[38] Οὕτω δὲ προπηλακισθείς, ἐβουλεύσατο μὲν εὐθὺς
ἀποθέσθαι τὴν σφραγῖδα καὶ τὴν στρατηγίαν ἀφεῖναι, λογισμῷ
δὲ χρησάμενος τότε μὲν ὑπέμεινε, καὶ πρὸς Ὀρχομενὸν
ἐξαγαγὼν τοὺς Ἀχαιούς, μάχην ἔθετο πρὸς Μεγιστόνουν τὸν
Κλεομένους πατρῳόν, ἐν ᾗ κρατήσας τριακοσίους μὲν
ἀπέκτεινε, ζῶντα δὲ τὸν Μεγιστόνουν συνέλαβεν.
(2) Εἰωθὼς δὲ στρατηγεῖν παρ' ἐνιαυτόν, ὡς ἡ τάξις αὐτῷ
περιῆλθε, καλούμενος ἐξωμόσατο, καὶ Τιμόξενος ᾑρέθη (3)
στρατηγός. ἐδόκει δ' ἡ μὲν πρὸς τοὺς ὄχλους ὀργὴ πρόφασις
εἶναι λεγομένη τῆς ἐξωμοσίας ἀπίθανος, αἰτία (4) δ' ἀληθὴς τὰ
περιεστῶτα τοὺς Ἀχαιούς, οὐκέθ' ὡς πρότερον ἀτρέμα καὶ
σχέδην τοῦ Κλεομένους ἐπιβαίνοντος οὐδ' ἐμπλεκομένου ταῖς
πολιτικαῖς ἀρχαῖς, ἀλλ' ἐπεὶ τοὺς ἐφόρους ἀποκτείνας καὶ τὴν
χώραν ἀναδασάμενος καὶ πολλοὺς τῶν μετοίκων ἐμβαλὼν εἰς
τὴν πολιτείαν ἔσχεν ἰσχὺν ἀνυπεύθυνον, εὐθὺς ἐπικειμένου
τοῖς Ἀχαιοῖς καὶ τῆς ἡγεμονίας ἑαυτὸν ἀξιοῦντος.
(5) Διὸ καὶ μέμφονται τὸν Ἄρατον, ἐν σάλῳ μεγάλῳ καὶ
χειμῶνι τῶν πραγμάτων φερομένων, ὥσπερ κυβερνήτην
ἀφέντα καὶ προέμενον ἑτέρῳ τοὺς οἴακας, ὅτε καλῶς εἶχε (6)
καὶ ἀκόντων ἐπιστάντα σῴζειν τὸ κοινόν, ἀπεγνωκότα <δὲ> τὰ
πράγματα καὶ τὴν δύναμιν τῶν Ἀχαιῶν, εἶξαι τῷ Κλεομένει,
καὶ μὴ πάλιν τὴν Πελοπόννησον ἐκβαρβαρῶσαι φρουραῖς
Μακεδόνων, μηδὲ πληρῶσαι τὸν Ἀκροκόρινθον Ἰλλυρικῶν
ὅπλων καὶ Γαλατικῶν, μηδ' οὓς αὐτὸς ἐν ταῖς πράξεσι
καταστρατηγῶν καὶ καταπολιτευόμενος, ἐν δὲ τοῖς
ὑπομνήμασι λοιδορῶν διετέλει, τούτους ἐπάγεσθαι δεσπότας
ταῖς πόλεσι, (7) συμμάχους ὑποκοριζόμενον. εἰ δὲ Κλεομένης
ἦν -- λεγέσθω γὰρ οὕτως -- παράνομος καὶ τυραννικός, ἀλλ'
Ἡρακλεῖδαι πατέρες αὐτῷ καὶ Σπάρτη πατρίς, ἧς τὸν
ἀφανέστατον ἦν ἄξιον ἀντὶ τοῦ πρώτου Μακεδόνων ἡγεμόνα
ποιεῖσθαι τοὺς ἔν τινι λόγῳ τὴν Ἑλληνικὴν τιθεμένους
εὐγένειαν. (8) καὶ <μέν>τοι <καὶ> Κλεομένης ᾔτει τὴν ἀρχὴν
παρὰ τῶν Ἀχαιῶν ὡς πολλὰ ποιήσων ἀγαθὰ τὰς πόλεις ἀντὶ
τῆς (9) τιμῆς καὶ τῆς προσηγορίας ἐκείνης· Ἀντίγονος δὲ καὶ
κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν αὐτοκράτωρ ἡγεμὼν
ἀναγορευθείς, οὐχ ὑπήκουσε πρὶν τὸν μισθὸν αὐτῷ τῆς
ἡγεμονίας ὁμολογηθῆναι τὸν Ἀκροκόρινθον, ἀτεχνῶς τὸν
Αἰσώπου (10) μιμησάμενος κυνηγόν. οὐ γὰρ πρότερον ἐπέβη
τοῖς Ἀχαιοῖς δεομένοις καὶ ὑποβάλλουσιν αὑτοὺς διὰ τῶν
πρεσβειῶν καὶ τῶν ψηφισμάτων, ἢ τῇ φρουρᾷ καὶ (11) τοῖς
ὁμήροις ὥσπερ χαλινουμένους ἀνασχέσθαι. καίτοι πᾶσαν ὁ
Ἄρατος ἀφίησι φωνὴν ἀπολογιζόμενος τὴν ἀνάγκην. ὁ
Πολύβιος δ' αὐτὸν ἐκ πολλοῦ φησι καὶ πρὸ τῆς ἀνάγκης,
ὑφορώμενον τὸ θράσος τὸ τοῦ Κλεομένους, κρύφα τῷ
Ἀντιγόνῳ διαλέγεσθαι, καὶ τοὺς Μεγαλοπολίτας προκαθιέναι
δεομένους Ἀχαιῶν ἐπικαλεῖσθαι τὸν Ἀντίγονον· οὗτοι γὰρ
ἐπιέζοντο τῷ πολέμῳ μάλιστα, συνεχῶς ἄγοντος αὐτοὺς καὶ
φέροντος (12) τοῦ Κλεομένους. ὁμοίως δὲ καὶ Φύλαρχος
ἱστόρηκε περὶ τούτων, ᾧ μὴ τοῦ Πολυβίου μαρτυροῦντος οὐ
πάνυ τι πιστεύειν ἄξιον ἦν· ἐνθουσιᾷ γὰρ ὅταν ἅψηται τοῦ
Κλεομένους ὑπ' εὐνοίας, καὶ καθάπερ ἐν δίκῃ τῇ ἱστορίᾳ τῷ μὲν
ἀντιδικῶν διατελεῖ, τῷ δὲ συναγορεύων.
