Alexandre fut mort, Néoptolème, qui avait
été son grand écuyer, ayant dit un jour qu'il portait le bouclier et la lance de ce
prince pendant qu'Eumène le suivait avec son écritoire et ses tablettes, il ne fit que
prêter à rire aux Macédoniens, qui n'ignoraient pas qu'outre bien d'autres honneurs
qu'Alexandre avait décernés à Eumène, il l'avait encore honoré de son alliance.
Barsine, fille d'Artabaze, la première femme qu'Alexandre eût aimée en Asie, et dont
il avait eu un fils, nommé Hercule, avait deux sœurs; et lorsque Alexandre choisit des
femmes dans les plus nobles familles des Perses, pour les faire épouser à ses
compagnons d'armes, il donna à Ptolémée une des sœurs de Barsine, nommée
Apama; et à Eumène, Maria, la seconde, qui s'appelait aussi Barsine.
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