[53] Οὕτω δ' αὐτοῦ τελευτήσαντος ἐν Αἰγίῳ, τὸ
ἑπτακαιδέκατον στρατηγοῦντος, καὶ τῶν Ἀχαιῶν
φιλοτιμουμένων ἐκεῖ γενέσθαι ταφὰς καὶ μνήματα πρέποντα
τῷ βίῳ τοῦ ἀνδρός, Σικυώνιοι συμφορὰν ἐποιοῦντο μὴ (2) παρ'
αὐτοῖς τεθῆναι τὸ σῶμα. καὶ τοὺς μὲν Ἀχαιοὺς ἔπεισαν ἐφιέναι,
νόμου δ' ὄντος ἀρχαίου μηδένα θάπτεσθαι τειχῶν ἐντός,
ἰσχυρᾶς τε τῷ νόμῳ δεισιδαιμονίας προσούσης, ἔπεμψαν εἰς
Δελφοὺς ὑπὲρ τούτων ἐρησόμενοι τὴν Πυθίαν. ἡ δ' αὐτοῖς
ἀναιρεῖ τὸν χρησμὸν τόνδε·
(3) βουλεύῃ Σικυὼν ζωάγριον αἰὲν Ἀράτου
ἀμφ' ὁσίῃ θαλίῃ τε κατοιχομένοιο ἄνακτος;
ὡς τὸ βαρυνόμενον τῷδ' ἀνέρι καὶ τὸ βαρῦνον
γαίης ἔστ' ἀσέβημα καὶ οὐρανοῦ ἠδὲ θαλάσσης.
(4) κομισθείσης δὲ τῆς μαντείας, οἵ τ' Ἀχαιοὶ σύμπαντες
ἥσθησαν διαφερόντως, καὶ οἱ Σικυώνιοι μεταβαλόντες εἰς
ἑορτὴν τὸ πένθος εὐθὺς ἐκ τοῦ Αἰγίου τὸν νεκρὸν
ἐστεφανωμένοι καὶ λευχειμονοῦντες ὑπὸ παιάνων καὶ χορῶν
εἰς τὴν πόλιν ἀνῆγον, καὶ τόπον ἐξελόμενοι περίοπτον ὥσπερ
οἰκιστὴν καὶ σωτῆρα τῆς πόλεως ἐκήδευσαν. καὶ καλεῖται
μέχρι νῦν Ἀράτειον, καὶ θύουσιν αὐτῷ θυσίας, τὴν μέν, ᾗ τὴν
πόλιν ἀπήλλαξε τῆς τυραννίδος, ἡμέρᾳ πέμπτῃ Δαισίου μηνός,
ὃν Ἀθηναῖοι καλοῦσιν Ἀνθεστηριῶνα, καὶ τὴν θυσίαν ἐκείνην
Σωτήρια προσαγορεύουσι, τὴν δὲ τοῦ μηνὸς ἐν ᾧ γενέσθαι (6)
τὸν ἄνδρα διαμνημονεύουσι. τῆς μὲν οὖν προτέρας <ὁ> τοῦ Διὸς
τοῦ Σωτῆρος κατήρχετο θυηπόλος, τῆς δὲ δευτέρας ὁ τοῦ
Ἀράτου, στρόφιον οὐχ ὁλόλευκον, ἀλλὰ μεσοπόρφυρον ἔχων·
μέλη δ' ᾔδετο πρὸς κιθάραν ὑπὸ τῶν περὶ τὸν Διόνυσον
τεχνιτῶν, καὶ συνεπόμπευεν ὁ γυμνασίαρχος, ἡγούμενος τῶν
τε παίδων καὶ τῶν ἐφήβων, εἶτ' ἐφείπεθ' ἡ βουλὴ
στεφανηφοροῦσα, καὶ τῶν (7) ἄλλων πολιτῶν ὁ βουλόμενος. ὧν
ἔτι δείγματα μικρὰ ταῖς ἡμέραις ἐκείναις ἐξοσιούμενοι
διαφυλάττουσιν· αἱ δὲ πλεῖσται τῶν τιμῶν ὑπὸ χρόνου καὶ
πραγμάτων ἄλλων ἐκλελοίπασιν.
| [53] Il mourut ainsi à Égium, dans l'exercice de sa dix-septième préture.
LIX. Les Achéens voulaient l'enterrer dans le lieu même, et ambitionnaient
l'honneur de lui élever un monument digne de sa gloire; mais les Sicyoniens, qui
regardaient comme un malheur public qu'il fût enterré ailleurs que dans leur ville,
persuadèrent aux Achéens de leur céder cet honneur; et comme une ancienne loi,
fortifiée encore par une crainte superstitieuse, défendait d'enterrer personne dans
l'enceinte de leurs murailles, ils envoyèrent consulter la Pythie de Delphes, qui leur
fit cette réponse : "Sicyone, tu veux au célébre Aratus, A cet illustre chef fameux par
ses vertus, Payer le prix flatteur de ta brillante gloire. Tu demandes comment
consacrer la mémoire De ce héros que vient de te ravir la mort ; Écoute avec respect
cet oracle du sort : Quiconque insultera ce digne personnage, Quiconque à ses
honneurs fera le moindre outrage ; Commettant à la fois plus d'un crime odieux,
Offensera la terre, et la mer, et les cieux". Cet oracle, porté à Sicyone, ravit de joie tous
les Achéens, et en particulieur ceux de Sicyone, qui, changeant leur deuil en un jour
de fête, couronnés de fleurs et vêtus de robes blanches, transportèrent le corps
d'Aratus d'Égium dans leur ville, au milieu des danses et des chants de triomphe,
choisirent un liéu très éminent, et l'y enterrèrent, comme le fondateur et le sauveur
de leur ville. Ce lieu se nomme encore aujourd'hui Aratium. On y offre tous les ans
deux sacrifices solennels : le premier, le jour même qu'Aratus délivra Sicyone de la
tyrannie; ce fut le cinq du mois Daesius, que les Athéniens appellent Anthestérion :
ce sacrifice porte le nom de "soteria". Le second se célèbre le jour anniversaire de sa
naissance. Le premier sacrifice fut offert dans l'origine par le prêtre de Jupiter
Sauveur; et le second, par le fils d'Aratus, qui était ceint d'un tablier moitié blanc et
moitié couleur de pourpre. Pendant le sacrifice, les musiciens employés au théâtre
chantèrent sur la lyre des hymnes en son honneur; et le maître du gymnase, à la tête
de choeurs d'enfants et de jeunes garçons, fit une procession autour du monument. Il
était suivi des sénateurs en corps, couronnés de fleurs, et de tous les autres citoyens
qui voulurent accompagner le convoi. Il subsiste encore aujourd'hui quelques
vestiges de cette cérémonie, qu'un sentiment religieux a fait conserver. Les autres
honneurs qui lui furent décernés alors ont cessé, soit par le laps du temps, soit par les
affaires qui sont survenues depuis.
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