[9] Τότε δὲ πιστεύσαντες ἥκειν ἃ πάλαι προσεδόκων,
ὥρμησαν ἀθρόοι πρὸς τὰς θύρας τοῦ τυράννου πῦρ
ἐπιφέροντες. ἤρθη δὲ φλὸξ μεγάλη καὶ καταφανὴς μέχρι
Κορίνθου τῆς οἰκίας ἀναφθείσης, ὥστε θαυμάσαντας τοὺς ἐν
Κορίνθῳ παρὰ μικρὸν ὁρμῆσαι πρὸς τὴν βοήθειαν. (2) ὁ μὲν οὖν
Νικοκλῆς ἔλαθε διά τινων ὑπονόμων ὑπεκδὺς καὶ ἀποδρὰς ἐκ
τῆς πόλεως, οἱ δὲ στρατιῶται καταπαύσαντες μετὰ τῶν
Σικυωνίων τὸ πῦρ διήρπαζον τὴν οἰκίαν, καὶ οὔτε ταῦτ'
ἐκώλυσεν ὁ Ἄρατος, τά τε λοιπὰ χρήματα (3) τῶν τυράννων εἰς
μέσον ἔθηκε τοῖς πολίταις. ἀπέθανε δ' οὐδεὶς οὐδ' ἐτρώθη τὸ
παράπαν τῶν ἐπελθόντων οὐδὲ τῶν πολεμίων, ἀλλὰ καθαρὰν
καὶ ἄθικτον αἵματος ἐμφυλίου τὴν πρᾶξιν ἡ τύχη διεφύλαξε.
(4) Κατήγαγε δὲ φυγάδας, τοὺς μὲν ὑπὸ Νικοκλέους
ἐκπεπτωκότας ὀγδοήκοντα, τοὺς δ' ἐπὶ τῶν ἔμπροσθεν
τυράννων οὐκ ἐλάττους πεντακοσίων, οἷς μακρὰ μὲν ἡ (5)
πλάνη καὶ ὁμοῦ τι πεντηκονταετὴς ἐγεγόνει. κατελθόντες δ' οἱ
πλεῖστοι πένητες, ὧν κύριοι πρότερον ἦσαν ἐπελαμβάνοντο,
καὶ βαδίζοντες ἐπὶ τὰ χωρία καὶ τὰς οἰκίας δεινὴν ἀπορίαν τῷ
Ἀράτῳ παρεῖχον, ἐπιβουλευομένην μὲν ἔξωθεν καὶ
φθονουμένην ὑπ' Ἀντιγόνου τὴν πόλιν ὁρῶντι διὰ τὴν
ἐλευθερίαν, ταραττομένην δ' ὑφ' αὑτῆς (6) καὶ στασιάζουσαν.
ὅθεν ἐκ τῶν παρόντων ἄριστα κρίνας προσέμειξεν αὐτὴν
φέρων τοῖς Ἀχαιοῖς, καὶ Δωριεῖς ὄντες ὑπέδυσαν ἑκουσίως
ὄνομα καὶ πολιτείαν τὴν Ἀχαιῶν, οὔτ' ἀξίωμα λαμπρὸν οὔτε
μεγάλην ἰσχὺν ἐχόντων τότε. μικροπολῖται γὰρ ἦσαν οἱ πολλοί,
καὶ γῆν οὔτε χρηστὴν οὔτ' ἄφθονον ἐκέκτηντο, καὶ θαλάττῃ
προσῴκουν ἀλιμένῳ, τὰ πολλὰ κατὰ ῥαχίας ἐκφερομένῃ πρὸς
τὴν ἤπειρον. ἀλλὰ μάλιστα δὴ διέδειξαν οὗτοι τὴν
Ἑλληνικὴν ἀλκὴν ἀπρόσμαχον οὖσαν, ὁσάκις τύχοι κόσμου καὶ
συντάξεως ὁμοφρονούσης καὶ νοῦν ἔχοντος ἡγεμόνος, οἳ τῆς
μὲν πάλαι τῶν Ἑλλήνων ἀκμῆς οὐδὲν ὡς εἰπεῖν μέρος ὄντες, ἐν
δὲ τῷ τότε μιᾶς ἀξιολόγου πόλεως σύμπαντες ὁμοῦ δύναμιν
οὐκ ἔχοντες, εὐβουλίᾳ καὶ ὁμονοίᾳ, καὶ ὅτι τῷ πρώτῳ κατ'
ἀρετὴν ἐδύναντο μὴ φθονεῖν, ἀλλὰ πείθεσθαι καὶ ἀκολουθεῖν,
οὐ μόνον αὑτοὺς ἐν μέσῳ πόλεων καὶ δυνάμεων τηλικούτων
καὶ τυραννίδων διεφύλαξαν ἐλευθέρους, ἀλλὰ καὶ τῶν ἄλλων
Ἑλλήνων ὡς πλείστους ἐλευθεροῦντες καὶ σῴζοντες διετέλουν.
