HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie d'Aristide

Chapitre 1

  Chapitre 1

[0] Ἀριστείδης [0] ARISTIDE
[1] Ἀριστείδης Λυσιμάχου φυλῆς μὲν ἦν Ἀντιοχίδος, τῶν δὲ δήμων Ἀλωπεκῆθεν. περὶ δοὐσίας αὐτοῦ λόγοι διάφοροι γεγόνασιν, οἱ μὲν ὡς ἐν πενίᾳ συντόνῳ καταβιώσαντος καὶ μετὰ τὴν τελευτὴν ἀπολιπόντος θυγατέρας δύο πολὺν χρόνον ἀνεκδότους διἀπορίαν γενομένας· (2) πρὸς δὲ τοῦτον τὸν λόγον ὑπὸ πολλῶν εἰρημένον ἀντιτασσόμενος Φαληρεὺς Δημήτριος ἐν τῷ Σωκράτει χωρίον Φαληροῖ φησι γινώσκειν Ἀριστείδου γενόμενον, ἐν τέθαπται, καὶ τεκμήρια τῆς περὶ τὸν οἶκον εὐπορίας ἓν μὲν ἡγεῖται τὴν ἐπώνυμον ἀρχήν, ἣν ἦρχεν τῷ κυάμῳ λαχὼν ἐκ τῶν γενῶν τῶν τὰ μέγιστα τιμήματα κεκτημένων, οὓς πεντακοσιομεδίμνους προσηγόρευον, ἕτερον δὲ τὸν ἐξοστρακισμόν· (3) οὐδενὶ γὰρ τῶν πενήτων, ἀλλὰ τοῖς ἐξ οἴκων τε μεγάλων καὶ διὰ γένους ὄγκον ἐπιφθόνων ὄστρακον ἐπιφέρεσθαι· τρίτον δὲ καὶ τελευταῖον, ὅτι νίκης ἀναθήματα χορηγικοὺς τρίποδας ἐν Διονύσου καταλέλοιπεν, οἳ καὶ καθἡμᾶς ἐδείκνυντο τοιαύτην ἐπιγραφὴν διασώζοντες· "Ἀντιοχὶς ἐνίκα, Ἀριστείδης ἐχορήγει, Ἀρχέστρατος ἐδίδασκε." (4) τουτὶ μὲν οὖν, καίπερ εἶναι δοκοῦν μέγιστον, ἀσθενέστατόν ἐστι. καὶ γὰρ Ἐπαμεινώνδας, ὃν πάντες ἄνθρωποι γινώσκουσιν ἐν πενίᾳ καὶ τραφέντα πολλῇ καὶ βιώσαντα, καὶ Πλάτων φιλόσοφος οὐκ ἀφιλοτίμους ἀνεδέξαντο χορηγίας, μὲν αὐληταῖς ἀνδράσιν, δὲ παισὶ κυκλίοις χορηγήσας, τούτῳ μὲν Δίωνος τοῦ Συρακουσίου τὴν δαπάνην παρέχοντος, Ἐπαμεινώνδᾳ δὲ τῶν περὶ Πελοπίδαν. (5) οὐ γὰρ ἔστι τοῖς ἀγαθοῖς ἀκήρυκτος καὶ ἄσπονδος πρὸς τὰς παρὰ τῶν φίλων δωρεὰς πόλεμος, ἀλλὰ τὰς εἰς ἀπόθεσιν καὶ πλεονεξίαν ἀγεννεῖς ἡγούμενοι καὶ ταπεινάς, ὅσαι φιλοτιμίας τινὸς ἀκερδοῦς ἔχονται καὶ λαμπρότητος οὐκ ἀπωθοῦνται. Παναίτιος μέντοι περὶ τοῦ τρίποδος ἀποφαίνει (6) τὸν Δημήτριον ὁμωνυμίᾳ διεψευσμένον· ἀπὸ γὰρ τῶν Μηδικῶν εἰς τὴν τελευτὴν τοῦ Πελοποννησιακοῦ πολέμου δύο μόνους Ἀριστείδας χορηγοὺς ἀναγράφεσθαι νικῶντας, ὧν οὐδέτερον εἶναι τῷ Λυσιμάχου τὸν αὐτόν, ἀλλὰ τὸν μὲν Ξενοφίλου πατρός, τὸν δὲ χρόνῳ πολλῷ νεώτερον, ὡς ἐλέγχει τὰ γράμματα τῆς μετΕὐκλείδην ὄντα γραμματικῆς καὶ προσγεγραμμένος Ἀρχέστρατος, ὃν ἐν τοῖς Μηδικοῖς οὐδείς, ἐν δὲ τοῖς Πελοποννησιακοῖς συχνοὶ χορῶν διδάσκαλον ἀναγράφουσι. (7) τὸ μὲν οὖν τοῦ Παναιτίου βέλτιον ἐπισκεπτέον ὅπως ἔχει. τῷ δὀστράκῳ πᾶς διὰ δόξαν γένος λόγου δύναμιν ὑπὲρ τοὺς πολλοὺς νομιζόμενος ὑπέπιπτεν· ὅπου καὶ Δάμων Περικλέους διδάσκαλος, ὅτι τὸ φρονεῖν ἐδόκει τις εἶναι περιττός, (8) ἐξωστρακίσθη. καὶ μὴν ἄρξαι γε τὸν Ἀριστείδην Ἰδομενεὺς οὐ κυαμευτόν, ἀλλἑλομένων Ἀθηναίων φησίν. εἰ δὲ καὶ μετὰ τὴν ἐν Πλαταιαῖς μάχην ἦρξεν, ὡς αὐτὸς Δημήτριος γέγραφε, καὶ πάνυ πιθανόν ἐστιν ἐπὶ δόξῃ τοσαύτῃ καὶ κατορθώμασι τηλικούτοις ἀξιωθῆναι διἀρετὴν ἧς διὰ πλοῦτον ἐτύγχανον οἱ λαγχάνοντες. (9) ἀλλὰ γὰρ μὲν Δημήτριος οὐ μόνον Ἀριστείδην, ἀλλὰ καὶ Σωκράτην δῆλός ἐστι τῆς πενίας ἐξελέσθαι φιλοτιμούμενος ὡς μεγάλου κακοῦ· καὶ γὰρ ἐκείνῳ φησὶν οὐ μόνον τὴν οἰκίαν ὑπάρχειν, ἀλλὰ καὶ μνᾶς ἑβδομήκοντα τοκιζομένας ὑπὸ Κρίτωνος. [1] Aristide, fils de Lisymachus, était de la tribu Antiochide et du bourg d'Alopèce. Les opinions sont partagées sur sa fortune : les uns disent qu'il vécut toujours dans une extrême pauvreté, et qu'après sa mort il laissa deux filles, que leur indigence empêcha longtemps de se marier. Cette tradition, presque générale, est démentie par Démérrius de Phalère, qui dit, dans son Socrate, qu'il connaissait à Phalère un bien appelé la terre d'Aristide; il donne pour preuve de la richesse de sa maison, premièrement