[1] Περιπόλτας ὁ μάντις ἐκ Θετταλίας εἰς Βοιωτίαν Ὀφέλταν τὸν βασιλέα καὶ τοὺς
ὑπ᾽ αὐτῷ λαοὺς καταγαγὼν γένος εὐδοκιμῆσαν ἐπὶ πολλοὺς χρόνους κατέλιπεν, οὗ
τὸ πλεῖστον ἐν Χαιρωνείᾳ κατῴκησεν, ἣν πρώτην πόλιν ἔσχον ἐξελάσαντες τοὺς
βαρβάρους. οἱ μὲν οὖν πλεῖστοι τῶν ἀπὸ τοῦ γένους φύσει μάχιμοι καὶ ἀνδρώδεις
γενόμενοι καταναλώθησαν ἐν ταῖς Μηδικαῖς ἐπιδρομαῖς καὶ τοῖς Γαλατικοῖς
ἀγῶσιν ἀφειδήσαντες ἑαυτῶν· λείπεται δὲ παῖς ὀρφανὸς γονέων, (2) ὄνομα Δάμων,
παρωνύμιον δὲ Περιπόλτας, πολὺ δή τι καὶ σώματος κάλλει καὶ ψυχῆς φρονήματι
τοὺς καθ᾽ αὑτὸν ὑπεραίρων νέους, ἄλλως δ᾽ ἀπαίδευτος καὶ σκληρὸς τὸ ἦθος.
τούτου ῾Ρωμαῖος ἡγεμὼν σπείρας τινὸς ἐν Χαιρωνείᾳ διαχειμαζούσης ἐρασθεὶς ἄρτι
τὴν παιδικὴν ἡλικίαν παρηλλαχότος, ὡς οὐκ ἔπειθε πειρῶν καὶ διδούς, δῆλος ἦν
οὐκ ἀφεξόμενος βίας, ἅτε δὴ καὶ τῆς πατρίδος ἡμῶν τότε λυπρὰ πραττούσης καὶ διὰ
μικρότητα καὶ πενίαν παρορωμένης. τοῦτο δὴ δεδιὼς ὁ Δάμων, (3) καὶ τὴν πεῖραν
αὐτὴν δι᾽ ὀργῆς πεποιημένος, ἐπεβούλευε τῷ ἀνδρὶ καὶ συνίστη τῶν ἡλικιωτῶν
τινας ἐπ᾽ αὐτόν, οὐ πολλοὺς ἕνεκα τοῦ λαθεῖν, ἀλλ᾽ οἱ σύμπαντες ἑκκαίδεκα
γενόμενοι χρίονται μὲν αἰθάλῳ τὰ πρόσωπα νυκτός, ἐμπιόντες δὲ ἄκρατον ἅμ᾽
ἡμέρᾳ προσπίπτουσι τῷ ῾Ρωμαίῳ κατ᾽ ἀγορὰν θύοντι, καὶ καταβαλόντες αὐτόν τε
καὶ τῶν περὶ αὐτὸν οὐκ ὀλίγους ἐκ τῆς πόλεως μετέστησαν. (4) γενομένης δὲ
ταραχῆς ἡ τῶν Χαιρωνέων βουλὴ συνελθοῦσα θάνατον αὐτῶν κατέγνω· καὶ τοῦτο
ἦν ὑπὲρ τῆς πόλεως ἀπολόγημα πρὸς τοὺς ῾Ρωμαίους. ἑσπέρας δὲ τῶν ἀρχόντων,
ὥσπερ ἔθος ἐστί, κοινῇ δειπνούντων οἱ περὶ τὸν Δάμωνα παρεισπεσόντες εἰς τὸ
ἀρχεῖον ἀπέσφαξαν αὐτοὺς καὶ πάλιν ᾤχοντο φεύγοντες ἐκ τῆς πόλεως.