| [9] Ne doutant plus alors que l'événement
qu'ils attendaient depuis si longtemps ne fût arrivé, ils courent tous au palais du tyran,
et y mettent le feu. Les tourbillons de flamme qui s'élevèrent de cet
incendie furent vus de Corinthe, dont les habitants, surpris, se proposaient d'aller au
secours des Sicyoniens. Nicoclès se sauva par des souterrains, et sortit de la ville; les
soldats, aidés par les habitants, éteignirent le feu, et pillèrent le palais. Aratus
n'empêcha pas le pillage; il fit même apporter et mettre en commun tout ce qui restait
des richesses du tyran, pour le partager à ses concitoyens. Il n'y eut, ni parmi ceux
qui avaient escaladé la muraille, ni parmi les ennemis eux-mêmes, un seul homme de
tué ou de blessé; la fortune eut soin que cette entreprise ne fût souillée par le sang
d'aucun citoyen. X. Aratus rappela tous ceux qui avaient été bannis par Nicoclès, au
nombre de quatre-vingts, ainsi que ceux qui l'avaient été par les autres tyrans, et qui
n'étaient pas moins de cinq cents. Ces derniers avaient erré loin de leur patrie
pendant près de cinquante ans ; ils revinrent la plupart dans une extrême misère, et
se remirent en possession de leurs maisons, de leurs terres, et de tous les biens qu'ils
avaient avant leur exil : ils jetèrent par là Aratus dans un grand embarras. Il voyait
Antigonus porter un oeil d'envie sur la ville depuis qu'elle était libre, et épier
l'occasion de s'en emparer : au dedans elle était en proie aux troubles et aux
séditions. Il prit donc le meilleur parti que pût lui suggérer la conjoncture présente;
ce fut d'associer Sicyone à la ligue des Achéens. Comme les Sicyoniens étaient
d'origine dorienne, ils adoptèrent sans peine le nom et le gouvernement des Achéens,
qui n'avaient pas encore beaucoup de considération et de puissance. Ils n'occupaient
la plupart que de petites villes; leur territoire n'était ni bon, ni fertile; la côte qu'ils
habitaient n'avait point de port, et était bordée de rochers, entre lesquels la mer
pénétrait dans le continent. Mais, malgré cet état de faiblesse, ils firent voir mieux
qu'aucun autre peuple que les Grecs ont une force invincible lorsqu'elle est dirigée
par un général habile, qui sait leur faire observer une exacte discipline, et les
maintenir dans la concorde. Les Achéens, qui n'étaient qu'une très petite portion de
ces anciens Grecs si florissants, qui n'avaient pas alors tous ensemble la puissance
d'une ville peu considérable, parvinrent cependant, par leur docilité à écouter de
bons conseils, à conserver l'union entre eux, à obéir, à suivre, sans aucun sentiment
d'envie, celui que ses vertus élevaient au-dessus d'eux; parvinrent, dis-je, non
seulement à maintenir leur liberté au milieu de tant de villes, de tant de souverains
redoutables, et d'un si grand nombre de tyrans ; mais encore à affranchir de la
servitude et à conserver libres la plupart des autres Grecs.
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