[43] 22. Οὕτω δ' αὐτῷ πεπραγότι κατὰ τὴν στρατείαν καὶ
ἀπαγαγόντι τὴν δύναμιν, ἑσπέρας ἤδη περὶ Τεγέαν ἀφίκοντό
τινες ἐκ Λακεδαίμονος οὐκ ἐλάττονα τῆς ἐν χερσὶ δυστυχίαν
ἀπαγγέλλοντες, τεθνάναι τὴν γυναῖκα, δι' ἣν οὐδὲ ταῖς πάνυ
κατορθουμέναις ἐκεῖνος ἐνεκαρτέρει στρατείαις, ἀλλὰ συχνῶς
κατέβαινεν εἰς Σπάρτην, ἐρῶν τῆς Ἀγιάτιδος καὶ περὶ πλείστου
ποιούμενος ἐκείνην. ἐπλήγη μὲν οὖν καὶ ἤλγησεν, ὡς εἰκὸς
ἦν νέον ἄνδρα καλλίστης καὶ σωφρονεστάτης ἀφῃρημένον
γυναικός, οὐ μὴν κατῄσχυνεν οὐδὲ προήκατο τῷ πάθει τὸ
φρόνημα καὶ τὸ μέγεθος τῆς ψυχῆς, ἀλλὰ καὶ φωνὴν καὶ σχῆμα
καὶ μορφὴν ἐν ᾧ πρότερον εἶχεν ἤθει διαφυλάττων, τά τε
προστάγματα τοῖς ἡγεμόσιν ἐδίδου (3) καὶ περὶ τῆς ἀσφαλείας
τῶν Τεγεατῶν ἐφρόντιζεν. ἅμα δ' ἡμέρᾳ κατέβαινεν εἰς
Λακεδαίμονα, καὶ μετὰ τῆς μητρὸς οἴκοι καὶ τῶν παίδων
ἀπαλγήσας τὸ πένθος, εὐθὺς ἦν ἐν τοῖς περὶ τῶν ὅλων λογισμοῖς.
(4) Ἐπεὶ δὲ Πτολεμαῖος ὁ τῆς Αἰγύπτου βασιλεὺς
ἐπαγγελλόμενος αὐτῷ βοήθειαν ἠξίου λαβεῖν ὅμηρα τοὺς
παῖδας καὶ τὴν μητέρα, χρόνον μὲν συχνὸν ᾐσχύνετο φράσαι τῇ
μητρί, καὶ πολλάκις εἰσελθὼν καὶ πρὸς αὐτῷ γενόμενος τῷ
λόγῳ κατεσιώπησεν, ὥστε κἀκείνην ὑπονοεῖν καὶ παρὰ τῶν
φίλων αὐτοῦ διαπυνθάνεσθαι, (5) μή τι κατοκνεῖ βουλόμενος
ἐντυχεῖν αὐτῇ. τέλος δὲ τοῦ Κλεομένους ἀποτολμήσαντος
εἰπεῖν, ἐξεγέλασέ τε μέγα καὶ "τοῦτ' ἦν" εἶπεν "ὃ πολλάκις
ὁρμήσας λέγειν ἀπεδειλίασας; οὐ θᾶττον ἡμᾶς ἐνθέμενος εἰς
πλοῖον ἀποστελεῖς, ὅπου ποτὲ τῇ Σπάρτῃ νομίζεις τὸ σῶμα
τοῦτο χρησιμώτατον ἔσεσθαι, πρὶν ὑπὸ γήρως αὐτοῦ
καθήμε(6)νον διαλυθῆναι;" πάντων οὖν ἑτοίμων γενομένων,
ἀφίκοντο μὲν εἰς Ταίναρον πεζῇ, καὶ προὔπεμπεν ἡ δύναμις
αὐτοὺς ἐν τοῖς ὅπλοις· μέλλουσα δὲ τῆς νεὼς ἐπιβαίνειν ἡ
Κρατησίκλεια τὸν Κλεομένη μόνον εἰς τὸν νεὼν τοῦ
Ποσειδῶνος ἀπήγαγε, καὶ περιβαλοῦσα καὶ (7)
κατασπασαμένη διαλγοῦντα καὶ συντεταραγμένον "ἄγε" εἶπεν
"ὦ βασιλεῦ Λακεδαιμονίων, ὅπως ἐπὰν ἔξω γενώμεθα μηδεὶς
ἴδῃ δακρύοντας ἡμᾶς μηδ' ἀνάξιόν τι τῆς Σπάρτης ποιοῦντας.
