[19] ἀπέθανε δὲ πολιορκῶν Κίτιον, ὡς οἱ πλεῖστοι λέγουσι, νοσήσας· ἔνιοι δέ
φασιν ἐκ τραύματος, ὃ πρὸς τοὺς βαρβάρους ἀγωνιζόμενος ἔσχε. τελευτῶν δὲ τοὺς
περὶ αὐτὸν ἐκέλευσεν εὐθὺς ἀποπλεῖν ἀποκρυψαμένους τὸν θάνατον αὐτοῦ· καὶ
συνέβη μήτε τῶν πολεμίων μήτε τῶν συμμάχων αἰσθομένων ἀσφαλῶς αὐτοὺς
ἀνακομισθῆναι στρατηγουμένους ὑπὸ Κίμωνος, ὥς φησι Φανόδημος, τεθνηκότος
ἐφ᾽ ἡμέρας τριάκοντα.
(2) μετὰ δὲ τὴν ἐκείνου τελευτὴν πρὸς μὲν τοὺς βαρβάρους οὐδὲν ἔτι λαμπρὸν ὑπ᾽
οὐδενὸς ἐπράχθη στρατηγοῦ τῶν Ἑλλήνων, ἀλλὰ τραπέντες ὑπὸ δημαγωγῶν καὶ
πολεμοποιῶν ἐπ᾽ ἀλλήλους, οὐδενὸς τὰς χεῖρας ἐν μέσῳ διασχόντος,
συνερράγησαν εἰς τὸν πόλεμον, ἀναπνοὴ μὲν τοῖς βασιλέως πράγμασι γενόμενοι,
φθόρον δ᾽ ἀμύθητον τῆς Ἑλληνικῆς δυνάμεως ἀπεργασάμενοι. (3) ὀψὲ δ᾽ οἱ περὶ
τὸν Ἀγησίλαον εἰς τὴν Ἀσίαν ἐξενεγκάμενοι τὰ ὅπλα βραχέος ἥψαντο πολέμου πρὸς
τοὺς ἐπὶ θαλάσσῃ βασιλέως στρατηγούς· καὶ λαμπρὸν οὐδὲν οὐδὲ μέγα δράσαντες,
αὖθις δὲ ταῖς Ἑλληνικαῖς στάσεσι καὶ ταραχαῖς ἀφ᾽ ἑτέρας ἀρχῆς ὑπενεχθέντες,
ᾤχοντο τοὺς Περσῶν φορολόγους ἐν μέσαις ταῖς συμμάχοις καὶ φίλαις πόλεσιν
ἀπολιπόντες, ὧν οὐδὲ γραμματοφόρος κατέβαινεν οὐδ᾽ ἵππος πρὸς θαλάσσῃ
τετρακοσίων σταδίων ἐντὸς ὤφθη στρατηγοῦντος Κίμωνος.
(4) ὅτι μὲν οὖν εἰς τὴν Ἀττικὴν ἀπεκομίσθη τὰ λείψανα αὐτοῦ, μαρτυρεῖ τῶν
μνημάτων τὰ μέχρι νῦν Κιμώνεια προσαγορευόμενα· τιμῶσι δὲ καὶ Κιτιεῖς τάφον
τινὰ Κίμωνος, ὡς Ναυσικράτης ὁ ῥήτωρ φησίν, ἐν λοιμῷ καὶ γῆς ἀφορίᾳ τοῦ θεοῦ
προστάξαντος αὐτοῖς μὴ ἀμελεῖν Κίμωνος, ἀλλ᾽ ὡς κρείττονα σέβεσθαι καὶ
γεραίρειν. τοιοῦτος μὲν ὁ Ἑλληνικὸς ἡγεμών.
| [19] XXVIII.
Il mourut au siége de Citium en Cypre, de maladie, suivant la plupart des historiens,
et selon d'autres, d'une blessure qu'il reçut en combattant contre les Barbares. En
mourant, il ordonna à ses capitaines de ramener sur-le-champ la flotte à Athènes, et
de cacher sa mort à tout le monde. Ils excutèrent cet ordre si secrètement, que ni les
ennemis ni les alliés ne surent sa mort, et que la flotte rentra en sûreté dans les ports
de l'Attique, suivant Phanodème, après une navigation de trente jours, et toujours
commandée, par Cimon, tout mort qu'il était. Depuis cet événement aucun des
généraux grecs ne fit plus aucun exploit éclatant contre les Barbares. Maîtrisés par
leurs démagogues, par ces brandons de discorde qui les animaient les uns contre les
autres, sans que personne se mît entre deux pour les séparer, ils en vinrent enfin à se
faire une guerre ouverte. Leurs divisions laissèrent longtemps respirer le roi de
Perse, et portèrent à la puissance des Grecs des coups irréparables. Ce ne fut que
longtemps après qu'Agésilas, portant les armes en Asie, ralluma faiblement la
guerre contre les généraux du roi de Perse qui commandaient dans les provinces
maritimes. Mais avant que d'avoir pu rien faire de grand et de mémorable dans cette
guerre, il fut rapplé par les nouveaux sujets de sédition et de trouble qui s'étaient
élevés dans la Grèce, laissant les exacteurs du roi de Perse lever les impôts au milieu
des villes alliées et amies des Grecs : tandis que, sous le commandement de Cimon,
un seul greffier n'avait osé signifier un exploit, ni un seul homme de guerre
s'approcher de la mer à plus de quatre cents stades. Les os de Cimon furent
transportés dans l'Attique. Son tombeau, qu'on y voit encore, et qui s'appelle
Cimonia, en est une preuve. Cependant les habitants de Citium, suivant l'orateur
Nausicratès, honorent un tombeau qu'ils disent être celui de Cimon; et le motif
des honneurs qu'ils lui rendent, c'est que, dans un temps de famine et de stérilité, un
dieu leur ordonna de ne pas négliger la mémoire de Cimon, et de lui rendre les
honneurs divins. Tel fut le capitaine grec que je mets en parallèle avec Lucullus.
|