(5) ἔτυχε δὲ περὶ τὰς ἡμέρας ἐκείνας Λεύκιος Λούκουλλος ἐπί τινα πρᾶξιν μετὰ
δυνάμεως παρερχόμενος. ἐπιστήσας δὲ τὴν πορείαν καὶ τῶν γεγονότων
προσφάτων ὄντων ἐξέτασιν ποιησάμενος εὗρε τὴν πόλιν οὐδενὸς αἰτίαν, ἀλλὰ
μᾶλλον συνηδικημένην· καὶ τοὺς στρατιώτας ἀναλαβὼν ἀπήγαγε μεθ᾽ ἑαυτοῦ. (6)
τὸν δὲ Δάμωνα λῃστείαις καὶ καταδρομαῖς πορθοῦντα τὴν χώραν καὶ τῇ πόλει
προσκείμενον ὑπηγάγοντο πρεσβείαις καὶ ψηφίσμασι φιλανθρώποις οἱ πολῖται,
κατελθόντα δὲ γυμνασίαρχον κατέστησαν· εἶτ᾽ ἀλειφόμενον ἐν τῷ πυριατηρίῳ
διέφθειραν. ἐπὶ πολὺν δὲ χρόνον εἰδώλων τινῶν ἐν τῷ τόπῳ προφαινομένων καὶ
στεναγμῶν ἐξακουομένων, ὡς οἱ πατέρες ἡμῶν λέγουσι, τὰς θύρας ἀνῳκοδόμησαν
τοῦ πυριατηρίου· καὶ μέχρι νῦν οἱ τῷ τόπῳ γειτνιῶντες οἴονταί τινας ὄψεις καὶ
φωνὰς ταραχώδεις φέρεσθαι. (7) τοὺς δ᾽ ἀπὸ τοῦ γένους αὐτοῦ (διασώζονται γὰρ
ἔνιοι, μάλιστα τῆς Φωκίδος περὶ Στεῖριν, αἰολίζοντες) ἀσβολωμένους καλοῦσι διὰ
τὸ τὸν Δάμωνα πρὸς τὸν φόνον ἀσβόλῳ χρισάμενον ἐξελθεῖν.
| [1] Le devin Péripoltas, qui amena de Thessalie en Béotie le roi Opheltas
avec les peuples de son obéissance, laissa dans ce pays une postérité qui fut très
florissante pendant plusieurs siècles, et dont une grande partie s'établit à Chéronée;
ce fut la première ville qu'ils habitèrent, après en avoir chassé les Barbares. La
plupart de ses descendants, tous belliqueux et pleins de valeur, périrent dans les
guerres des Mèdes et des Gaulois, où ils exposaient sans ménagement leur vie. Il ne
resta de toute cette famille qu'un fils orphelin, nommé Damon, qui porta le surnom
de Péripoltas. Il effaçait par sa beauté et par l'élévation de son âme tous les enfants
de son âge, mais il avait des moeurs rudes et sauvages. Quand il fut hors de
l'enfance, le capitaine d'une cohorte romaine, en quartier d'hiver à Chéronée, conçut
pour ce jeune homme une passion criminelle; et n'ayant pu le séduire ni par ses
prières ni par ses présents, il paraissait résolu d'employer la force, d'autant qu'alors
Chéronée, sa patrie, était dans un état de faiblesse et de pauvreté qui la rendait
méprisable. Damon, craignant la violence de cet homme, irrité d'ailleurs de ses
sollicitations, conspira contre lui avec quelques-uns de ses camarades. Il ne s'en
associa pas un grand nombre, afin de mieux cacher son complot : ils n'étaient en
tout que seize. Après une nuit passée dans la débauche, ils se barbouillent le visage
de suie, et le matin au point du jour ils vont sur la place, où le capitaine romain
faisait un sacrifice, se jettent sur lui, le tuent avec plusieurs de ceux qui l'entouraient,
et s'enfuient de la ville. Ce meurtre jeta le trouble dans Chéronée : le sénat
s'assembla, et pour justifier la ville envers les Romains, condamna les assassins à
mort. Le soir même, pendant que les magistrats soupaient ensemble, selon l'usage,
Damon et ses complices entrèrent dans la salle, les égorgèrent tous, et prirent encore
la fuite. II. Peu de jours après, Lucius Lucullus, en allant à une expédition, passa par
Chéronée avec ses troupes. Informé du crime qui venait de se commettre, il
suspendit sa marche, et, après avoir pris les informations les plus exactes, il se
convainquit que la ville, loin de pouvoir être soupçonnée de quelque complicité,
avait été elle-même victime de ces violences; il prit donc la garnison, et l'emmena
avec lui. Damon cependant faisait des courses dans le pays, le désolait par ses
brigandages, et menaçait toujours la ville. Les habitants de Chéronée lui envoyèrent
plusieurs députations, et rendirent des décrets honorables pour lui, qui le
déterminèrent enfin à retourner dans sa patrie. Dès qu'il y fut rentré, ils le
nommèrent gymnasiarque ; et un jour qu'il se faisait étuver dans le bain, ils le
tuèrent. Pendant longtemps il parut dans ce lieu, à ce qu'assurent nos pères, des
spectres effrayants, et l'on y entendit des gémissements lugubres ; on mura donc
les portes de l'étuve. Cependant, de nos jours encore, les voisins de ce lieu
prétendent y voir toujours des spectres et entendre des voix lamentables. Les
descendants de Damon ( car il en reste encore, surtout dans la ville de Styris en
Phocide ) sont appelés, en dialecte éolique, les barbouillés de suie, en mémoire de
Damon, qui, pour tuer le capitaine romain, s'en était noirci le visage.
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