| [38] Aratus, très affecté d'un pareil affront, voulut d'abord leur rendre leur sceau
et se démettre de la préture :
mais, après quelques réflexions, il supporta ce chagrin; et ayant ensuite mené les
Achéens à Orchomène, il combattit contre Mégistonus, beau-père de Cléomène,
remporta la victoire, lui tua trois cents hommes, et le fit lui-même prisonnier. Il avait
jusque-là commandé de deux années l'une, mais alors quand son tour vint, et qu'on
l'appela pour l'investir du commandement, il le refusa, et Timoxène fut élu préteur à
sa place. On donne pour raison de ce refus son mécontentement du peuple; mais ce
motif ne paraît pas vraisemblable : la véritable cause fut le mauvais état des affaires
des Achéens. Cléomène n'allait plus à ses fins par des progrès lents et presque
insensibles, comme il avait fait auparavant, lorsqu'il était contenu par les magistrats
de Lacédémone : depuis qu'il avait fait mourir les éphores, partagé les terres, et
admis au rang de citoyens un grand nombre d'étrangers, il s'était attribué une
autorité absolue et indépendante; alors il porta toute son attention sur les Achéens, et
voulut être nommé chef de leur ligue. XLIV. Aussi blâme-t-on Aratus d'avoir, dans
une si violente agitation, dans un orage si menaçant, abandonné à un autre le
gouvernail d'un vaisseau dont il était le pilote, et que l'honneur lui faisait un devoir
de garder, même contre le gré du peuple, afin de pourvoir au salut commun. S'il
désespérait des affaires et des forces des Achéens, il valait mieux encore céder
l'empire à Cléomène, que de rendre une seconde fois le Péloponèse barbare en y
faisant entrer des garnisons macédoniennes, de remplir d'armes illyriennes et
gauloises la citadelle de Corinthe, d'introduire dans des villes grecques, et de
traiter d'alliés, pour adoucir la honte de sa démarche, des peuples qu'il avait battus
dans plusieurs combats, dont il avait trompé la politique par des traités, et qu'il ne
cesse d'accabler d'injures dans ses Mémoires. Je veux bien lui accorder que Cléomène
fût un homme violent et injuste : mais enfin il descendait des Héraclides, il avait
Sparte pour patrie; et il valait mieux prendre pour chef de la ligue le dernier citoyen
de cette ville, que le premier des Macédoniens : voilà du moins ce que penseront ceux
qui font quelque estime de la noblesse des Grecs. Cléomène, en demandant aux
Achéens la préture de leur ligue, promettait de combler de bienfaits leurs villes, en
reconnaissance de ce titre honorable. Antigonus, au contraire, élu généralissime de
leurs troupes de terre et de mer, avec un pouvoir absolu, ne voulut accepter cette
charge qu'à condition qu'on lui donnerait pour salaire la citadelle de Corinthe;
imitant en cela le chasseur d'Ésope, qui brida le cheval avant de le monter ; et ne
consentant à devenir le chef des Achéens, qui l'en sollicitaient par des ambassades et
par des décrets où ils se mettaient à ses pieds, qu'après les avoir comme bridés par la
garnison qu'il mit dans la citadelle, et par les otages qu'il exigea d'eux. Il est vrai
qu'Aratus se récrie contre le reproche qu'on lui fait, et se justifie sur la nécessité :
mais Polybe rapporte que, longtemps avant que cette nécessité l'y forçât, inquiet de
l'audace de Cléomène, il s'aboucha secrètement avec Antigonus, et engagea les
habitants de Mégalopolis à demander aux Achéens Antigonus pour chef de la ligue;
car c'était le peuple qui souffrait le plus de la guerre, par les incursions et les pillages
que Cléomène faisait sur leurs terres. Ce fait se trouve aussi dans l'historien
Phylarque, auquel d'ailleurs il ne faudrait pas trop s'en rapporter, si son récit
n'était appuyé du témoignage de Polybe : lorsqu'il parle de Cléomène, il est comme
saisi d'enthousiasme par l'affection qu'il lui porte, et fait de son histoire un véritable
plaidoyer, dans lequel il charge toujours Aratus pour justifier le roi de Sparte.
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