[45] 24. Φανεροῦ δὲ μόλις τοῦ κακοῦ γενομένου τοῖς κατὰ
τὴν πόλιν, οἱ μὲν εὐθὺς ἐξέπιπτον, ὅσα τυγχάνοι τῶν
χρημάτων λαμβάνοντες, οἱ δὲ συνεστρέφοντο μετὰ τῶν ὅπλων,
καὶ τοῖς πολεμίοις ἐνιστάμενοι καὶ προσβάλλοντες, ἐκείνους
μὲν οὐκ ἴσχυσαν ἐκκροῦσαι, τοῖς δὲ φεύγουσι τῶν πολιτῶν
ἀσφαλῶς ἀπελθεῖν παρέσχον, ὥστε μὴ πλείονα τῶν χιλίων
ἐγκαταληφθῆναι σώματα, τοὺς δ' ἄλλους ἅπαντας ὁμοῦ μετὰ
τέκνων καὶ γυναικῶν φθάσαι διαφυγόντας εἰς Μεσσήνην.
ἐσώθη δὲ καὶ τῶν προσβοηθούντων καὶ μαχομένων τὸ πλῆθος·
ὀλίγοι δὲ παντάπασιν ἥλωσαν, ὧν ἦν Λυσανδρίδας τε καὶ
Θεαρίδας, ἄνδρες ἔνδοξοι καὶ δυνατοὶ μάλιστα τῶν
Μεγαλοπολιτῶν. διὸ καὶ λαβόντες αὐτοὺς εὐθὺς οἱ στρατιῶται
τῷ Κλεομένει προσ(3)ῆγον. ὁ δὲ Λυσανδρίδας ὡς εἶδε τὸν
Κλεομένη πόρρωθεν, ἀναβοήσας "ἔξεστί σοι νῦν" εἶπεν "ὦ
βασιλεῦ Λακεδαιμονίων ἔργον ἀποδειξαμένῳ τοῦ
πεπραγμένου κάλλιον καὶ βασιλικώτερον ἐνδοξοτάτῳ
γενέσθαι." (ὁ) (4) Κλεομένης δ' ὑποτοπήσας αὐτοῦ τὴν ἔντευξιν
"τί δέ" εἶπεν "ὦ Λυσανδρίδα λέγεις; οὐ γὰρ δή πού με τὴν (5)
πόλιν ὑμῖν ἀποδοῦναι κελεύσεις;" καὶ ὁ Λυσανδρίδας "αὐτὸ μὲν
οὖν" ἔφη "<τοῦτο> λέγω καὶ συμβουλεύω, μὴ διαφθεῖραι πόλιν
τηλικαύτην, ἀλλ' ἐμπλῆσαι φίλων καὶ συμμάχων πιστῶν καὶ
βεβαίων, ἀποδόντα Μεγαλοπολίταις τὴν πατρίδα καὶ σωτῆρα
δήμου τοσούτου γενό(6)μενον." μικρὸν οὖν ὁ Κλεομένης
διασιωπήσας "χαλεπὸν μέν" ἔφη "τὸ πιστεῦσαι ταῦτα, νικάτω
δὲ τὸ πρὸς δόξαν (7) ἀεὶ μᾶλλον ἢ τὸ λυσιτελὲς παρ' ἡμῖν." καὶ
ταῦτ' εἰπὼν ἀπέστειλε τοὺς ἄνδρας εἰς Μεσσήνην καὶ κήρυκα
παρ' ἑαυτοῦ, τοῖς Μεγαλοπολίταις ἀποδιδοὺς τὴν πόλιν ἐπὶ τῷ
συμμάχους εἶναι καὶ φίλους, ἀποστάντας Ἀχαιῶν. (8) οὕτω δὲ
τοῦ Κλεομένους εὐγνώμονα καὶ φιλάνθρωπα προτείναντος,
οὐκ εἴασε τοὺς Μεγαλοπολίτας ὁ Φιλοποίμην ἐγκαταλιπεῖν τὴν
πρὸς τοὺς Ἀχαιοὺς πίστιν, ἀλλὰ κατηγορῶν τοῦ Κλεομένους,
ὡς οὐ ζητοῦντος ἀποδοῦναι τὴν πόλιν, ἀλλὰ προσλαβεῖν τοὺς
πολίτας, ἐξέβαλε τὸν Θεαρίδαν καὶ τὸν Λυσανδρίδαν ἐκ τῆς
Μεσσήνης. οὗτος ἦν Φιλοποίμην ὁ πρωτεύσας ὕστερον
Ἀχαιῶν καὶ μεγίστην κτησάμενος ἐν τοῖς Ἕλλησι δόξαν, ὡς ἰδίᾳ
περὶ αὐτοῦ γέγραπται.
| [45] Lorsque le bruit s'en fut répandu dans la ville,
une partie des habitants, ayant ramassé ce qu'ils
avaient de plus précieux, prirent précipitamment la fuite; les autres, s'étant
rassemblés en armes, allèrent charger l'ennemi, et firent quelque résistance : mais s'ils
ne purent le repousser, ils donnèrent du moins à ceux qui avaient pris la fuite le
temps de se retirer en sûreté. Il ne resta pas plus de mille personnes dans la ville; tous
les autres se réfugièrent à Messène avec leurs femmes et leurs enfants. Le plus grand
nombre des auxiliaires et de ceux qui avaient combattu contre les Lacédémoniens
s'échappèrent, et l'on ne fit que très peu de prisonniers; entre autre Lysandridas et
Théoridas, deux des plus nobles et des plus puissants personnages de Magalopolis.
LII. Ils furent conduits sur-le-champ à Cléomène, et d'aussi loin que Lysandridas
l'aperçut : « Roi de Lacédémone, lui cria-t-il, il ne tient qu'à vous de signaler cette
journée par une action plus glorieuse et plus digne d'un roi que celle que vous venez
de faire. » Cléomène, qui se douta de ce qu'il allait lui demander : « Que voulez-vous.
dire, Lysandridas? lui répondit-il. Vous ne me conseillerez sûrement pas de vous
rendre Mégalopolis? — C'est précisément le conseil que je vous donnerai, reprit
Lysandridas. Je veux vous engager à ne pas détruire une si grande ville, mais à la
remplir d'amis et d'alliés fidèles, à rendre aux Mégalopolitains leur patrie, et à
devenir le sauveur d'un peuple si nombreux. -- Il est difficile, répliqua Cléomène
après un moment de silence, de compter sur cette fidélité; mais à Sparte, la gloire doit
toujours l'emporter sur l'intérêt. Aussitôt il les renvoie tous deux à Messène,
accompagnés d'un héraut pour offrir aux Mégalopolitains de leur rendre la ville, à
condition qu'ils renonceraient à la ligue achéenne, pour être les amis et les alliés de
Lacédémone. Mais Philopémen ne souffrit pas que ses concitoyens acceptassent des
conditions en apparence si douces, si pleines d'humanité, à la charge de renoncer à
l'alliance des Achéens : il accusa Cléomène de vouloir moins leur rendre la ville que
soumettre les habitants, et il chassa de Messène Lysandridras et Théoridas. C'est ce
Philopémen qui fut dans la suite le chef de la ligue achéenne, et qui s'acquit tant de
gloire parmi les Grecs, comme je l'ai dit dans sa vie.
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