[20] Οὖσαν δὲ καθ' αὑτὴν ἐπισφαλῆ τὴν πρᾶξιν
ἐπισφαλεστέραν ἐποίησεν ἁμαρτία τις εὐθὺς ἐν ἀρχῇ συμβᾶσα
(2) δι' ἄγνοιαν. ὁ γὰρ οἰκέτης τοῦ Ἀράτου Τέχνων ἐπέμφθη μὲν
ὡς μετὰ τοῦ Διοκλέους κατασκεψόμενος τὸ τεῖχος, οὔπω δ' ἦν
τῷ Διοκλεῖ πρότερον ἐντετυχηκὼς κατ' ὄψιν, ἀλλὰ τὴν μορφὴν
αὐτοῦ καὶ τὸ εἶδος δοκῶν κατέχειν, ἐξ ὧν ὁ Ἐργῖνος
ἐπεσήμηνεν οὐλοκόμην καὶ μελάγχρουν καὶ (3) ἀγένειον·
ἐλθὼν οὖν ὅπου συνετέτακτο, τὸν Ἐργῖνον ὡς ἀφιξόμενον μετὰ
τοῦ Διοκλέους ἀνέμενε πρὸ τῆς πόλεως (4) πρὸ τοῦ καλουμένου
Ὄρνιθος. ἐν δὲ τούτῳ πρῶτος ἀδελφὸς Ἐργίνου καὶ Διοκλέους
ὄνομα Διονύσιος, οὐ συνειδὼς τὴν πρᾶξιν οὐδὲ κοινωνῶν,
ὅμοιος δὲ τῷ Διοκλεῖ, προσῄει κατὰ τύχην. ὁ δὲ Τέχνων πρὸς τὰ
σημεῖα τῆς μορφῆς τῇ ὁμοιότητι κινηθείς, ἠρώτησε τὸν
ἄνθρωπον εἴ (5) τι συμβόλαιον αὐτῷ πρὸς Ἐργῖνον εἴη.
φήσαντος δ' ἀδελφὸν εἶναι, παντάπασιν ὁ Τέχνων ἐπείσθη τῷ
Διοκλεῖ διαλέγεσθαι, καὶ μήτε τοὔνομα πυθόμενος μήτ' ἄλλο
μηδὲν προσμείνας τεκμήριον, ἐμβάλλει τε τὴν δεξιὰν αὐτῷ καὶ
περὶ τῶν συγκειμένων πρὸς τὸν Ἐργῖνον ἐλάλει κἀκεῖ(6) νον
ἀνέκρινεν. ὁ δὲ δεξάμενος αὐτοῦ τὴν ἁμαρτίαν, πανούργως
ὡμολόγει τε πάντα καὶ πρὸς τὴν πόλιν ἀναστρέ(7)ψας ὑπῆγεν
ἀνυπόπτως διαλεγόμενος. ἤδη δὲ πλησίον ὄντος αὐτοῦ καὶ
μέλλοντος ὅσον οὔπω τὸν Τέχνωνα διαλαμβάνειν, ἀπὸ τύχης
αὖ πάλιν ὁ Ἐργῖνος αὐτοῖς ἀπήντησεν. αἰσθόμενος δὲ τὴν
ἀπάτην καὶ τὸν κίνδυνον, διὰ νεύματος ἐδήλωσε τῷ Τέχνωνι
φεύγειν· καὶ ἀποπηδήσαντες (8) ἀμφότεροι δρόμῳ πρὸς τὸν
Ἄρατον ἀπεσώθησαν. οὐ μὴν ἀπέκαμε ταῖς ἐλπίσιν ἐκεῖνος,
ἀλλ' ἔπεμψεν εὐθὺς τὸν Ἐργῖνον, χρυσίον τε τῷ Διονυσίῳ
κομίζοντα καὶ δεησόμενον αὐτοῦ σιωπᾶν. ὁ δὲ καὶ τοῦτ'
ἐποίησε καὶ τὸν Διονύσιον ἄγων μεθ' ἑαυτοῦ πρὸς τὸν Ἄρατον
ἦλθεν. (9) ἐλθόντα δ' αὐτὸν οὐκέτι διῆκαν, ἀλλὰ δήσαντες
ἐφύλαττον ἐν οἰκίσκῳ κατακεκλεισμένον· αὐτοὶ δὲ
παρεσκευάζοντο πρὸς τὴν ἐπίθεσιν.
| [20] XXII. Cette entreprise, déjà si dangereuse en elle-même,
le devint encore davantage par la faute qu'une méprise
fit commettre dès le premier pas. Aratus avait chargé Technon, son esclave, de
reconnaître la muraille avec Dioclès, que Technon ne connaissait pas de figure, mais
dont il croyait avoir les traits bien empreints dans son esprit, d'après le portrait
qu'Erginus lui en avait fait : il lui avait dit que son frère était brun, qu'il avait les
cheveux frisés, et n'avait point de barbe. Arrivé donc aù lieu du rendez-vous, où
Erginus devait se trouver avec Dioclès, il attendit près des portes de la ville, à un
endroit qu'on appelait Ornis. Dans ce moment le frère aîné d'Erginus et de Dioclès,
nommé Dionysius, qui ne savait rien du complot et n'avait aucune intelligence avec
eux, mais qui ressemblait assez à Dioclès, passa par hasard auprès de Technon, qui,
frappé de la ressemblance de cet homme avec le portrait qu'on lui avait fait de
Dioclès, lui demanda s'il n'avait pas quelque relation avec Erginus. Dionysius lui
répond qu'il est son frère. A ce mot, Technon ne doute plus qu'il ne parle à Dioclès;
et sans lui demander son nom, sans attendre d'autre indice, il lui prend la main, lui
parle de l'intelligence qu'il avait avec Erginus, et lui fait à ce sujet beaucoup de
questions. Dionysius reçoit avec adresse sa confidence, lui répond dans son sens, et
reprenant le chemin de la ville, il s'entretient avec lui de manière à ne lui donner
aucun soupçon. Ils approchaient déjà des portes, et Dionysius se préparait à saisir
Technon, lorsque, par un nouveau hasard, Erginus arrive, qui, s'apercevant de
l'erreur de Technon et du danger où il est, lui fait signe de s'enfuir; ils prennent tous
deux leur course, et se sauvent auprès d'Aratus. Cet accident ne lui fit rien perdre de
ses espérances; il envoie sur-le-champ Erginus porter de l'argent à son frère pour
l'engager à se taire. Erginus va le trouver, et le ramène avec lui à Aratus. Une fois
maîtres de sa personne, ils ne lui permirent pas de s'en retourner; ils le lièrent même,
et, le tenant enfermé dans une petite maison, ils se disposèrent à exécuter leur
dessein.
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