la charge d'archonte éponyme, qui lui échut par le sort, et qui ne se donnait qu'aux citoyens qui, dans l'estimation des biens, étaient de la première classe et se nommaient "pentacosiomédimnes" : en second lieu, l'ostracisme auquel il fut condamné, et qui n'était jamais employé contre les citoyens pauvres, mais seulement contre ceux des plus grandes maisons, qui, par leur élévation, s'étaient attiré l'envie publique : une troisième et dernière preuve, rapportée par Démétrius, c'est la consécration que fit Aristide, dans le temple de Bacchus, des trépieds des jeux publics, comme un monument de sa victoire, et qu'on montre encore de nos jours, avec cette inscription : "La tribu Antiochide remporta la victoire, Aristide fournit aux frais, et Archestrate fit jouer ses pièces". II. Cette preuve, qui paraît la plus forte, est cependant la plus faible ; car Épaminondas, que tout le monde sait être né et avoir vécu pauvre, et Platon le philosophe, firent les frais de jeux dont la dépense était considérable; le premier défraya les joueurs de flûte à Thèbes; et le second, les enfants qui dansaient dans les choeurs à Athènes : mais Dion avait donné à Platon l'argent nécessaire, et Épaminondas l'avait reçu de Pélopidas; car les hommes vertueux n'ont pas avec la générosité de leurs amis une guerre qui n'ait ni fin ni trêve. Ils rougiraient sans doute d'en recevoir des présents, pour les mettre en réserve et satisfaire leur avarice; mais ils ne rejettent pas ceux qui ont pour motif une ambition honorable et exempte de toute vue d'intérêt. Par rapport aux trépieds, Panétius a fait voir clairement que Démétrius avait été trompé par la ressemblance des noms. Depuis la guerre des Perses jusqu'à la fin de celle du Péloponèse, on ne trouve, dans les actes publics, que deux Aristides qui aient remporté la victoire dans des jeux dont ils fournissaient les frais, et ils ne sont ni l'un ni l'autre fils de Lisymachus. Le premier était fils de Xénophile, et le second ne vécut que longtemps après notre Aristide, comme le prouvent les caractères d'écriture qui commencèrent à être en usage après Euclide, et le nom même du poète Archestrate, qu'on ne trouve joint à celui d'Aristide dans aucun monument du temps des guerres médiques; au lieu qu'on le voit souvent cité comme ayant fait jouer ses pièces pendant la guerre du Péloponèse. Au reste, cet argument de Panétius demanderait une discussion plus approfondie. Pour l'ostracisme, il tombait indifféremment sur tous ceux que leur réputation, leur naissance ou le talent de la parole élevaient au-dessus des autres. Damon lui-même, le précepteur de Périclès, fut soumis à ce ban, parce que sa prudence le distinguait de tous ses concitoyens. Enfin, Idoménée dit qu'Aristide ne fut pas nominé archonte par le sort, mais par le choix des Athéniens. Et s'il le fut après la bataille de Platée, comme l'écrit Démétrius, il est très vraisemblable qu'après une si grande gloire et tant d'exploits, il dut à sa vertu une élection qui, dans les autres, était l'effet de leurs richesses. Mais il est évident que Démétrios veut, à quelque prix que ce soit, éloigner d'Aristide et même de Socrate le soupçon de pauvreté, comme si c'était un grand mal ; il dit que ce dernier était propriétaire d'une maison, et qu'il avait encore soixante-dix mines d'argent que Criton lui faisait valoir.


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Dernière mise à jour : 26/09/2007