τοῦτο γὰρ ἐφ' ἡμῖν μόνον· αἱ (8) τύχαι δ' ὅπως ἂν ὁ δαίμων διδῷ
πάρεισι." ταῦτα δ' εἰποῦσα καὶ καταστήσασα τὸ πρόσωπον ἐπὶ
τὴν ναῦν ἐχώρει τὸ παιδίον ἔχουσα, καὶ διὰ τάχους ἐκέλευσεν
ἀπαί(9)ρειν τὸν κυβερνήτην. ἐπεὶ δ' εἰς Αἴγυπτον ἀφίκετο καὶ
τὸν Πτολεμαῖον ἐπύθετο λόγους παρ' Ἀντιγόνου καὶ πρεσβείας
δεχόμενον, περὶ δὲ τοῦ Κλεομένους ἤκουσεν, ὅτι, τῶν Ἀχαιῶν
προκαλουμένων αὐτὸν εἰς διαλύσεις, φοβοῖτο δι' ἐκείνην ἄνευ
Πτολεμαίου καταθέσθαι τὸν πόλεμον, ἐπέστειλεν αὐτῷ τὰ τῇ
Σπάρτῃ πρέποντα καὶ συμφέροντα πράττειν καὶ μὴ διὰ μίαν
γραῦν καὶ παιδάριον ἀεὶ δεδιέναι Πτολεμαῖον. αὕτη μὲν οὖν
παρὰ τὰς τύχας τοιαύτη λέγεται γεγενῆσθαι.
| [43] XLIX. Après cette issue fâcheuse de son expédition,
Cléomène ramenait son armée à Lacédémone, lorsque le soir il reçut à
Tégée des courriers qui lui apportèrent une nouvelle dont il ne fut pas moins affligé
que de ses disgrâces militaires. Ils lui apprirent la mort de sa femme Agiatis, pour
laquelle il avait tant d'estime et d'amour, que, dans le cours même de ses plus grands
succès, il ne pouvait s'empêcher de faire à Sparte de fréquents voyages, pour le seul
plaisir de la voir. Il fut aussi touché, aussi accablé de cette perte, que pouvait l'être un
jeune homme qui se voyait enlever une femme si belle et si sage, et qu'il aimait si
tendrement. Cependant il ne déshonora point sa grandeur d'âme, et le deuil n'abattit
pour son courage. Sa voix, son maintien, son visage, n'en furent point changés. Il
donna ses ordres aux officiers, et pourvut à la sûreté des Tégéates. Il arriva le
lendemain à Lacédémone à la pointe du jour, et après avoir donné quelque temps
dans sa maison, au milieu de sa mère et de ses enfants, à une douleur si légitime, il
s'occupa, sans retard, des affaires publiques. L. Ptolémée, roi d'Égypte, qui lui avait
promis du secours, lui ayant fait demander pour otages sa mère et ses enfants,
Cléomène fut longtemps sans oser le dire à sa mère : toutes les fois qu'il entrait chez
elle, et qu'il ouvrait la bouche pour lui en parler, la honte lui imposait silence. Sa
mère soupçonna que son fils avait quelque chose à lui dire qu'il craignait de lui
découvrir, et elle s'en informa de ses meilleurs amis. Enfin Cléomène ayant osé lui en
faire l'aveu : « Voilà donc, lui dit sa mère en éclatant de rire, voilà ce grand secret que
tu as été si souvent sur le point de me déclarer, et que tu n'as jamais osé prononcer?
Qu'attends-tu donc pour me jeter dans un vaisseau, et m'envoyer partout où tu
croiras que ce corps pourra être utile à Sparte, avant que la vieillesse vienne le
consumer dans l'inaction? » Quand tout fut prêt pour le départ des otages, ils se
rendirent par terre au port de Ténare, escortés par toute l'armée. Cratésicléa, au
moment de s'embarquer, fit entrer son fils, seul, avec elle, dans le temple de Neptune;
et là, après l'avoir embrassé tendrement, comme elle le vit fortement ému et attendri :
« Allons, lui dit-elle, roi de Lacédémone, reprenons courage; et qu'au sortir de ce
temple personne ne nous voie verser des larmes, ni rien faire qui soit indigne de
Sparte. C'est la seule chose qui soit en notre pouvoir; les événements dépendent de
Dieu. » En finissant ces mots, elle reprit un air tranquille, monta sur le vaisseau avec
son petit-fils qu'elle tenait par la main, et commanda au pilote de mettre
promptement à la voile. Dès son arrivée en Égypte, elle sut que Ptolémée avait
envoyé des ambassadeurs à Antigonus; et en même temps elle apprit que Cléomène,
sollicité par les Achéens de conclure la paix, craignait, à cause d'elle, de terminer la
guerre sans l'aveu de Ptolémée. Elle lui écrivit de faire tout ce qu'il croirait honorable
et utile à Sparte, et de ne pas toujours craindre Ptolémée, par la considération d'une
vieille femme et d'un enfant. Tels étaient, dans l'adversité, les sentiments de cette
reine.
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